| DAGUE, subst. fém. A.− Poignard ou épée courte en usage du Moyen Âge au xviiiesiècle, dont la lame aiguë et plate pouvait pénétrer au défaut de la cuirasse et à travers les cottes de maille. Pointe de la dague; coup de dague; enfoncer la dague : 1. ... s'adossant à la muraille, il tira de sa ceinture une petite dague et jura qu'il l'enfoncerait dans la gorge de quiconque approcherait.
A. France, Clio,1900, p. 148. SYNT. Dague andalouse, espagnole; dague enrichie de pierreries; la dague à la main, au poing, au flanc, au côté; coquille, poignée, pommeau de la dague; armé d'une dague; blesser, fendre, garcer, piquer, tuer avec une dague. − Vieilli ♦ Être fin comme une dague de plomb. Affecter la finesse alors que l'on est lourd, grossier (cf. J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813, p. 47). ♦ Mettre sa dague au vent. La tirer pour se battre. Ce qui donna le temps à Scapin (...) de mettre sa dague au vent pour recevoir Piedgris, qui le chargeait avec furie, un poignard au poing (Gautier, Fracasse,1863, p. 408). Rem. On rencontre ds la docum. le dimin. daguette, subst. fém. Petite dague. J'ai daguette à pommeau de diamant (Moréas, Cantil., 1886, p. 218). B.− [P. anal. de forme, de fonction ou de présentation] 1. ZOOL., surtout au plur. Dagues du cerf ou du daim. La « première tête » qu'il porte à la deuxième année, où il n'a que deux petites cornes. Synon. bois.Et le jeune mâle continuait à pousser, à bourrer du front et des dagues (Genevoix, Dern. harde,1938, p. 133): 2. À six mois, le faon que tu as vu va devenir un chevrillard et les bosses vont lui pousser sur la tête. À un an elles seront devenues deux petites dagues..., des broches, mais sans moules.
Vialar, Le Fusil à deux coups,1960, p. 198. − P. ext. Les dagues des narcisses (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 125). 2. MAR., vx. Bout de corde (porté pendant à la ceinture comme une dague) pour punir les matelots (cf. Jal1). 3. TECHNOL. ,,Instrument avec lequel les relieurs raclent la peau`` (Ac. 1932). Prononc. et Orth. : [dag]. Passy 1914 donne la possibilité de prononcer [ɑ:] post. long. Ds Ac. 1694-1932; Ac. 1798 et 1835 traite au plur. dagues (premiers bois du cerf). Étymol. et Hist. 1. 1229 « arme de main à lame large, courte et pointue » (Registre de Saint-Denis, 561, Tanon d'apr. Delboulle ds R. Hist. litt. Fr. t. 9, p. 469); 2. av. 1573 « premier bois qui pousse sur la tête du cerf ou du daim » (Jodelle,
Œuvres, t. II, p. 309 ds IGLF). Orig. obscure. À l'hyp. d'un empr. à un lat. vulg. *daca, fém. substantivé tiré de daca spatha « épée dace », par l'intermédiaire de l'ital. ou du prov. daga (FEW t. 3, p. 2a; Bl.-W.1-5), s'oppose le fait que l'ital. et le prov. ne sont pas attesté av. le xives. (v. Lévy Prov. et Batt.); d'autre part l'expr. daca spatha (ou ensis) n'est pas attestée en lat. (v. TLL). L'ancienneté du mot sur le territoire anglais (cf. dagger, ca 1200, Statuts de Guillaume roi d'Écosse ds Du Cange; lat. médiév. daca chez le grammairien angl. J. de Garlande, xiiies., cité par A. Scheler ds Jahrbuch für romanische und englische Literatur, t. 6, pp. 153-154) conduit à chercher, avec Cor., s.v. daga I, un étymon celt., mais que l'on ne peut identifier avec certitude (v. aussi Kluge, s.v. degen2). Fréq. abs. littér. : 106. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 315. − Lammens 1890, p. 281. − Rupp. 1915, pp. 55-56. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 257. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 369-370; t. 3 1972 [1930], p. 102, 103, 107. |