| ![]() ![]() ![]() ![]() DÉCORÉ, ÉE, part. passé et adj. I.− Part. passé de décorer*. II.− Adjectif A.− [P. réf. à décor A et décoration A] 1. [Avec une idée d'intention marquée, de recherche] a) [En parlant d'un édifice, d'un appartement, d'une pièce, etc.] Garni d'ornements (peintures, dorures, lambris, tableaux, meubles, etc.) destinés à embellir. Ce salonnet, décoré de croix, de saintes gravures, de beaux meubles et de beaux livres d'un goût pieusement exquis (E. de Guérin, Journal,1840, p. 332). b) En partic. [En parlant de certains obj. (faïences, porcelaines, céramiques, etc.) ou de certains meubles] Orné de dessins, peintures. De la porcelaine de Sèvres, décorée de fines peintures bleues et roses (Zola, E. Rougon,1876, p. 163). − P. anal. [À propos de pers.] Un torse grêle, mais décoré d'admirables tatouages en trois encres (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1309). c) Spéc., ART CULIN. [En parlant de mets.] Dont la présentation est agrémentée par divers procédés. Des poissons, des poulardes, des coqs de bruyère, des bécasses, des pigeons, apportés tout décorés et fumants (Proust, Guermantes 1,1920, p. 98): 1. Sur ce bulletin, où on demandait au consommateur d'écrire s'il était mécontent, une phrase perfide sur les chocolats moulés ou décorés d'une façon sans doute artistique établissait la différence qui existe entre ces chocolats de parade et la robuste, la simple, la vigoureuse « savoyarde », en qui tout était sacrifié à la qualité nutritive.
Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 26. 2. P. ext. [Sans idée d'intention, de recherche, en parlant d'une chose, qqf. d'une pers.] a) P. anal. Qui est paré, rendu plus beau par des moyens concrets à effet décoratif. Les cimes [des arbres] décorées de toute la pompe de la végétation (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 258).La tête nue, décorée de cheveux grisonnants, et assez poétiquement épars (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 219). − P. iron. Des femmes qui (...) décorées par des cancroïdes de la face, n'ont plus qu'une moitié de visage (Huysmans, Foules Lourdes,1906, p. 63). b) P. métaph. Qui est rehaussé par des valeurs morales. Cette jeune femme (...) ses traits purs et décorés du calme d'une secrète douleur (Soulié, Mém. diable,t. 1, 1837, p. 223). B.− [P. réf. à décor A 2 p. anal. rem. et décoration B] 1. [En parlant d'une pers.] Qui a reçu, qui porte une décoration en marque d'honneur. Décoré de la Légion d'honneur ou absol. décoré. L'aîné des deux garçons, décoré de la croix de mérite de son lycée (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 262).Je reviens décoré des mains de mon général, pour quelques faibles preuves de dévouement et de zèle (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 4): 2. J'ai envie de lui mettre ma boutonnière sous le nez : « Vous ne voyez donc pas que je suis chevalier de la Légion d'honneur? C'est bien la peine d'être connu et décoré! » ...
Renard, Journal,1900, p. 604. − Emploi subst. Un décoré, les décorés : 3. L'aîné de nous est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Et comme toutes les joies de la vie, celle-ci arrive incomplète et le décoré est prêt à en souffrir... Quelque orgueil, au fond, de cette décoration, qui aura eu cette rareté de n'avoir été ni demandée, ni sollicitée...
Goncourt, Journal,1867, p. 372. ♦ En partic. Les décorés de Juillet. Les décorés de juillet 1830. Secourir les malheureux décorés de Juillet (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 73). − Fam. (et p. plaisant.). Ils [les deux jeunes hommes] sont décorés de bonne heure, l'un de six mois de prison, pour avoir combattu l'échafaud, l'autre de neuf mois, pour avoir défendu le droit d'asile (Hugo, Actes et par.,4, 1885, p. 371). ♦ En partic. [P. réf. à la croix qui orne les tombes] Être décoré d'une croix de bois. Être mort (attesté ds Lar. 19e-20e). 2. P. métaph., péj. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Dissimulé sous des apparences faussement séduisantes, honoré d'une distinction imméritée. Un petit trou obscur, décoré du nom de chambre (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 279).Petit préjugé, décoré du nom d'opinion (J. Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1908, p. 344). Fréq. abs. littér. : 937. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 345, b) 1 603; xxes. : a) 1 781, b) 906. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 365. |