| DÉTOURNEMENT, subst. masc. A.− Action de changer la direction initiale d'une voie. Détournement d'un cours d'eau (Ac.). 1. P. anal. Détournement d'avion (cf. détourner A 1b) : 1. Le détournement du Boeing a suscité une réelle émotion en Égypte, aussi bien chez l'homme de la rue que dans les cercles politiques.
Le Monde,25 août 1976, p. 20. 2. P. ext. Action de tourner quelque chose dans une autre direction. Rien non plus pour se cacher, ni mouchoir, ni détournement de tête, rien du mécanisme social des pleurs (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 465). − P. métaph. Cette sorte de détournement prolétarien de la révolution bourgeoise (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. XXI). B.− Au fig., DR. 1. [Le compl. prép. désigne une chose] Détournement de fonds, de valeurs, de titres (cf. détourner C 1).MmeAubain étudia ses comptes, et ne tarda pas à connaître la kyrielle de ses noirceurs : détournements d'arrérages, ventes de bois dissimulées, fausses quittances (Flaub., Trois contes,Cœur simple, 1877, p. 64). ♦ P. ext. Il avoue le détournement de cinq kilos de riz et de quelques morceaux de charbon (Gide, Souv. Cour d'ass.,1913, p. 668). − DR. COMM. Détournement d'actif. ,,Fait pour un commerçant en état de cessation de paiements de soustraire une partie de ses biens aux poursuites de ses créanciers`` (Cap. 1936). − Détournement de pouvoir. Vice d'un acte administratif consistant en ce que son auteur a utilisé le pouvoir qui lui était confié dans un but non conforme à la loi du service : 2. Ces arrêtés ne doivent pas prendre de mesures qui seraient de nature à favoriser certains entrepreneurs et à nuire à d'autres, sans quoi ils seraient annulés pour détournement de pouvoirs...
Baradat,L'Organ. d'une préfecture,1907,p. 232. 2. [Le compl. prép. désigne une pers.] Détournement de mineur(e) (cf. détourner C 2).André avait poussé le détournement jusqu'à payer à la petite un déjeuner chez Duval (Martin du G., Devenir,1909, p. 106): 3. Détournement de mineure, rapt, enlèvement! Vous vous êtes mis une belle affaire sur les bras. Vous êtes tout bonnement sous le coup de cinq à six ans de prison.
France, Le Crime de Sylvestre Bonnard,1881, p. 480. Prononc. et Orth. : [detuʀnəmɑ
̃]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1. 2emoitié xiies. [ms. 1remoitié xiiies.] destornemenz « empêchement » (Comm. sur les Ps., BN 963, p. 129bds Gdf. Compl.); 2. 1422 « changement de direction, retournement [de fortune] » (Pastoralet, ms. Brux., fo6 vo, ibid.); 3. 1549 « action d'emmener, d'emporter avec soi » (Est.); 1606 destournement [de pièces de procès] (Nicot). Dér. du rad. de détourner*; suff. -ment1*. Fréq. abs. littér. : 58. Bbg. Gohin 1903, p. 343. − Schmidt (H.). Fr. vivant. Praxis. 1971, t. 18, p. 302. |