| ![]() ![]() ![]() ![]() DÉVERGONDÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst. fém. Gén. péj. I.− Part. passé. de dévergonder (se)*. II.− Adjectif A.− Dans le domaine moral 1. [Le plus souvent en parlant d'une jeune fille ou d'une femme] Qui mène notoirement une vie de débauche (considérée comme blâmable, excessive). Synon. dépravé, perverti.La population de Grenelle est la pire de Paris (...) tout un ramas de filles de fabrique dévergondées (Zola, Fécondité,1899, p. 117).Les commissaires de sections qui donnaient à des femmes dévergondées, au prix de honteuses faveurs, des poulardes et des pains de quatre livres (France, Dieux ont soif,1912, p. 75): 1. Il pense aux femmes en général avec un certain mépris. (...) malgré les propos des camarades, malgré ses propres imaginations, il ne les croyait pas si dévergondées. (...) quand il aura gagné beaucoup d'argent dans les affaires, que n'inventeront-elles pas pour l'assouvir?
Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 302. Rem. 1. Cet emploi concernait particulièrement au xixes. une jeune fille ou une femme de condition modeste ayant un amant. 2. On rencontre ds la docum. qq. rares emplois au masc. Camarades dévergondés. Cette tradition de vieux garçon dévergondé (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 46). Je ramenais les maris dévergondés, captifs des sirènes extra-conjugales, à leurs épouses (Arnoux, Paris, 1939, p. 294). − P. méton. a) [En parlant de la vie, du comportement individuels] Qui marque le dévergondage. Air, vie dévergondé(e). La poésie de la grosse vie plantureuse, de la chair satisfaite et dévergondée (...) venait s'étaler dans les sensualités abandonnées (...) qu'il [Rubens] prodiguait (Taine, Philos. art,t. 1, 1865, p. 32).Toute la lie de son existence dévergondée remontait à sa surface; ces rappels de ruts avariés le crucifiaient (Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 193). b) [En parlant d'une ville, d'une époque, de mœurs, d'une chanson, etc.] Qui évoque ou indique un dévergondage. Chansons, madrigaux dévergondés. Synon. dissolu, immoral.Péra (...) n'est point une ville spécialement dévergondée, malgré la cohue des races bâtardes qui s'y heurtent (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 279): 2. L'époque (...) était assez dévergondée, comme l'on sait; les grandes dames de ce temps-là luttaient d'effronterie et d'inconstance avec les célèbres impures des fêtes et des bals publics...
Nerval, Le Marquis de Fayolle,1855, p. 12. 2. P. anal. [En parlant d'une femelle d'animaux domestiques] Elle [la chatte] se léchait encore, ronronnait, faisait la belle, jusqu'au soir où, dévergondée, dans les coups de griffes et les miaulements, elle allait en chercher une ventrée nouvelle (Zola, Joie de vivre,1884, p. 856).Toby-Chien (...). La chienne de la ferme (...) m'accueillerait comme elle accueille... n'importe qui. Dévergondée, oh! ça... Mais bonne fille, odorante (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 27). B.− P. ext. Qui est en dehors des normes morales, sociales; qui est caractérisé par un excès. Synon. déréglé.J'ai inventé les idoles à quatre bras, les religions dévergondées (Flaub., Tentation,1856, p. 591).Il faut des paradoxes de style, des expressions monstrueuses, des idées dévergondées, des anecdotes crues (Taine, Nouv. Essais crit. et hist.,1865, p. 8). − Rare [Sans idée morale] Qui, en devenant excessif, rompt les cadres habituels de sa manifestation. Synon. débridé, délirant.Avez-vous à Lyon un temps aussi dévergondé qu'ici? (Mmede Chateaubr., Mém. et lettres,1847, p. 268).Je n'ai jamais vu de fleurs et de graminées sauvages si (...) dévergondées (Sand, M. Sylvestre,1866, p. 202).Vers déplorables frappés au coin du prosaïsme le plus dévergondé (Arnoux, Chiffre,1926, p. 94). III.− Subst. fém. A.− Vieilli. Jeune fille ou femme vivant en dehors des normes morales, sociales. Tu es fou, mon ami. Une fille qui ne ferait pas sa première communion! comment la marierais-tu? quelle situation de déclassée, de dévergondée, lui créerais-tu dans la vie?... (Zola, Vérité,1902, p. 312). − En partic., vx, péj. Fille ou femme du peuple, par opposition à une bourgeoise. Les demoiselles de la famille logée au premier rencontraient le matin dans les escaliers des dévergondées sans corset (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1836-48, p. 127). B.− Usuel, dans le domaine moral 1. Jeune fille ou femme menant une vie de débauche. Être une dévergondée. Garçons, qui prennent leur plaisir avec les dévergondées (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 91).Elle [Cajita] se donna dans un râle. Elle eut des curiosités de petite fille et des pratiques de dévergondée (...) Incontinence de paroles tendres. Mignonneries (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 159): 3. Ils [les jeunes gens] ont beau se coiffer de travers, mettre des souliers de toutes les couleurs, et danser à la manière des jolis cœurs de ville, une femme sans mœurs qui veut prendre de son plaisir, devrait les traiter comme des gamins (...) Pensez! les grands-mères de ces gosses-là ne plaisantaient pas sur la chose, ils ont la pudeur dans le sang. Une dévergondée, ça leur fait d'abord un peu peur, et lorsqu'ils n'ont plus de crainte, ils joueraient aussi bien avec elle comme avec un chat perdu.
Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1539. 2. P. anal. [En parlant de femelles d'animaux domestiques] Où erre la dévergondée [la chienne]? (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 233). Prononc. et Orth. Cf. dévergonder. Fréq. abs. littér. : 60. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 70, 71, 242. |