| DÉBANDADE, subst. fém. Dispersion, fuite ou retour désordonné. Anton. ordre, discipline, organisation.A.− 1. [Le compl. de nom, exprimé ou non, désigne une troupe] Action de se débander, de rompre les rangs. Synon. panique, retraite : ... une débandade, une fuite vers le fleuve, qui se serait à coup sûr changée en déroute, si des troupes fraîches avaient soutenu les marins, déjà exténués et décimés.
Zola, La Débâcle,1892, p. 223. 2. [Le compl. de nom, exprimé ou non, désigne une pers. ou un animal] La joyeuse débandade d'un retour de marché (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 233).Une débandade de pourceaux, des hottées d'enfants demi-nus (Lorrain, Heures Corse,1905, p. 101). 3. [Le compl. de nom désigne une chose] Désordre complet. Une débandade de bouteilles, de casseroles, de dossiers, de flacons, de livres. Une débandade de chaises renversées, culbutées (Zola, Ventre Paris,1873, p. 811). − Au fig. Une débandade générale, morale. La vie se compose ainsi de débandades et d'assauts, − jusqu'à la grande débandade finale, d'où l'on ne se relève pas (Sainte-Beuve, Corresp. gén.,t. 2, 1818-69, p. 510).Dans l'universelle débandade, c'est aux juges qu'on laisse le soin de gouverner (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 501). B.− Loc. adv. 1. À la débandade. En désordre, n'importe comment. Anton. en ligne, en ordre.Des foules de petites pâquerettes blanches, en tas, à la débandade, par groupes (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1369).Ses vieux cheveux gris tout bouclés à la débandade sous le feutre crasseux (Vialar, 4 Zingari,1959, p. 12). ♦ Aller à la débandade. À vau-l'eau. Si l'on ne tient pas les domestiques, tout va à la débandade (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 201). ♦ Laisser aller à la débandade. Ici, il n'a songé qu'à bien vivre; il a tout laissé aller à la débandade (Zola, Faute Abbé Mouret,1875, p. 1237). 2. En débandade. Même sens. Un tumulte de voix en débandade (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 211). Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. débandage, vieilli. Le prisonnier (...) se jeta hors de la colonne et se perdit dans l'obscurité (...) On ne le poursuivit pas (...) Et d'ailleurs, le débandage eût pu se mettre dans les rangs (Hugo, Hist. crime, 1877, p. 134). Prononc. et Orth. : [debɑ
̃dad]. Ds Ac. 1740-1932. Étymol. et Hist. 1559 a la desbandade « en désordre » (Amyot ds Dochez); 1581 debendade sens obsc., prob. fig. (Le cabinet du roy de France, p. 98 ds Gdf. Compl.); 1585 id. « sans réfléchir, tête baissée » (Noël du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. II, XXIX, p. 238); 1608 « en désordre » (Cayet, Chron. nov., p. 256 ds Gdf. Compl.). Dér. de débander2*; suff. -ade*. Fréq. abs. littér. : 211. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 24, b) 531; xxes. : a) 699, b) 170. |