| ![]() ![]() ![]() ![]() DÉSOLÉ, ÉE, part. passé et adj. I.− Part. passé de désoler*. II.− Adjectif A.− [En parlant d'un lieu] 1. Qui est vide, inhabité, désert. L'endroit où il se trouvait était d'ailleurs le plus désolé de la Sologne. De toute la matinée il ne vit qu'une bergère (Alain-Fournier, Meaulnes,193, p. 71): 1. Vivre toute sa vie en des lieux désolés, lorsqu'on aurait aimé la compagnie des autres humains et la sécurité paisible des villages...
Hémon, Maria Chapdelaine,1916, p. 242. − En partic. Qui est sec, sans verdure. L'aube me découvre un paysage de sierra désolée : la roche, des éboulis, pas un brin d'herbe (T'Serstevens, Itinér. esp.,1933, p. 74): 2. C'était l'époque abominable, la Beauce dépouillée, désolée, étalant ses champs nus, sans un bouquet de verdure. Les chaleurs de l'été, le manque absolu d'eau, avaient séché la terre qui se fendait; et toute végétation disparaissait...
Zola, La Terre,1887, p. 289. 2. P. ext. [En parlant d'un lieu quelconque, d'un phénomène naturel] Nu, morne, triste. Il [Ramuntcho] ouvrit sa fenêtre sur le vide encore pâle, sur la virginité de l'aube désolée (Loti, Ramuntcho,1897, p. 312): 3. ... il regardait (...) la pièce nue, l'intérieur désolé, tout ce qu'il y voyait et devinait de misères, de larmes pleurées, de souffrances et de privations pâties.
Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 293. − Emploi subst. masc. (neutre). Le désolé de la pluie (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 304). B.− Au fig. 1. [En parlant d'une pers., de son air, de sa physionomie, etc.] Qui éprouve une grande douleur (par suite de la perte d'un être cher); qui est profondément affligé, triste. Elle [Jeanne] se remit à pleurer (...) gémissant d'un ton navré, d'un ton de plainte désolée (Maupass., Une Vie,1883, p. 172).Que vais-je devenir douloureuse Désolée meurtrie et tout en larmes Écoutez mon fils mon fils est mort (Apoll., Coul. temps,1918, I, 3, p. 929). − P. ext. [En parlant de tout ce qui peut traduire des sentiments] Qui exprime une grande tristesse. Alors nous entendîmes un harmonica qui jouait une rengaine désolée (Arnoux, Rêv. policier amat.,1945, p. 161). − Fréq., emploi subst. Personne en proie à une grande affliction. Ces grands désolés qui ne surent survivre à la perte de quelque idole : une amante, une mère, un ami, la cité, la religion (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 374): 4. Un soupir de lamentation s'exhala de ses grosses boucles. L'allure navrée, elle descendit les marches... La vérité de ce chagrin étonna d'abord Omer. D'autres gens qui discutaient (...) ne remarquèrent pas la désolée.
Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 473. 2. [En parlant d'une pers.] Qui est vivement contrarié. Ce qui souffre en toi, c'est l'amour-propre et la conscience. Tu es mortifié et désolé d'avoir perdu ta vie et donné si peu de chose (Amiel, Journal,1866, p. 417). − Cour., en incise. [Avec affaiblissement de sens, expr. de politesse] Être désolé. Être désolé de + inf.; être désolé que + subj.; être désolé de ce que + subj.Être ennuyé, fâché, regretter. Pardon, Madame, je suis désolé, confus (Scribe, Bertrand,1833, I, 8, p. 138).Je suis désolé, dis-je, de vous déranger (Renard, Journal,1898, p. 501).Je serais profondément désolé que vous ne puissiez trouver le temps de venir discuter de cette grave affaire avec moi (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 362). ♦ [Avec un ton de menace] :
5. « C'est bien votre dernier mot? », me demande-t-il de son ton le plus menaçant. Et comme je lui réponds que je n'ai rien à ajouter : « Tant pis! j'en suis désolé pour vous; mais c'est vous qui l'aurez voulu. Apprenez qu'il vous en cuira. »
Gide, Journal,1933, p. 1170. Rem. On rencontre ds la docum. l'adv. désolément. D'une manière inconsolable. Un chien hurlait désolément après la lune (Gide, Nourr. terr., 1897, p. 243). Il pleuvait et le boulevard Saint-Michel paraissait désolément triste (Carco, Innoc., 1916, p. 43). Fréq. abs. littér. : 1 909. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 088, b) 3 532; xxes. : a) 3 958, b) 2 063. |