| DÉCROIRE, verbe trans. Vx, fam., employé absol. Ne pas croire; cesser de croire ce que l'on a cru; ne pas ajouter foi à quelque chose. Denuelle croit que c'est [la fresque du Puy] une peinture à l'huile. Je ne crois ni ne décrois, mais cela me paraît plutôt une détrempe vernie (Mérimée, Lettres à Viollet-le-Duc,1870, p. 11).Je ne sais pas, je ne sais pas plus que vous. Si vous l'avez cru, il faut décroire (Giono, Lanceurs de graines,1943, II, 10, p. 156):[La jeunesse] nous avait vus si souvent croire et décroire, nous les anciens, qu'elle était arrivée à ne plus nous croire du tout.
G. d'Esparbès, Ceux de l'an 14!1917, p. 11. Rem. Gén. employé en oppos. avec croire. Prononc. et Orth. Dernière transcr. ds DG : dé-krwàr. Ds Ac. 1694 et 1718 sous l'anc. forme descroire; ds Ac. 1740-1878 sous la forme mod. Homon. et homogr. formes de décroître. Étymol. et Hist. [Ca 1175 descreü adj. « peu digne de foi, mécréant » (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 12593)]. Début xiiies. descreire « ne pas croire » (Clement pape, ms. Trinity College, 14878 ds T.-L.) − av. 1770, Trublet ds Guérin; rare dep. le xviies., le verbe n'a survécu quelque temps que ds les loc. ne croire ni (ne) décroire, croire ou décroire (1559 [éd. 1567] Amyot ds Hug.). Composé de dé-* et de croire* d'apr. le b. lat. discredere « ne pas croire, refuser de croire » (surtout au sens relig.). Fréq. abs. littér. : 34. |