| DÉCLINER1, verbe intrans. A.− S'écarter d'une direction donnée. Décliner vers.J'avais le projet de décliner ensuite vers le sud-ouest, et de couper la route du capitaine Clerke (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p. 296).Je déclinai un peu vers la droite de cette mosquée (Lamart., Voy. Orient,t. 1, 1835, p. 426). 1. ASTRON. [Le suj. désigne un astre] S'éloigner de l'équateur; redescendre vers l'horizon après avoir atteint son point culminant. Le soleil décline. L'astre déclinait avec le jour finissant et s'en allait (...), pareil à un œil de clarté vive que la paupière recouvre (Zola, Rêve,1888, p. 67). − P. ext. a) [Le suj. désigne des phénomènes cycliques de la nature] Décroître après avoir atteint son apogée. Décliner sur, dans.L'hiver décline. La saison déclinoit vers l'automne; saison mélancolique où (...) le jour qui s'abrège, la nuit qui s'étend (...) rappellent la destinée de l'homme (Chateaubr., Natchez,1826, p. 433).Le jour déclinait, le soleil était sur son penchant (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 235). ♦ P. compar. Mes jours sont passés, ils ont décliné comme l'ombre; mes pensées sont évanouies, mes espérances dissipées (Cottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 338). b) [Le suj. désigne des périodes temp. ou des œuvres liées à ces périodes] Le dix-septième siècle avec son roi rayonne et disparaît; le dix-huitième (...) verse en déclinant sa douceur et sa joie de vivre (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 273).Les sciences et les lettres prospéraient ou déclinaient avec la fortune ou l'abaissement des empires (Guéhenno, Jean-Jacques,1950, p. 15). 2. GÉOGR. (orientation). [Le suj. désigne l'aiguille aimantée de la boussole] S'écarter du Nord géographique du méridien terrestre vers le Nord magnétique. 3. PHILOS. ANC. [Dans le système d'Épicure et de Lucrèce, le suj. désigne des atomes] Dévier de la chute verticale pour rencontrer d'autres atomes et former un corps. L'atome n'est pas autonome et parfait, n'est pas lui-même, mais fonction d'autre chose, tant qu'il n'est pas posé avec la capacité de décliner (Lucrèce, De la Nature des choses,Préf. et commentaires par G. Cogniot, Paris, éd. sociales, 1954, p. 37). B.− Pencher vers sa fin, perdre de sa vitalité ou de son influence. 1. [Le suj. désigne une pers. considérée dans ses forces physiques, morales et intellectuelles] De jour en jour, je décline et m'affaisse (Sandeau, Mllede la Seiglière,1848, p. 266).Ils perdirent cette vitalité et cette puissance de joie qui devait être leur profonde raison de vivre, puisque dès lors les plus robustes de la race déclinèrent et un à un s'acheminèrent vers le tombeau (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 29): 1. Donc, homme célèbre, grand artiste, mange-toi la cervelle, brûle ton sang, pour monter encore, toujours plus haut, toujours plus haut; et, si tu piétines sur place, au sommet, estime-toi heureux, use tes pieds à piétiner le plus longtemps possible; et, si tu sens que tu déclines, eh bien! achève de te briser, en roulant dans l'agonie de ton talent...
Zola, L'Œuvre,1886, p. 197. 2. P. ext. a) [Le suj. désigne l'âme, des sentiments, etc., produits de l'affectivité hum.] Il faut chercher à nourrir, à faire croître ces pensées, cependant que décline le sentiment qui n'est plus qu'un souvenir (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 632): 2. ... je voyois l'ame humaine s'élever, comme le soleil radieux sort du sein des ondes (...), elle n'étoit point enchaînée comme lui dans un cours circulaire, où, lorsqu'elle auroit atteint son dernier point d'élévation, elle eût été forcée de décliner, sans jamais séjourner à demeure dans le lieu du repos. Mais suivant rapidement la ligne de l'infini, où elle a puisé la naissance, elle s'élevoit vers le sommet des cieux, et tendoit sans la moindre déviation, vers ce centre unique qui, siégeant de toute éternité au rang suprême, ne pourra jamais décliner.
Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 81. b) [Le suj. désigne une entité abstr.] La féodalité déclinait depuis longtemps et touchait à sa fin (Bainville, Hist. Fr.,t. 2, 1924, p. 35). Rem. On rencontre ds la docum. déclination, subst. fém., déclinement, subst. masc. Action de décliner; résultat de cette action. La déclination de l'astre (H. Poincaré, Hyp. cosmogon., 1911, p. 148). Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes., avec prédominance de la forme déclination. Prononc. et Orth. : [dekline], (je) décline [deklin]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Cf. décliner3. DÉR. Déclinatoire, subst. masc.Instrument muni d'une aiguille aimantée et servant à déterminer l'inclinaison ou la déclinaison d'un plan, d'une planchette, etc. Derrière le cristal des grands déclinatoires, L'aiguille se mourait (Titeux, Saint-Cyr,1898, p. 674).Attesté aussi ds Ac. Compl. 1842, Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Littré, Guérin 1892, DG, Rob., Quillet 1965 (qqf. sous la forme déclinateur).− [deklinatwa:ʀ]. − 1reattest. 1701 « boussole » (Fur.); dér. sav. de décliner1, suff. -(at)oire*. |