| DÉBINER1, verbe trans. A.− Fam. [L'obj. désigne une pers.] Dénigrer quelqu'un ou quelque chose en le discréditant par des propos malveillants ou calomnieux. Les copains existaient pour grignoter votre temps, débiner votre peinture (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 261): 1. Il fait des pièces de vers détachées superbes, mais ne trouve pas de sujet de drame : c'est là ce qui le désole et lui fait prendre le genre humain en haine. Il débine tout le monde.
Flaubert, Correspondance,1868, p. 354. − Emploi pronom. réciproque. C'est étonnant comme, entre littérateurs, on peut s'aimer tout en se débinant! (Renard, Journal,1890, p. 69). − P. ext., arg. Débiner le pante. ,,Voler l'homme qu'un autre voleur s'était réservé`` (France 1907). Rem. Attesté ds Larch. Nouv. Suppl. 1889. B.− P. ext., pop. [L'obj. désigne une chose] Dévoiler le secret de quelque chose. Débiner le truc : 2. Mais le truc est débiné, ma chère! Un héros maintenant, nous savons ce que c'est! C'est un grotesque en zinc, avec un casque de zinc, un fusil en zinc, une capote et une culotte de zinc, des molletières de zinc, ...
Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 959. Prononc. : [debine], (je) débine [debin]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1790 intrans. « passer aux aveux, cesser de se défendre » (Le Rat du Châtelet, 18 ds Fr. mod. t. 14, p. 52); 1821 trans. « dire du mal de quelqu'un » (Fr. mod. t. 24, p. 308); 1867 débiner le truc « révéler un secret » (Delvau). Étymol. obscure, cf. m. fr. rebineur « qui se rétracte » (1571 La Porte ds Hug.), rangé par FEW t. 1, p. 371a, s.v. *binare, v. biner; cf. aussi bêcher « dire du mal de quelqu'un ». DÉR. 1. Débinage, subst. masc.,fam. Action de dénigrer quelqu'un ou quelque chose. Jamais non plus un mot de plainte, jamais un débinage contre ses maîtres (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 172).− [debina:ʒ]. − 1reattest. 1836 « médisance » (Les Voleurs de Vidocq d'apr. Esn.); de débiner1, suff. -age*. − Fréq. abs. littér. : 20. 2. Débineur, euse, subst. et adj.Qui discrédite quelqu'un ou quelque chose par ses propos malveillants. Je n'ai jamais trouvé la princesse si débineuse des gens avec lesquels elle vit tous les jours (Goncourt, Journal,1893, p. 454).Et j'écoute volontiers, car il y a souvent d'utiles indications à glaner dans les médisances baveuses de ce débineur toujours prêt à manger le morceau (Colette, Cl. s'en va,1903, pp. 281-282).− [debinœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1reattest. 1875 (d'apr. Esn. 1966); de débiner1, suff. -eur2*, -euse. − Fréq. abs. littér. : 13. BBG. − Quem. 2es. t. 1 1970. − Quem. Fichier. − Sain. Lang. par. 1920, p. 104 (s.v. débinage). |