| DÉFROQUÉ, ÉE, part. passé et adj. I.− Part. passé de défroquer*. II.− Emploi adj. et subst., péj. A.− Emploi adj. Qui a quitté le froc, l'état monastique ou ecclésiastique. Dominicain défroqué; prêtre, séminariste défroqué; religieuse défroquée. Non pas un moine renégat, un moine défroqué, mais un vrai moine (A. France, Rabelais,1924, p. 225).Il a tout du curé défroqué, même l'odeur (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 61). − Emploi subst. avec valeur de neutre. Il [l'abbé de Pradt] avait gardé de la Révolution quelque chose de déclassé, de défroqué et de mal renfroqué (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 9, 1863-69, p. 239). Rem. On rencontre ds la docum. défroqué au sens de « qui a perdu ses vêtements ou son froc (pantalon) » en lang. pop. Il écarte la foule!... Sa redingote n'a plus de basques... Il est complètement défroqué (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 540). B.− Emploi subst. Celui, celle qui a quitté le froc, l'état monastique ou ecclésiastique. Des apostats, des défroqués, des évêques vendus à Dumay : le groupe des prêtres avec tache (Barrès, Renan,1888, p. 62).Tu ne vois pas qu'elle [la soutane] s'attachera à lui comme de la glu? que ce souvenir le suivra partout et lui fera une réputation de défroqué? (Mauriac, Destins,1926, p. 14): De la foi qu'elle avait perdue la malheureuse défroquée n'avait gardé que des habitudes indéracinables, le goût des « foyers chrétiens », une méfiance insurmontable des impies, des mal-pensants.
Bernanos, Un Crime,1935, p. 868. − P. ext. 1. Celui qui a renoncé à une carrière commencée dans une institution autre que l'Église. Le prêtre qui devient journaliste, l'avocat qui se fait comédien, le professeur qui change sa chaire en tribune, l'officier qui casse son sabre et finit dans un couvent la vie qu'il commença dans une caserne, tous ces gens là sont des défroqués (Lar. 19e). ♦ [Avec un compl. prép. de indiquant ce qu'on a quitté] Tous ces défroqués de l'Armée, de l'Église ou de la Sorbonne portent leurs vêtements bourgeois comme une tunique, une soutane ou une toge (Lar. 19e). 2. Celui qui a abandonné une doctrine. Le grand défroqué du protestantisme [Brichot à propos de Kant] (Proust, Prisonn.,1922, p. 282).Les curés ont un faible pour les défroqués du communisme (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 164). Fréq. abs. littér. : 57. |