| DÉPRESSION, subst. fém. A.− 1. GÉOGR. Affaissement, creux, fosse. Dépression de terrain, de sol, de vallées; dépression géosynclinale; dépressions fluviales, lacustres, marécageuses; les grandes dépressions marines. Anton. bosse, éminence, renflement, saillie.Une molle dépression a rompu la monotonie du désert (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 189).Leur vie de poissons des grandes dépressions (Malraux, Espoir,1937, p. 797). − P. anal. [En parlant d'un visage, des cheveux, etc.] Dépression du front, des muscles, de la voûte crânienne. Le visage était beau. Viril et marqué de deux grandes dépressions le long des joues (Vercors, Silence mer,1942, p. 29). 2. Au fig. a) ÉCON. Crise économique. La dépression des cours. La chute des valeurs, des titres. Anton. expansion, prospérité.La grande dépression des années 30 (Univers écon. et soc.,1960, p. 3204). b) PSYCHOL. Perturbation du dynamisme de la vie psychique, qui se caractérise par une diminution plus ou moins grave de l'énergie mentale, une certaine pente de l'affectivité qui est marquée par le découragement, la tristesse, l'angoisse. J'oscille sans cesse entre la cime de l'exaltation et la dépression la plus souterraine (Du Bos, Journal,1925, p. 397).L'extrême dépression morale et le désespoir (Rolland, Beeth.,t. 1, 1928, p. 202): 1. Dans le cours de son existence, tout individu souffre de quelque atteinte de neurasthénie, de dépression nerveuse, engendrée par la fatigue, le bruit, les inquiétudes et le surmenage.
Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 135. 2. Un état d'asthénie physique et psychique rendant difficile l'effort sous toutes ses formes (...) aboutit chez le psychasthénique à des états de grande dépression le réduisant à une inaction totale.
Delay, Ét. de psychol. méd.,1953, p. 148. SYNT. Dépression affective, anorexique, cyclique, mélancolique, mentale, morale, nerveuse, névrotique, profonde, réactionnelle; faire une dépression, succomber à la dépression; plonger dans une dépression désespérée. PARAD. (Quasi-)synon. accablement, fatigue, tristesse. (Quasi-)anton. allégresse, enthousiasme, euphorie, surexcitation, survoltage. B.− MÉCAN. Vide partiel qui se produit dans le cylindre ou la tuyauterie d'un moteur. Dépression du moteur, freins à dépression. Anton. expansion.Le piston du cylindre à dépression s'est déplacé vers la droite (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 256). C.− MÉTÉOR. Région de l'atmosphère où la baisse de la pression provoque des vents rotatifs tournant en sens inverse des aiguilles d'une montre, ce qui entraîne le déplacement d'un système nuageux porteur de pluie, neige, etc. Dépression atmosphérique, barométrique, cyclonique; dépression atlantique. Synon. cyclone, zone de basse pression, mauvais temps (cour.).Avez-vous reçu des « météos »? − Oui. Une dépression est annoncée sur les côtes d'Irlande (Peisson, Parti Liverpool,1932, p. 26). Prononc. et Orth. : [depʀ
εsjɔ
̃] ou par harmonisation vocalique (cf. Pt Rob.) : [depʀesjɔ
̃]. Ds Ac. 1762-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1314 « creux » dans une surface (H. de Mondeville, Chirurgie, 2194 ds T.-L.); 1864 géol. (Littré); 2. 1690 phys. (Fur.); 3. 1867 dépression [d'âme] « abattement moral » (Baudel., Curios. esthét., p. 322). B. 1468 « oppression » (G. Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, III, 79, 8). Empr. au lat. impérial depressio « abaissement, renforcement » issu du rad. de depressum supin de deprimere « enfoncer, rabaisser ». Fréq. abs. littér. : 303. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 74, b) 166; xxes. : a) 558, b) 799. DÉR. Dépressionnaire, adj.,météor. Qui est le centre d'une dépression. Centre dépressionnaire; zone dépressionnaire s'étendant de l'Atlantique à la plaine russe. Un système nuageux dépressionnaire (Maurain, Météor.,1950, p. 138).− [depʀ
εsjɔnε:ʀ]. − 1reattest. 1950 id.; de dépression, suff. -aire*. |