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DE2, DU2, DE L', DE LA, DES2, art. partitif.
I.− [L'art. précède des noms désignant des choses qui ne sont pas nombrables, pour indiquer leur prise en considération en tant que telles, sans idée de quantité ni de distinction du déf. ou de l'indéf., étant seulement entendu que ces choses ne sont pas envisagées dans leur totalité]
A.− [L'art. précède un nom concr.]
1. [Le nom concr. au sing. désigne normalement une matière, une substance] Boire du vin, de l'eau; manger du pain, de la soupe. De la neige fondue tombait (A. France, Hist. comique,1903, p. 92).La peau des joues, mate, lisse et fine comme de la soie (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 12):
1. Nos ancêtres gaulois, leurs meilleurs clients [des Angles et des Saxons] (comme nous le sommes encore aujourd'hui), leur achetaient, par l'intermédiaire des Romains, des métaux, de la laine et du bois, en échange des armes du Soissonnais, des toiles de Cahors, du vin d'Aquitaine. Morand, Londres,1933, p. 4.
P. méton. [Le nom désigne un adj. substantivé] Regardez-moi qui me démène et qui mâche du grec et de l'hébreu (Claudel, Visages radieux,1947, p. 761).
[Le subst. peut être accompagné d'un adj.] On lui apprit quelques chapitres du catéchisme, comme on enseigne aux merles à siffler « J'ai du bon tabac » (About, Nez notaire,1862, p. 106).
Rem. L'emploi est fréq. dans la tournure il y a. Tiens, tiens! Mais il y a donc du vent? (Sartre, Mots, 1964, p. 124) :
2. − On va laisser le grand monde se régaler. Après, les jeunes mangeront en paix. Et je vous recommande le dessert : il y a des œufs à la neige, de la crème brûlée, de la tarte à Lafayette, de la tarte à la ferlouche, de la tarte aux noix longues. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 120.
2. [La valeur de l'art. est la même]
a) [Si le nom au sing., quoique désignant normalement un obj. nombrable, désigne p. méton. une matière ou une catégorie] Manger du bœuf, du poulet; voir du pays. On tend sa voile, et l'on fait de la route (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 434).
b) [Si le nom au plur., quoique désignant des choses nombrables, désigne, en vertu de son usage, une catégorie] Manger des œufs. Ils avaient plaisir à nommer tout haut les légumes : Tiens, des carottes! Ah! des choux! (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 20).
Rem. Cet emploi est proche de l'emploi de l'art. indéf. plur. des. Il y avait des gâteaux sur la table, avec une bouteille et des verres (Zola, Germinal, 1885, p. 1469).
c) [Si le subst. est un nom propre (de pers. ou de chose) empl. p. méton. pour désigner une matière] Monsieur Octave vous conseille du xérès (Giraudoux, Lucrèce,1944, I, 1, p. 15).
d) [Si le nom au sing. désigne une pers. prise comme symbole d'une qualité ou d'un caractère] :
3. M. Gladstone m'a paru, sous quelques aspects, un homme de génie, sous d'autres un enfant. Il y a en lui de l'enfant, de l'homme d'État et du fou. Mérimée, Lettres à une inconnue,t. 2, 1870, p. 268.
En partic. [Avec un nom propre de pers.] Il y avait du Napoléon en lui (A. France, Vie fleur,1922, p. 515).
B.− [L'art. précède un nom abstr.]
1. [Le subst. au sing. désigne normalement un type d'activité ou de production] Il y a du travail pour tous; il y aura de la musique. Aussi bien était-ce là de l'histoire ancienne. Il n'avait pas achevé de dire « taisez-vous » que déjà elles n'y pensaient plus (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., 7, p. 173).
[Le subst. au sing. ou au plur. peut être un nom d'artiste, d'écrivain, etc., empl. p. méton. pour désigner une production type, une œuvre caractéristique de tel créateur] Jouer du Bach. J'aurais préféré réciter du Baudelaire (Gide, Geneviève,1936, p. 1356).
Rem. Si le nom est accompagné de (tout) pur, la tournure signifie la caractéristique ou la ressemblance par la manière, par le style :
4. − N'écrivez pas, lui dit Eugène, enveloppez les billets, mettez l'adresse, et envoyez-les par votre femme de chambre. − Mais vous êtes un amour d'homme, dit-elle. Ah! voilà, monsieur, ce que c'est que d'avoir été bien élevé! Ceci est du Beauséant tout pur, dit-elle en souriant. Balzac, Le Père Goriot,1835, p. 167.
2. [Le nom abstr. est un subst. sing. désignant normalement une qualité concr. ou abstr. ou son contraire, un sentiment] Faire de la vitesse; avoir du courage. C'est alors qu'il m'avait appris qu'il avait vécu à Paris et qu'il avait du mal à l'oublier (Camus, Étranger,1942, p. 1128).
[La valeur de l'art. est la même]
a) [Si le subst., quoique nombrable, désigne p. méton. une qualité, un sentiment] Avez-vous du souci? (Moréas, Cantil.,1886, p. 168).
b) Cf. A 2 d.
c) [S'il s'agit d'un adj. substantivé désignant une qualité ou son contraire] Notre devise doit être en toute circonstance (ne l'oublions jamais!) celle-ci :Du calme!Du calme!Du calme (Villiers de L'I., A., Contes cruels,1883, p. 240).
d) [S'il s'agit d'un syntagme à valeur subst.] C'est une Peugeot... Du soixante à l'heure, mon bon (H. Bataille, Maman Colibri,1904, I, 2, p. 3).
Rem. 1. L'emploi de l'art. déf. soulignerait l'idée de totalité. De la soie « certains types de soie que je connais », opposé à la soie « toute soie ». 2. Constr. a) Lorsque l'art. introduit un subst. précédé d'un adj. ne formant pas loc. avec lui, il est, dans le style noble et archaïsant, remplacé par de. Et cette tunique était inusable (...). Rabiou était un honnête homme qui craignait Dieu et fournissait de bon drap (A. France, P. Nozière, 1899, p. 77). Cette constr. reste plus usuelle dans des expr. désignant des habitudes fam. Elle buvait, en ma présence et à mon insu, d' excellent vin avec son mari (Bloy, Journal, 1892, p. 35). b) Devant les loc. subst. où l'adj. est soudé au subst., cette substitution n'a pas lieu. Avoir du bon sens, de la bonne volonté. On lui aurait fait des gros yeux, on ne voulait pas se laisser commander par lui (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 386).
II.− Emploi partitif, littér. [Du, de la, etc. précède des noms de chose pour indiquer que les choses désignées sont prises dans une part. de leur quantité totale; il est remplacé par de à valeur partitive]
A.− [Devant un nom concr. déterminé, au sing. ou au plur., par un art. déf., un adj. dém. ou poss.] Vous feriez mieux de nous donner de votre vin de Bordeaux (Balzac, Goriot,1835, p. 200):
5. Je détournai les yeux vers les poiriers et les cerisiers du jardin d'en face pour qu'il crût que c'était leur beauté qui me touchait. Et elle me touchait un peu de la même façon, elle mettait aussi près de moi de ces choses qu'on ne voit pas qu'avec ses yeux, mais qu'on sent dans son cœur. Proust, Le Côté de Guermantes 1,1920, p. 160.
B.− [Devant un nom abstr. déterminé] Elle tâchait de donner à Lazare de son courage (Zola, Joie de vivre,1884, p. 1000).
Rem. L'art. prend la forme de a) après une loc. adv. de quantité indéf. Peu de, un peu de, beaucoup de. Verse-moi un peu de sherry (H. Bataille, Maman Colibri, 1904, I, 2, p. 3); b) après une négation. Ne... pas de, point de, plus de, etc. Des étourdissements, comme on dirait des vapeurs, pas de sommeil, pas d' appétit (Bernanos, Imposture, 1927, p. 484).
Prononc. et Orth. : [də], [dy], [de] ds les dict. récents : cf. Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. Pourtant [ε] ouvert [dε] ds Dub. et ds Warn. 1968 qui réserve cette prononc. au lang. soutenu. Passy 1914 admet [e] ou [ε]. Les dict. plus anc. transcrivent [ε]; cf. Fér. 1768, Land. 1834, Fél. 1851 et Littré. DG comme Warn. 1968 note [ε] pour l'emphase. On fait la liaison quand le mot qui suit commence par une voyelle ou un h non aspiré : des arômes [dezaʀo:m]; des hommes [dezɔm]. Ds Ac. 1694-1932. On rencontre la forme contractée du au masc. sing. devant consonne : du pain, alors que devant voyelle ou h aspiré il n'y a pas contraction : de l'alcool, de l'hydromel. Il y a également contraction dans tous les cas devant plur. : des rillettes, des ortolans. Étymol. et Hist. Cf. de1, prép. Stat. Voir des3, de3. Bbg. Gaatone (D.). Art. et négation. R. rom. 1971, t. 6, no1, p. 2, 12.