| ![]() ![]() ![]() ![]() DÉSHABILLÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst. I.− Part. passé de déshabiller*. II.− Emploi adj. A.− Sens concr. 1. [Appliqué à une pers.] Dépouillé de tout ou partie de ses vêtements. Synon. dévêtu, dénudé.À demi déshabillé, il se coucha (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 323): 1. ... elle allait et venait donc à travers la pièce Lola, un peu déshabillée et son corps me paraissait tout de même encore bien désirable.
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 265. SYNT. a) Précédés d'une loc. adv. Un peu, à demi, à moitié déshabillé. b) Précédés d'un adv. Complètement, entièrement, fort déshabillé. − Spéc. [S'appliquant gén. à une femme] Qui porte une toilette légère, peu vêtue. Vous étiez bien déshabillée hier à l'Opéra (Soulié, Mém. diable,t. 2, 1837, p. 190). ♦ P. méton. [Appliqué à une toilette] Des robes colletées ou décolletées, des robes habillées ou déshabillées (Balzac, Corresp.,1822, p. 137). 2. P. anal. [Appliqué à une chose] Dépouillé de tous ses accessoires, dénudé. Son unique maîtresse était désormais cette montagne aux flancs déshabillés, sauvages (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 261). B.− Au fig. 1. [Appliqué à une pers.] a) Sans défense, désarmé : 2. N'avez-vous donc pas compris quelle immense amitié il fallait que j'eusse pour vous pour me permettre de vous dire tout cela, pour me montrer à vous si nu, si déshabillé, si faible, vous qui m'accusez d'orgueil?
Flaubert, Correspondance,1851, p. 335. b) Péj. Cf. déshabiller B 1 b.Madame déshabillée, épluchée, racontée, avec l'acharnement d'une domesticité oisive (Zola, Nana,1880, p. 1438). 2. [Appliqué à un style, à une manière d'être] Débarrassé de tout ornement, simple, cru, naturel. Tout est cru en ce livre, déshabillé, nu (Goncourt, Journal,1858, p. 489). III.− Emploi subst. masc. A.− Sens concr. [Appliqué uniquement aux femmes] Robe d'intérieur, généralement longue et décolletée, faite dans une étoffe légère et seyante. Déshabillé coquet, élégant, galant; déshabillé de dentelle, de mousseline, de soie; déshabillé de nuit. Un élégant déshabillé (...) en mousseline de soie et Chantilly bleu pâle (Jardin des modes,janv. 1951, p. 19): 3. Il fut donc très surpris quand, les ablutions accomplies, il la vit apparaître non en vêtement de ville mais en déshabillé. Elle était entièrement nue, sous un tissu presque transparent. Le centre de son corps faisait sous l'étoffe blonde une tache sombre, comme une mousse marine sous un léger voile d'eau.
Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1320. B.− P. métaph. 1. Manière d'être ou d'agir franche et démunie d'artifices. Synon. dépouillement, nudité.Tout le déshabillé franc de ma pensée (Flaub., Corresp.,1853, p. 101).Cette nuit, ce fut comme un déshabillé d'âme (Goncourt, Journal,1854, p. 144). 2. [Plus spéc. en rapport avec le sens III A] Attitude, comportement négligé, décontracté. En déshabillé. Simple, sans affectation. C'est la conversation en déshabillé (Taine, Nouv. Essais crit. et hist.,1865, p. 166): 4. Une partie de l'art de l'auteur [Marivaux] dans ce roman [Marianne] consiste à imiter le style parlé, à en reproduire les négligences (...) Ce sont de petits airs qui rappellent la causerie et qu'on se donne en écrivant; c'est une manière de se mettre exprès en négligé, parce qu'on sait que le déshabillé vous réussit.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 9, 1851-62, p. 357. Prononc. et Orth. : [dezabije]. Ds Ac. 1694-1932. Fréq. abs. littér. : 266. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 264, b) 571; xxes. : a) 530, b) 280. Bbg. Gohin 1903, p. 343. − Rétif (A.). Affiquets et falbalas. Vie Lang. 1971, p. 455. − Spitzer (L.). Frz. habiller. Z. fr. Spr. Lit. 1919, t. 45, p. 367. |