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DÉSESPOIR, subst. masc.
A.− État de la conscience qui juge une situation désespérée, sans issue.
1. [Soit parce que tout est perdu, parce que l'avenir est fermé] Un désespoir tragique. Le désespoir, c'est presque la destitution de l'âme. Les très grands esprits seuls résistent (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 399).La vie humaine commence de l'autre côté du désespoir (Sartre, Mouches,1943, III, 2, p. 102):
1. Cette France, qui avait paru condamnée au désastre, au désespoir, aux déchirements, a maintenant des chances d'aller, sans se rompre, jusqu'au bout du drame présent, d'être victorieuse elle aussi, de recouvrer ses terres, sa place, sa dignité. De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 321.
Spéc., vocab. jur. En désespoir de cause. À bout d'arguments. P. ext., faire qqc. en désespoir de cause. Faire une tentative, la seule et la dernière que l'on puisse imaginer dans une situation très compromise.
2. [Soit parce que les contradictions et les antinomies la plongent dans le doute, le vide et les incertitudes] Un désespoir absolu. J'avais le doute, c'est-à-dire le désespoir dans l'âme (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 429).Le nihilisme n'est pas seulement désespoir et négation, mais surtout volonté de désespérer et de nier (Camus, Homme rév.,1951, p. 79):
2. ... le désespoir n'est pas seulement péché contre l'adorable bonté divine : les incroyants mêmes conviendront avec moi que c'est un attentat de l'homme contre lui-même et, si je puis dire, un suicide moral. Sartre, La Mort dans l'âme,1949, p. 237.
B.− Grave état d'accablement, de douleur profonde dans lequel tombe une personne à la suite d'un excès de difficultés et d'afflictions extrêmes. Tomber, sombrer dans un désespoir sans nom :
3. Le désespoir n'est pas une idée; c'est une chose, une chose qui torture, qui serre et qui broie le cœur d'un homme comme une tenaille, jusqu'à ce qu'il soit fou et se jette dans la mort comme dans les bras d'une mère. Vigny, Chatterton,1835, p. 237.
SYNT. (éventuellement communs à A et B). a) Désespoir extrême, violent, profond; sombre désespoir; le désespoir de la séparation; un désespoir d'amour; un accès, un acte, une crise de désespoir; le courage, l'énergie du désespoir. b) Être au désespoir; être ivre de désespoir; être en proie au désespoir; être saisi du plus violent désespoir; avoir le désespoir dans l'âme; arracher qqn à son désespoir; mettre, pousser, réduire qqn au désespoir; se livrer au désespoir.
Vieilli. Entrer en désespoir. La fourmilière foraine (...) se voyant ruinée par l'Homme qui rit, entre en désespoir, mais fut éblouie (Hugo, Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 123).
P. hyperb. Être, faire le désespoir de qqn. Ce qui, par sa trop grande difficulté ou beauté, décourage le savoir-faire d'une personne, le talent d'un artiste. Le poli de ses casseroles faisait le désespoir des autres servantes (Flaub., Trois contes,Cœur simple, 1877, p. 6):
4. ... la plupart des désespoirs d'artistes se fondent sur la difficulté ou l'impossibilité de rendre par les moyens de leur art une image qui leur semble se décolorer et se faner en la captant dans une phrase, sur une toile ou sur une portée. Valéry, Variété I,1924, p. 274.
Rem. À noter le désespoir des peintres désignant la saxifrage ombreuse dont la fleur très délicate est difficile à reproduire.
Prononc. et Orth. : [dezεspwa:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1165 « perte de l'espoir » (B. de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans, 20794); 2. a) 1560 « affliction, chagrin » (Grevin, Olimpe, p. 281); b) ca 1560 plur. « crises de désespoir » (Jodelle, Didon, acte II ds Œuvres, éd. E. Balmas, t. 2, p. 172); c) ca 1635 « contrariété, regret » (Voiture, Lettre 79 ds Œuvres, Paris, 1654, p. 276); 3. 1694 « ce qui porte au découragement » (Ac.). Dér. de espoir*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 5 168. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 039, b) 6 644; xxes. : a) 6 106, b) 7 032.