| ![]() ![]() ![]() ![]() DÉFENDU, UE, part. passé et adj. I.− Part. passé de défendre*. II.− Emploi adj. A.− [En parlant d'une pers. ou d'un inanimé] Qui est aidé, soutenu contre une attaque. Mal défendu. En cette fin de siècle, les vieux chefs d'école sont peu soutenus, peu défendus (Goncourt, Journal,1896, p. 952).J'étais faite pour vivre tranquille et bien défendue (Claudel, Part. de midi,1906, p. 1040).En 1940 Paris, non défendu, tombait aux mains de l'ennemi (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 462). B.− [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] Qui fait l'objet d'une interdiction. Plaisir défendu; choses, joies défendues; permis et défendu. Comme un collégien qui cache un roman défendu dans son pupitre (Zola, Ventre Paris,1873, p. 843): 1. C'est par ces pieuses pensées que le peuple et le clergé abrégent la longueur du carême. Ils croient faire assez pour leur salut en s'interdisant les viandes défendues, et ils s'imaginent que la soumission de l'estomac les dispense de celle du cœur.
About, La Grèce contemporaine,1854, p. 285. 2. Maintenant elle [ma mère] sentait bien que sa froideur apparente n'eût plus rien changé, et la tendresse qu'elle me prodiguait était comme ces aliments défendus qu'on ne refuse plus aux malades, quand il est assuré qu'ils ne peuvent plus guérir.
Proust, La Fugitive,1922, p. 624. − Par hypallage. Faire l'amour pendant les heures défendues du Ramadan (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1436). − Fruit défendu, arbre défendu [p. réf. à la Genèse 3,3] : 3. Milton déclare qu'il chante la désobéissance de l'homme, et le fruit défendu qui fit entrer la mort dans le monde, etc.
Chateaubriand, Les Martyrs,t. 1, 1810, p. 40. ♦ Au fig. Chose que l'on désire avec d'autant plus de convoitise qu'elle est interdite. C'est fruit défendu [le fou rire], partant exquis (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 73): 4. Elle avait rouvert son sac et en tirait une terrine de foie gras. Les yeux de Chanteau s'allumèrent. Du foie gras! Du fruit défendu! Une friandise adorée que son médecin lui interdisait absolument!
Zola, La Joie de vivre,1884, p. 818. − Emploi subst. sing. avec valeur de neutre. Le sentiment du défendu, de l'index, l'écrasait (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 131): 5. Julie toujours nerveuse, surexcitée, (...) toujours à côtoyer le défendu, se lançant à la demi-aventure, demandant sans cesse un plaisir, un divertissement, une émotion qui satisfasse en elle ce désir d'agitation, de mouvement, d'imprévu, d'inconnu, qui enfièvre les sens que les femmes ont dans la tête, Julie est la femme qui côtoie le défendu.
Goncourt, Journal,1862, p. 1142. Prononc. et Orth. : [defɑ
̃dy]. Ds Ac. 1694-1932. Fréq. abs. littér. : 2 168. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 328, b) 3 230; xxes. : a) 3 159, b) 2 748. |