| DENT, subst. fém. A.− ANAT. Organe dur, blanchâtre, généralement composé d'une couronne libre et d'une (ou de) racine(s) implantée(s) dans la cavité buccale et, plus particulièrement, sur le rebord libre des maxillaires, et destiné à saisir, retenir et broyer les aliments. On distingue deux types de dents : les dents temporaires ou dents de lait, et les dents définitives (Quillet Méd.1965, p. 176): 1. Les dents proprement dites ne se trouvent que dans trois classes d'animaux, savoir : les mammifères, les reptiles et les poissons; encore toutes les espèces de ces classes n'en sont-elles point pourvues...
Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 3, 1805, p. 103. SYNT. Dent canine, incisive, molaire; dent carnassière; dent maxillaire; dent inférieure, supérieure; dent latérale; dent aiguë, pointue, tranchante; dent de remplacement; alvéole, capsule, collet, germe de la dent; cément, dentine, émail de la dent. − Spéc. L'une des cinq tiges calcaires, à extrémité visible et à croissance continue de l'appareil masticatoire de l'oursin (cf. Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 331). − P. ext., ZOOL. Organe présentant une analogie de forme ou d'implantation. ♦ Dent à venin (cf. crochet C 1 b). ♦ Dent de l'œuf. Petit denticule corné présent chez l'embryon de quelques vertébrés ovipares et disparaissant après l'éclosion de l'œuf (cf. E. Perrier, Zool., t. 4, 1928-32, p. 3426). B.− En partic. [En parlant de l'homme] « Le beau spectacle », grommelais-je alors entre mes vieilles dents branlantes (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 150).Notre mère, satisfaite, découvrit deux dents d'or, ce que, dans notre candeur, nous prîmes immédiatement pour un sourire à notre adresse (H. Bazin, Vipère,1948, p. 33). ♦ Dent de sagesse. L'une des quatre dernières molaires qui poussent à partir de l'âge de quinze ans. Ses dents de sagesse ne sont pas encore poussées et pourtant elle est plus maligne et plus rusée qu'un vieux corbeau (Claudel, Endormie,1883, p. 7). ♦ Pop. Dent de l'œil. Canine supérieure (cf. J. B. L., Gasc. corr., 1823). ♦ Faire ses dents. Avoir les dents qui percent. La petite Clara, qui faisait ses dents, souffrit beaucoup de la chaleur, de la fatigue, du changement de lait (Maurois, Ariel,1923, p. 251). SYNT. (cf. aussi C). a) Dent + adj. Dent blanche, jaune, noire; dent brillante, éclatante, saine; dent cariée, creuse, déchaussée, sensible; dent artificielle; dent aurifiée, céramisée (rare); dent plombée. b) Adj. + dent. Mauvaise, vilaine dent; fausse dent. c) Dent + subst. Dent du dessus, du devant, du fond; dent à pivot; dent en porcelaine; [le subst. désigne une matière servant de réf. esthétique] dent d'ivoire, d'opale, de perle, de porcelaine. d) Subst. + dent. Brosse, verre à dent; mal, rage de dent; arracheur de dents. e) Dent + verbe. Dent qui bouge, branle, pousse, remue, tombe; dents qui claquent, s'entrechoquent, grincent. f) Verbe + dent. Arracher, extraire, luxer, soigner une dent; perdre une dent; grincer des dents; (se) brosser, laver, nettoyer, rincer les dents. g) En constr. prép. (cf. aussi C). Avoir le cigare, la pipe aux dents; craquer, crisser, croquer sous la dent. C.− Locutions 1. [La dent en tant qu'organe de la manducation] N'avoir rien à se mettre sous la dent : 2. ... elle n'avait vu personne qui rendît aussi brillamment justice à ses talents. Au lieu de retourner dans sa cuisine, elle restait sur le seuil de la porte à regarder Christophe, qui disait des folies, sans perdre un coup de dent...
Rolland, Jean-Christophe,La Révolte, 1907, p. 570. 3. Je fais des rêves de victuailles; merveilleux. Hier, c'était une cuisse de poulet, rôtie à point, dorée, que je humais déjà. J'allais y porter la dent, quand un camion retentissant m'a réveillé.
Gide, Journal,1943, p. 208. ♦ Avoir la faim aux dents. L'air frisquet creusait l'estomac. Plus ils allaient, plus ils avaient la faim aux dents (Pourrat, Gaspard,1925, p. 237).P. méton., pop. Avoir la dent. Cf. boustifaille ex.− V'là huit plombes. Tout d'même. Cette croûte, qu'est-ce qu'elle fout, qu'elle radine pas? − Justement, moi qui ai la dent depuis hier midi (Barbusse, Feu,1916, p. 24). ♦ Avoir les dents longues. ,,Être affamé après avoir été longtemps sans manger`` (Ac. 1932) : 4. Songez donc au total de nos sacrifices, depuis le commencement. D'abord, à la veille de la bataille, toute une armée française, épuisée, affamée. Ensuite, vous autres, qui aviez les dents longues aussi.
Zola, La Débâcle,1892, p. 558. Au fig. Être avide d'honneurs ou d'argent : 5. Deux cent mille francs en cinq mois! (...) Nous nous en tiendrons là, s'il vous plaît. Vous avez les dents longues, jeune homme; il faut vous les limer un peu.
A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 16. ♦ Aiguiser ses dents (cf. aiguiser I A b), se faire les dents. Au fig. Comme vous dites sagement : aiguisons nos dents et tirons du râtelier le plus de foin possible (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 99).L'orgueil-de-Joseph se jeta sur ces proies gémissantes et commença de s'y faire les dents (Duhamel, Nuit St-Jean,1935, p. 138). ♦ Dévorer, manger, mordre à belles dents. Cf. beau ex. 74.Synon. à pleines dents.Au fig. Déchirer qqn à belles dents. Cf. beau ex. 75, 76. ♦ Manger du bout des dents (cf. bout I A b). ♦ Se briser, se casser (cf. casser I B 3 c), s'user les dents sur qqc. Au fig. Affronter un obstacle insurmontable. Il semble que l'Allemagne use ses dents sur l'armée des Soviets qu'elle avait si souvent portée en terre dans ses communiqués (Green, Journal,1942, p. 188).Le diamant de ton rire s'est brisé les dents sur le rideau de fer de la connerie et de la haine (Prévert, Paroles,1946, p. 245). ♦ Agacer les dents. Cf. agacer ex. 8.Avoir les dents agacées. Au fig. [P. réf. à la Bible, Jérémie 31, 29-30] Subir les conséquences d'un acte inconsidéré. 2. [La dent en tant qu'organe d'attaque ou de défense] Si j'étais une sainte (...) et qu'il me fallût mourir sous la dent des bêtes (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 53).Il [Goupil] se voyait déjà attaché par les quatre membres, livré à la dent des chiens (Pergaud, De Goupil,1910, p. 30).P. métaph. D'où te vient, Ribeira, cet instinct meurtrier? Quelle dent t'a mordu, qui te donne la rage, Pour tordre ainsi l'espèce humaine et la broyer? (Gautier, Poés.,1872, p. 272).Ils rigolent, et quand ils rigolent, vous voyez leurs dents blanches, des dents de loup, ils sont prêts à mordre (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1539). ♦ Montrer les dents. Menacer. Il se retourna pour appeler son chien qui, sentant le rat, montrait les dents à la marmotte hérissée (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 286).Au fig. Je suis d'avis qu'il faut montrer les dents quelquefois, sous peine d'être obligé de mordre à la fin (Mérimée, Lettres ctesse de Montijo,t. 1, 1870, p. 359). ♦ Des dents et des griffes; des dents et des ongles. Des noirs tout nus, armés de leurs dents et de leurs ongles (A. France, Île ping.,1908, p. 186).Elle se cramponnait à lui des ongles et des dents (Claudel, Soulier,1929, 1rejournée, 13, p. 703).Comme un animal sauvage (...) qui se défend et de ses dents et de ses griffes (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 643). ♦ Avoir la dent dure, mauvaise. Au fig. Porter des critiques acerbes. Je regrette de n'être plus jeune, il me semble que j'aurais été un polémiste (...) à la dent plus mauvaise que Rochefort (Goncourt, Journal,1889, p. 1027): 6. C'est un si grand luxe d'avoir la dent dure, que nul ne pouvait supposer qu'elle se fût permis de mordre avec tant d'entrain si sa fortune ne l'avait mise à l'abri des représailles.
Martin du Gard, Devenir,1909, p. 135. 3. [La dent en tant qu'organe de la phonation] Une contraction de la gorge, une émission d'air sifflante entre la langue et les dents (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 226). ♦ Bougonner, grommeler, murmurer, parler entre ses dents. S'exprimer de façon indistincte. Tu te décides? siffla Belsenza entre ses dents (Gracq, Syrtes,1951, p. 170). ♦ Ne pas desserrer les dents. Se taire. Personne ne desserrait les dents, que pour manger (Montherl., Démon bien,1937, p. 1348). 4. [La dent en tant que révélateur de l'âge ou de l'évolution] En vain on me dit : « Vous rajeunissez ». Croit-on me faire prendre pour mes dents de lait, ma dent de sagesse? (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 163).Un vieux monsieur, crachant sa dernière dent (Goncourt, Journal,1895, p. 871).Père a vieilli, (...) il n'a plus toutes ses dents (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 324). ♦ Avoir toutes ses dents. Avoir atteint l'âge de raison. ♦ Quand les poules auront des dents. Jamais : 7. − Qu'est-ce que vous ferez?
− Je ferai ce que je ferai.
− La semaine des quatre jeudis.
− Quand les poules auront des dents.
Aymé, La Jument verte,1933, p. 265. 5. [La dent en tant que révélateur d'un sentiment, d'un état (joie, colère, peur, etc.)] Cf. aussi supra loc.Rire de toutes ses dents. En ouvrant largement la bouche. Avoir la rage aux dents. Être très en colère. Être sur les dents. Être dans un état fébrile, être sur le qui-vive; (vieilli) être épuisé. La voiture [des bandits] ne peut vous échapper, observa Consuelo [au baron]; leur cheval est sur les dents (Sand, Consuelo,t. 2, 1842-43, p. 335).Claquer des dents (de froid, de peur). Serrer les dents. Montrer de la fermeté dans l'adversité. La fatigue, la faiblesse et l'horrible dégoût qui l'étreignait de plus en plus lui donnaient le vertige. Il serra les dents et marcha plus vite (Rolland, J.-Chr.,Foire, 1908, p. 645).[P. réf. biblique] Il y aura des cris, des pleurs, des jurons et des grincements de dents (Éluard, Capitale douleur,1926, p. 129). − P. méton. ♦ (Avoir la/les) dent(s) avide(s), dédaigneuse(s), féroce(s), venimeuse(s). Ses dents riaient avec une grâce inexprimable (About, Roi mont.,1857, p. 291).Il parlait la bouche serrée, les dents haineuses (A. France, Lys rouge,1894, p. 387). ♦ Avoir, garder une dent contre qqn. Éprouver de la rancune à son égard. La dent qu'il [Piron] avait eue toute sa vie contre Voltaire ne lui tomba jamais (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 7, 1863-69, p. 458).Je vois que vous avez une dent contre lui. Qu'est-ce qu'il vous a fait? (Proust, Guermantes 2,1921, p. 490). 6. [Dans des loc. à valeur de superl. ou d'hyperb.] ♦ Jusqu'aux dents. À cinq heures précises, le président C. de Bonfons et son oncle le notaire arrivèrent endimanchés jusqu'aux dents (Balzac, E. Grandet,1834, p. 132).Quel enfant charmant jusqu'aux dents [que ce nouveau-né nourri de lait de chèvre]! (Esparbès, Lég. outil,1903, p. 301).Être armé jusqu'aux dents. Une sentinelle boche, armée jusqu'aux dents (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 342). ♦ De quoi s'emplir une dent creuse : 8. Eux fouillaient leurs poches (...). Rien! Rien du tout! C'était toute l'horreur du néant, le vide navrant du gousset; juste, tout bien compté et tant or que monnaie, de quoi s'emplir une dent creuse.
Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, II, 9, p. 196. 7. Loc. Mentir comme un arracheur* de dents.
Œil pour œil*, dent pour dent. Prendre le mors* aux dents. D.− P. anal. 1. Élément saillant, généralement de forme aiguë. a) BOT. Les feuilles [de la bugrane épineuse] sont ovales, garnies de dents aiguës (Baudrillart, Nouv. Manuel forest.,1808, p. 350).Chaque épi [d'orge] est formé d'un axe qui présente des dents alternes (Boullanger, Malt., brass.,1934, p. 37). b) GÉOGR. Dent rocheuse. Après avoir couché au couvent de Mar-Iakoub, sur une des dents les plus abruptes de ces parages, nous entrâmes dans la région brûlante de Toula (Renan, Ma sœur,1862, p. 57). c) TECHNOL. Dent d'acier, de fer; les dents d'une fourchette, d'une herse, d'un peigne, d'une roue, d'une scie. Il dut refaire plusieurs fois le tranchant de sa hache et les dents de sa scie (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 288).Le convoi s'ébranla sur la crémaillère, avec un cri, et se détacha dent par dent (Peyré, Matterhorn,1939, p. 284): 9. La dent d'un organe de transmission n'a ni conscience, ni honneur; elle s'engrène et se désengrène; elle ne connaît pas son moteur, elle en ignore la nature et le dessein.
Arnoux, Les Crimes innocents,1952, p. 230. d) TRAVAUX MANUELS (cf. feston). Elle les [les bandes de papier] découpe sur les côtés, en dents rondes à l'emporte-pièce (Colette, Cl. école,1900, p. 262). 2. Premier élément de loc. composées dent + de + subst. a) Dent de scie. Motif constitué par une succession d'angles alternativement saillants et rentrants, à la manière des dents d'une scie. Sur les dents de scie de la clôture en traverses égouttaient des pots blancs, des marmites bleues (Hamp, Champagne,1909, p. 91). ♦ En dent(s) de scie. Ses maisons aux toits en escaliers et en dents de scie (Huysmans, Art mod.,1883, p. 38).Au fig. L'approvisionnement (...) n'a pu se faire qu'en dent de scie, avec des déficits ou des excédents considérables selon les années (Industr. fr. bois, 1955, p. 11). − Spéc., ARCHIT. Beaucoup de moulures, peut-être entre autres les dents de scie, variété très commune du zigzag (...) durent leur origine à une certaine disposition des briques dans l'appareil (Mérimée, Ét. arts Moy. Âge,1870, p. 16). b) [P. anal. avec la dent de certains animaux] − ARTS DÉCORATIFS ou B.-A. ♦ Dent de chien. Motif ornemental formé de fleurons à quatre feuilles d'où s'échappent des filets aigus ressemblant à des dents de chien (cf. Adeline, Lex. termes art, 1884). ♦ Dent de loup. Découpe ornementale ressemblant à une denture de loup (cf. supra dent(s) de scie). Des fleurs dans des seaux vernis et dorés sur leurs découpures à dents de loup (Balzac, Lys,1836, p. 53).Découpé en dents de loup (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 162).P. méton : 10. L'insigne [du grade de Surveillant Principal] est comparable à celle d'adjudant − le galon [,] plus large [,] est orné dans le haut de côtes en forme de dents − on nomme ici ce grade « dents de loup ».
A.-L. Dussort, Journal,1932, dép. par G. Esnault, 1953, p. 5. − BOTANIQUE ♦ Dent de brebis. Synon. de gesse (cf. Nouv. Lar. ill., Lar. 20e).Variété de maïs. Le maïs dit « dent de brebis », dont le nom révèle la forme plate et la couleur laiteuse (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 154). Rem. Littré, Guérin 1892 signalent une variété de maïs nommée dent de cheval. ♦ Dent de chien. Synon. cour. de érythrone, plante de la famille des Liliacées (cf. E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 18). ♦ Dent de lion. Synon. de pissenlit.Je deviens botaniste. J'étudie le bassin d'or, ou pied-de-coq, la dent-de-lion, le coucou (Renard, Corresp.,1883-1910, p. 215).Des fleurs de dents de lion (Ramuz, A. Pache,1911, p. 163).Au masc. À côté du premier dent-de-lion, la prèle des champs dressa son fragile cône vert (Guèvremont, Survenant,1945, p. 185). − TECHNOLOGIE. ♦ Dent de chien. Ciseau de sculpteur à deux pointes. Synon. double pointe. ♦ Dent de loup. Pièce d'assemblage. La face postérieure [des dents d'engrenage] pourrait être laissée quelconque, comme on le fait pour les dents de loup, de quelques engrenages de remontoir (Andrade, Horlog.,1924, p. 123).Lorsque la manivelle ne doit entraîner [l'arbre] que dans un seul sens, on l'engage sur l'arbre par une douille à dents de loup (Champly, Nouv. Encyclop. prat.,t. 2, 1927, p. 124).Instrument courbe servant au brunissage de la tranche des livres après dorure ou jaspage (cf. Maire, Manuel biblioth., 1896, p. 320). Croc servant à suspendre des ustensiles de cuisine ou des pièces de boucherie. Tombant d'une barre à dents de loup, des colliers de saucisses, de saucissons, de cervelas, pendaient (Zola, Ventre Paris,1873, p. 637). Prononc. et Orth. : [dɑ
̃]. D'apr. Littré le t se lie : une dent aiguë [dɑ
̃tεgy] et au plur. l's : des dents aiguës [dɑ
̃zεgy]. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Les composés s'écrivent gén., ds les dict., avec un trait d'union (cf. Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Guérin 1892, Rob., Quillet 1965). Mais Littré n'écrit avec un trait d'union que dent-de-loup et dent-de-chien, ce dernier uniquement dans le sens de « pointe » qu'il distingue du sens de « ciseau de sculpteur » sans trait d'union. De même que Lar. 19eécrit dents-de-scie pour le terme de sculpture et dents de scie pour celui de technol. La docum. donne, pour les composés formés avec dent, des ex. écrits sans trait d'union (cf. part. sém. de chacun d'eux). Dans les composés, c'est dent qui prend la marque du plur. : des dents-de-chien, des dents-de-cheval. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 masc. (Roland, éd. J. Bédier, 1956 : as dentz menus); id. fém. (ibid., 2346 : la dent seint Perre); ca 1150 dire entre ses denz (Pél. de Charlemagne, éd. P. Aebischer, 408); 1330-32 dens de lait (G. de Digulleville, Vie hum., 7484 ds T.-L.); diverses expr. : 1330-32 rire du bout du dent (Id., ibid., 8444, ibid.); 1340 monstrer le dent (à qqn) « s'opposer (à quelqu'un) en ennemi » (Bastard de Bouillon, 4385, ibid.); 1507-08 des menteurs et arracheurs de dens (Eloy d'Amerval, Le Livre de la Deablerie, éd. Charles-Fréd. Ward., 155 a); 1538-70 armez jusques aux dens (J. Grevin, La Tresor, p. 101); 1548 serrant de rage les dens (Noël du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, p. 149); 2. 1177-79 es danz del peigne (Chr. de Troyes, Charrette, éd. M. Roques, 1354); 1erquart xives. roe a dens (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, IV, 3826). Du lat. dens, dentis masc. (peut-être employé au fém. par Cassius Felix ds TLL s.v., 537, 41) « dent (de l'homme, des animaux); objet en forme de dent ». Fréq. abs. littér. : 6 383. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 028, b) 11 780; xxes. : a) 9 174, b) 8 466. DÉR. 1. Dentifère, adj.Qui porte des dents. Os dentifère (E. Perrier, Zool.,t. 4, 1928-32, p. 3026).Rem. Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892 et Quillet 1965 attestent l'adj. synon. dentigère.− 1reattest. 1928-32 (E. Perrier, Zool., t. 4, 1928-32, p. 3026); de dent, suff. -fère*, avec voyelle de transition -i- propre aux composés d'orig. lat. Fréq. abs. littér. : 1. 2. Dentiforme, adj.Qui a la forme d'une dent (cf. E. Perrier, Zool., t. 3, 1899-1925, p. 2371). − Seule transcr. ds Land. 1834 et Littré : dan-ti-for-m'. − 1resattest. 1564 vertebre dentiforme (Rabelais, V, 20 ds Hug.) ex. isolé; 1899-1925 (E. Perrier, Zool., t. 3, 1899-1925, p. 2371); de dent, élément suff. -forme*, avec voyelle de transition -i- propre aux composés d'orig. lat. − Fréq. abs. littér. : 1. 3. Dentine, subst. fém.Tissu osseux spécialisé constituant la masse de la dent. Les dents sont souvent consolidées (...) par des replis de dentine qui vont du socle de la dent jusqu'à sa pointe (E. Perrier, Zool.,t. 3, 1899-1925, p. 2773).Une carie de la dentine (Quillet Méd.1965, p. 177).Rem. On rencontre ds la docum. l'adj.dentinaire. Qui concerne la dentine. (Attesté ds Lar. 19eSuppl. 1878-Lar. encyclop., Quillet 1965, Rob. Suppl. 1970).− [dɑ
̃tin]. − 1resattest. 1586 (Le Loyer, Hist. des Spectres II, 3 ds Hug.) ex. isolé; 1899-1925 (E. Perrier, Zool., t. 3, 1899-1925, p. 2773); de dent, suff. -ine*. 4. Dentirostre(s),(Dentirostre, Dentirostres) subst. masc. (plur.).(Sous-ordre de) passereau(x) caractérisé(s) par une échancrure au niveau de la mandibule supérieure (cf. Lamarck, Philos. zool., t. 1, 1809, p. 339). − [dɑ
̃tiʀ
ɔstʀ
̥]. Ds Ac. 1932 au plur.; cf. aussi ds Land. 1834, Gattel 1841, DG, Rob. et Lar. Lang. fr. Au sing. ds Besch. 1845 et Littré. − 1reattest. 1806 (Duméril Zool., p. 40); composé du lat. class. dens, dentis « dent » et rostrum « bec d'oiseau ». Fréq. abs. littér. : 1. 5. Dentu, ue, adj.,vx. Armé de dents. La bouche dentue de Quasimodo (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 272).Limaces, limaçons, insectes de mille sortes, tous gens de terrible appétit, nés dentus, armés d'appareils admirables, d'ingénieuses machines à détruire (Michelet, Oiseau,1856, p. 175).Emploi subst. En sanscrit le lion est proprement le chevelu et l'éléphant le dentu (Gourmont, Esthét. lang. fr.,1899, p. 185).− [dɑ
̃ty]. − 1reattest. Ca 1179 (Horn, éd. F. Michel, 4659 ds T.-L.); de dent, suff. -u*. − Fréq. abs. littér. : 4. BBG. − Bourciez (J.). Sur un point de parémiologie fr.-ital. de G. Tilander. R. Lang. rom. 1955, t. 72, p. 339. − Clédat (L.). Être sur les dents. R. de Philol. fr. et de litt. 1927, t. 39, pp. 65-66. − Cohen 1946, p. 14. − Darm. Vie 1932, p. 73. − Delamaire (J.). Herbes et bouquets de chez nous. Vie Lang. 1972, p. 76 (s.v. dent de lion). − Gottsch. Redens. 1930, passim. − Martin (E.). S'il faut dire grincer les dents ou grincer des dents. Courrier (Le) de Vaugelas. 1875, pp. 186-187. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 221 (s.v. dent de loup). − Quem. 2es. t. 2 1971 (s.v. dent de loup). − Rog. 1965, p. 23, 71, 128, 180. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 66. |