| CYNIQUE, adj. et subst. A.− Rare, uniquement adj. Qui est relatif au chien, en présente les caractères. − [Avec un jeu sur le mot] Des chiens naviguaient là-dedans comme chez eux. Un roquet, tout cynique, ce qui est assez naturel, allait faire ses besoins sous leur nez (Montherl., Bestiaires,1926, p. 519). − MÉD. Spasme cynique. Mouvement convulsif des joues et des lèvres. Rem. Attesté par la plupart des dict. gén. excepté Ac. B.− HIST. PHILOS., adj. et subst. Qui est relatif à l'école philosophique de Diogène et d'Antisthène, suivant laquelle la pratique de la vertu consiste à mépriser les conventions sociales, à braver l'opinion publique, dans le but de revenir à l'état de nature; subst. adepte de la philosophie de Diogène et d'Antisthène : 1. Ainsi la philosophie rejette les vieux principes des sociétés, et cherche un fondement nouveau sur lequel elle puisse appuyer les lois sociales et l'idée de patrie. L'école cynique va plus loin. Elle nie la patrie elle-même. Diogène se vantait de n'avoir droit de cité nulle part, et Cratès disait que sa patrie à lui c'était le mépris de l'opinion des autres. Les cyniques ajoutaient cette vérité alors bien nouvelle, que l'homme est citoyen de l'univers et que la patrie n'est pas l'étroite enceinte d'une ville.
Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 469. − [P. anal. de comportement] P. ext. (Celle, celui) qui est sans principe; qui est provocant, insolent, aux limites de l'impudence. Une monarchie à esclaves est logique. Une république à esclaves est cynique (Hugo, Actes et par.,2, 1875, p. 442).Vous l'entendez? Un homme sans principe, un cynique! Ah, fumer, ça c'est son fort! (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 128): 2. Les gens les plus affranchis de scrupules, les débauchés les plus cyniques ne se sont pas permis ça.
Flers, Caillavet, M. Brotonneau,1923, p. 22. 3. Sans Gustave, Claire ne serait pas morte! Comme il l'avait trompée! Quel mépris d'une tendresse unique! Après le martyre de l'angoisse indicible, l'abandon cynique, et lui, pendant ce temps, courant le tripot, une maîtresse au bras! ...
Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 274. Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. composé cynico-machiavélique. Qui est machiavélique de façon cynique. Ce n'est plus ici, bien entendu, le héros cynico-machiavélique qui parle (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 132). Prononc. et Orth. : [sinik]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. 1375, éd. 1531 philosophes ciniques « qui appartient à l'école philosophique d'Antisthéné » (Raoul de Presles, Cité de Dieu, 1 de R. Hist. litt. Fr. t. 8, p. 505); 2. 1552 à la cynique « comme des chiens, impudemment » (Rabelais, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, chap. 18); 1674 adj. « impudent, effronté » rimes cyniques (Boil., A. poetique, II, p. 173); 3. 1752 pathol. spasme cynique (Trév. Suppl.). 1, 2 empr. au lat. class. Cynicus « qui appartient à la secte des cyniques » (< gr. κ
υ
ν
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ς de κ
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́
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ν « chien » parce que les adeptes de cette école se moquaient des convenances); 3 cf. lat. cynicus spasticus trad. du gr. κ
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ν
ι
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ς (Celse ds TLL s.v., 1590, 26). Fréq. abs. littér. : 489. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 338, b) 722; xxes. : a) 537, b) 1 080. DÉR. Cyniquement, adv.De manière cynique. Il répondit cyniquement (Ac.1932).Oui, même après avoir été brutalement et cyniquement chassé (...) il [Christian] l'aimait encore assez [Séphora] (A. Daudet, Rois en exil,1879, pp. 467-468).− [sinikmɑ
̃]. Ds Ac. 1932. − 1reattest. 1537 (Apopht. d'Erasme ds DG), attest. isolée, repris au xixes. 1844 (Balzac, Splend. et mis., p. 140 : cyniquement spirituel); du rad. de cynique, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér. : 78. |