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DENIER, subst. masc.
A.− HISTOIRE
1. [Dans la Rome antique] Monnaie d'argent qui valait originellement dix as, et dont la valeur a varié au cours des années. Les trente deniers de Judas :
1. Quant à Monsieur S***, ce serait faire œuvre pie Et trop d'honneur A ce brigand de la littérature Qui vendrait Dieu Trente deniers... Verlaine, Œuvres complètes,t. 3, Invectives, 1896, p. 343.
2. [Dans l'Europe occidentale et en France jusqu'au xixes.] Monnaie valant un douzième du sou. Denier d'argent, de cuivre, d'or, de plomb; denier parisis, tournois. Termes en assoc. fréq. liard, livre, maille, sou, écu. Bientôt, à travers tout l'Occident, il y eut autant de deniers divers en circulation qu'il y avait de grands fiefs pourvus de la haute justice (H. Pirenne, Hist. écon. et soc. du Moyen-Âge,Paris, P.U.F., 1969, p. 95):
2. La compagnie des mines de Montsou était créée (...). Pour la répartition on avait divisé, d'après l'étalon de la monnaie du temps, la propriété totale en vingt-quatre sous, dont chacun se subdivisait en douze deniers. Zola, Germinal,1885, p. 1197.
B.− P. méton. ou litote
1. Vx ou vieilli. Somme d'argent indéterminée à la disposition d'une personne ou d'une collectivité. Au sing. Somme d'argent faisant partie d'un patrimoine privé ou collectif. Synon. Bien, capital, dot, héritage.Et, sournois, je ferais des trous à son panier Sous l'énorme tas d'or qu'il nomme son denier (Hugo, Art d'être gd-père,1877, p. 138):
3. ... il dotera sa fille d'un million et demi, et elle en aura trois après sa mort. Ah! c'est un joli denier, et si tu n'étais pas si bête! Sand, Monsieur Sylvestre,1866, p. 57.
Au plur. [Surtout employé dans des expr. avec un déterminatif ou un compl. prép. de exprimant la possession] Payer, entretenir de ses deniers; verser sur ses propres deniers. Les frais d'impression étant assez élevés, nos camarades comprendront que nous désirons les couvrir de nos propres deniers (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 116).
2. Somme versée volontairement comme obole ou contribution. Denier du culte (versé au clergé local), denier de Saint-Pierre (destiné au pape). Les visites du curé venant toucher le denier du culte et le denier de Saint-Pierre pour la propagation de la foi (Bazin, Vipère,1948, p. 27).
Vieilli. Denier à Dieu. Arrhes ou pourboire versé en signe d'accord dans certaines transactions :
4. Elle [la locataire] marchait avec peine, poussant devant elle un ventre de femme enceinte (...) Un ventre de fille pas mariée, qu'elle avait apporté on ne savait d'où, car elle était toute plate en donnant le denier à Dieu! Oh! Sans cela, certes, jamais on ne lui aurait loué. Zola, Pot-Bouille,1882, p. 254.
Au sing. (dans des loc. négatives)
Ne pas avoir un denier. Cet homme eut assez de courage pour prendre notre tuilerie à bail sans avoir un denier vaillant (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 108).Ne pas accepter ou demander un denier. Je n'ai jamais demandé un denier à personne pour mes soins (Balzac, Méd. camp.,1833p. 61).
Ne pas donner un denier. Elle peut mourir dans les horreurs de la faim et de la soif (...) je ne donnerais pas un denier pour l'empêcher de souffrir (...) (Balzac, Double fam.,1830, p. 303).
C.− Emplois techn.
1. FINANCES
a) Vx, loc. Au denier (suivi d'un nom de nombre). L'intérêt d'un prêt ou d'un placement. Placer, prêter au denier deux, au denier douze, au denier vingt. L'intendant-des-intendants, après un long salut, reprit : « prêté à Tigillas, jusqu'à la fin de la saison, deux kikar au denier trois, intérêt maritime... » (Flaub., Salammbô,1863, p. 142).
b) Employé au plur. Sommes inscrites au budget d'un organisme public.
Les deniers de la France, de l'État; les deniers publics :
5. Une fois la règle des deux centimes mise hors de débat, le contrôleur n'était pas prêt à transiger sur la qualité ni sur les tarifs. Ainsi qu'il aimait à le dire, « il défendait âprement les deniers de l'État ». Romains, Les Hommes de bonne volonté,1938, p. 177.
2. MÉTROLOGIE
a) Unité servant au titrage de l'argent et de certains métaux précieux.
Denier de fin, d'aloi. Quantité d'argent fin contenu dans un lingot que l'on suppose être divisé en douze parties. Argent à onze deniers. On évaluait la bonté de l'argent par deniers, et celle de l'or par carats (Ac.1878).
b) Poids de 0,05 g utilisé dans le commerce de la soie; unité utilisée pour le titrage des fils de soie, rayonne ou nylon, le nombre de deniers correspondant au poids en grammes de neuf mille mètres de fil. Leurs gambilles longues gaînées quinze deniers (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 17).
Prononc. et Orth. : [dənje]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. dener « monnaie romaine » (Passion du Christ, éd. D'Arco S. Avalle, 85); 2. ca 1100 dener « monnaie française » (Chanson de Roland, éd. J. Bédier, 1262); 3. a) ca 1175 Li deniers saint Piere (G. de Pont-Sainte-Maxence, Vie de Saint-Thomas, éd. E. Walberg, 2666); b) ca 1283 denier Dieu « contribution qui se payait sur tous les marchés et engagements » (Ph. de Beaumanoir, Coutumes de Beauvoisis, éd. Beugnot, chap. 34, § 60); 1648 denier à Dieu « arrhes versées pour un marché, une location » (Scarron, Virgile travesti, I ds Littré); c) 1689 denier de la veuve [cf. Luc XXI, 1-4] (Mmede Sévigné, Lettres, à Mmede Grignan, III, 331, éd. Gérard-Gailly ds Quem. Fichier); d) [1906 denier du culte (Lar. d'apr. Lar. Lang. fr.)]; 1922 (Statuts synodaux de Grenoble ds Naz, s.v. denier du culte); 4. ca 1168 plur. « argent » (Chr. de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 1840); 5. a) 1256 « ancienne mesure de poids » (A. de Sienne, Le Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 72, 25); b) 1870 « mesure du poids des fils de soie » (Lar. 19e); 6. 1349 « taux de l'intérêt d'une somme » (G. de Machaut, Jugement du roi de Navarre, éd. E. Hoepffner, 413 : pour un denier vint). Du lat. class. denarius « denier, pièce d'argent qui, à l'origine, valait dix as; poids d'une drachme attique ». Fréq. abs. littér. : 437. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 191, b) 404; xxes. : a) 586, b) 272. Bbg. Blanchet (A.). Le denier et l'obole d'or redevances médiév. In : [Mél. Brunel (C.)]. Paris, 1955, pp. 147-151. − Dauzat (A.). L'Attraction paron. ds le fr. pop. contemp. Archivum Romanicum. 1937, t. 21, pp. 203-204; Ling fr. 1946, p. 256. − Gottsch. Redens. 1930, p. 218, 334. − Lecoy (F.). Notes de lexicogr. fr. Romania. 1948-49, t. 70, pp. 332-354. − Lew. 1960, p. 79. − Quem. Fichier. − Rog. 1965, p. 132.