| DÉFRICHER, verbe trans. AGRIC. Rendre cultivable une terre en friche, en éliminant les broussailles, etc. : La seule précaution qu'elle prît aux jours de partage et de délimitation fut de s'approprier les meilleures parts, les territoires d'un rapport immédiat, en nous laissant la charge de défricher, d'engraisser et de mettre en valeur les autres. « Le coq gaulois aime à gratter le sable », disait lord Salisbury. On se fiait à notre industrie, à notre génie et à notre goût pour faire jaillir du désert insalubre les fontaines et les jardins.
Maurras, Kiel et Tanger,1914, p. 130. ♦ Emploi pronom. passif. Les terres se défrichaient; la petite culture, les petits propriétaires envahissaient et mettaient graduellement en valeur la montagne (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 49). ♦ Absol. Mais en essartant il faut vivre; pendant qu'on défrichait pour le voisin, on ne défrichait pas pour soi (Proudhon, Propriété?1840, p. 214). − P. métaph. ♦ Rendre productif, cultiver. Quel est exactement le plaisir que je viens demander à la vieille Égypte? Qu'elle défriche en moi des parties fécondes. Qu'elle éveille, cultive, fasse lever et fleurir certains de mes sentiments profonds (Barrès, Cahiers,t. 6, 1907-08, p. 153). ♦ Éclaircir un sujet embrouillé avant de l'étudier à fond, dégrossir. Une bonne raison pour ne pas parler de la mythologie indienne d'une manière suivie et avec de grands détails, c'est que nous la défrichons dans ce moment (Constant, Journaux,1804, p. 151). Prononc. et Orth. : [defʀiʃe], (je) défriche [defʀiʃ]. Ds Ac. 1694, s.v. deffricher (cf. dé-); puis ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1356 deffricher (Reg. du chap. de S. J. de Jérus., A.N. MM 28, fo28 vods Gdf. Compl.); av. 1615 fig. « éclaircir une affaire » (Pasquier ds Dochez). Dér. de friche*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 116. |