| DÉVOT, OTE, adj. A.− RELIGION 1. [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] Qui est dévoué aux pratiques religieuses. a) [Pris en bonne part] Personne, âme, famille dévote; milieu dévot. On doit revenir d'un pèlerinage moins dévot qu'on n'était parti (Flaub., Corresp.,1850, p. 232): 1. Dramatiser est ce que font les personnes dévotes qui suivent les « Exercices » de saint Ignace (mais non celles-là seules).
G. Bataille, L'Expérience intérieure,1943, p. 183. − Dévot à + subst. ♦ Dévot à la Vulgate. Qui cultive avec soin le texte de la Vulgate. Quand les « Colonnes » paraîtront je lui en adresserai un exemplaire avec ces mots : « D'un dévot à la Vulgate qui demande qu'on le crucifie en latin » (Bloy, Journal,1903, p. 190). ♦ Dévot à la Croix. Qui manifeste une grande dévotion envers la Croix. Eusébio a la réputation d'être dévot à la Croix (Camus, Dév. croix,1953, 3ejournée, p. 573). − Emploi subst. Le roi ordonne une assemblée de théologiens pour décider s'il est rigoureusement impossible que la Vierge fasse à un dévot catholique de petits présents (Chamfort, Caract. et anecd.,1794, p. 178): 2. Cela nous met un peu loin des cagots et des dévotes, aussi loin, du reste, qu'est le catholicisme moderne de la mystique, car décidément cette religion est aussi terre à terre que la mystique est haute!
Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 165. b) Péj. Qui manifeste une dévotion ostentatoire et/ ou hypocrite. Faux dévot. Synon. bigot, cagot. − Emploi subst. : 3. Cléante y va plus en gros, et dessine le faux dévot pour tout le monde. Quant au vrai dévot, tel que l'honnête mondain l'admettra dorénavant volontiers, ce n'est plus, toute opinion théologique à part, que le croyant sincère, désintéressé, mais tolérant : et leur dévotion est humaine, est traitable.
Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 223. 2. [En parlant des attributs, du comportement d'une pers.] Qui manifeste ou inspire de la dévotion. a) [Pris en bonne part] Confiance dévote. On aurait cru entrer dans une chapelle traversée par un frisson dévot, et dont le silence, derrière les portes closes, gardait un mystère (Zola, Nana,1880, p. 1348). b) Péj. Terreur dévote. Le regard dévot et confit qu'ont certains hypocrites (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 753). B.− P. ext. Qui manifeste dévouement et zèle admiratif à l'égard d'une personne, d'une valeur profane. Dévot de qqc. − Emploi subst. : 4. Je comptais y calmer les inquiétudes que ma lecture ne manquerait pas d'éveiller chez les derniers dévots du rationalisme, et mettre à profit les critiques, les suggestions diverses qu'on voudrait bien me communiquer.
Bremond, La Poésie pure,1926, p. 9. ♦ P. iron. Quel funèbre dévot laïque, noir, sec, compassé peut avoir conçu l'idée de codifier la tendresse, la palpitation de l'être, le don éperdu de toutes les fibres impressionnables? (Frapié, Maternelle,1904, p. 221). Prononc. et Orth. : [devo], fém. [-ɔt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xiies. « religieux » (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, 94, 8 : [jor] devot); ca 1200 devos [en sacrefices] « religieux, pieux » [en parlant d'une pers.] (Moralités sur Job, 301, 4 ds T.-L.); 1664 péj. ces dévots de place (Molière, Tartuffe, I, V, v. 361). Empr. au lat. eccl.devotus « soumis à Dieu, pieux » [« dévoué, zélé » en lat. class.] part. passé de devovere « vouer, dédier, consacrer » en lat. class. Fréq. abs. littér. : 1 316. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 073, b) 2 421; xxes. : a) 1 865, b) 1 408. |