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DÉPLORABLE, adj.
A.− Vieilli. Qui inspire des sentiments de douleur, de tristesse, de compassion.
1. Gén. poét. [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] Prince déplorable, famille déplorable, déplorable victime de la tyrannie (Ac.1798-1878).Vous n'avez plus connu que la longue avanie, Aïeule déplorable aux yeux pâlis de pleurs (Péguy, Ève,1913, p. 723).
2. [En parlant d'un inanimé abstr., en partic. d'un fait, d'un état, parfois d'un mode d'expression] Déplorable histoire, déplorable situation. En entendant ces mots, qui semblaient l'exclure, le baron (...) jeta sur l'avocat un déplorable regard (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 317):
1. ... elle m'a remis la lettre, que je vous envoie. Les larmes me sont venues aux yeux en la lisant (...). Vous verrez par cette lettre le déplorable état du marquis... Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1707.
B.− [En parlant d'un inanimé abstr., plus rarement d'une chose concr., parfois d'une pers.]
1. [Avec une nuance de reproche] Qui est très regrettable, en raison notamment de son caractère irréversible; qui inspire une pitié condescendante. Déplorable affaire; effet, erreur, idée déplorable; conséquences déplorables. Le déplorable abandon du perfectionnement moral (Comte, Catéch. posit.,1852, p. 369).
Il est, paraît déplorable de + inf., que.Il serait déplorable que Mendès (...) n'eût pas écrit tant de nouvelles terriblement charmantes (Verlaine, Œuvres compl.,t. 5, Biogr. poètes et littérat. (Theuriet), 1896, p. 471):
2. ... le recueil des histoires inventées faisait suite au recueil des « mots » authentiques, qu'il me paraissait déplorable de laisser sombrer dans l'oubli. Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1188.
2. Qui est médiocre ou mauvais du point de vue physique, esthétique, moral, intellectuel, en ce qui concerne l'efficacité, le fonctionnement, par rapport à une norme déterminée. Élève déplorable; goût, réputation, santé déplorable; conditions déplorables. Synon. lamentable.L'insuffisante et déplorable gestion des affaires publiques (Vogüé, Morts,1899, p. 191).J'avais eu, cette semaine-là, des notes déplorables. Ma conduite était mauvaise, mon travail nul (A. France, Vie fleur,1922, p. 337):
3. Schaunard était excellent virtuose, mais mauvais diplomate. (...) Momus était d'une humeur massacrante, et, aux premières ouvertures de Schaunard, il entra dans une violente colère. Schaunard était bon musicien, mais il avait un caractère déplorable. Il répondit par des insolences à double détente. Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 126.
Prononc. et Orth. : [deplɔ ʀabl̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Fin xves. « qui mérite d'être déploré, digne de pitié » (Jean Robertet, Complainte sur la mort de Chastellain ds Œuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, VIII, 349); 2. 1803 fam. « médiocre, très mauvais » (Chateaubr., Génie, t. 2, p. 156). Dér. de déplorer*; suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 931. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 813, b) 1 603; xxes. : a) 1 413, b) 701.