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DÉSÉQUILIBRER, verbe trans.
A.− Faire perdre l'équilibre à quelque chose ou à quelqu'un. Il poussa sa petite auto dans les jambes du gros menaçant. Il espérait ainsi le déséquilibrer (Queneau, Pierrot,1942, p. 30).
− Emploi pronom. Perdre l'équilibre :
1. ... c'est, chez monsieur le directeur, une innocente manie d'abattre, de temps en temps, un élève récalcitrant du revers de la main : vlan! l'habileté pour l'élève visé consiste à prévoir le coup et à se baisser, le directeur se déséquilibre, au rire étouffé de tous. Renard, Poil de carotte,1894, p. 140.
− Au fig. Briser l'harmonie, créer des disparités ou des disproportions :
2. L'équilibre seul anéantit la force. Si on sait par où la société est déséquilibrée, il faut faire ce qu'on peut pour ajouter du poids dans le plateau trop léger. S. Weil, La Pesanteur et la grâce,1943, p. 172.
B.− En partic. Causer un trouble psychique profond et durable :
3. Dès la jeunesse, des troubles hystériques l'avaient déséquilibrée [Tante Dide]. Ardente, passionnée d'amour, secouée de crises, elle était ainsi arrivée au grand âge de quatre-vingt-trois ans, lorsqu'une affreuse douleur, un choc moral terrible l'avait jetée à la démence. Depuis lors, depuis vingt et un ans, c'était chez elle un arrêt de l'intelligence, un affaiblissement brusque, rendant toute réparation impossible. Zola, Le Docteur Pascal,1893, p. 69.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. prés. en emploi adj. déséquilibrant, ante. Qui favorise le déséquilibre. Fluctuations [économiques] d'origine externe, les plus violentes et les plus déséquilibrantes (Univers écon. et soc., 1960, p. 3615). b) Déséquilibrage, subst. masc. mécan. Manque d'équilibrage. Déséquilibrage des coussinets de l'arbre moteur (Champly, Nouv. Encyclop. prat., t. 1, 1927, p. 266). c) Déséquilibration, subst. fém., méd. Fait de perdre l'équilibre physique ou mental. Depuis la simple déséquilibration des facultés jusqu'à la débilité mentale (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 270). La déséquilibration vestibulaire (Ce que Fr. a apporté à méd., 1946, p. 262). d) Déséquilibrement, subst. masc. État de déséquilibre. Le déséquilibrement de sa nature d'hypocondre, qui le jetait aux idées pessimistes (Zola, Joie de vivre, 1884, p. 1057). Attesté ds Guérin 1892.
Prononc. et Orth. : [dezekilibʀe], (je) déséquilibre [dezekili:bʀ ̥]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1860 « causer un déséquilibre mental » (Goncourt, Journal, p. 835); 1876 part. passé adj. [ici fig. d'un état] (Opinion, 9 août, p. 2, col. 2 ds Littré Suppl.); 1883 part. passé adj. (Bourget, Essais psychol., p. 111); 1894 part. passé subst. (Goncourt, Journal, p. 704); 1901 part. prés. adj. (Lorrain, Phocas, p. 222); 2. 1875 « faire perdre l'équilibre » (E. Bergerat, J. officiel, 2 mai, p. 3168, 1recol. ds Littré Suppl.); 1883 part. passé adj. (Rollinat, Névr., p. 173). Dér. de équilibrer*; préf. dé(s)-*. Fréq. abs. littér. : 20. Bbg. Quem. Fichier (s.v. déséquilibrement).