| CUPIDE, adj. A.− Littér., vieilli. [En parlant d'une pers.] Cupide de + subst. abstr. désignant l'obj. de la cupidité.Qui est animé d'un désir violent et immodéré de jouir (de quelque chose), de posséder (quelque chose). (Quasi-) synon. avide : 1. Moi, je veux gagner et garder... Quoi? ... Je n'en sais rien... Le bonheur que j'ai... ou que je n'ai pas. Je suis cupide à ma manière, cupide de rêve, d'illusions.
A. France, Le Lys rouge,1894, p. 66. − Emploi subst. : 2. Il éprouvait, à devoir se jeter dans cette mêlée, à être confondu avec la bande d'affamés, de cupides et d'ambitieux qui se ruaient à l'assaut des honneurs, une espèce d'écœurement et de honte, comme s'il avait souillé sa soutane.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 493. B.− Usuel. [Gén. sans compl.] 1. [En parlant d'une pers.] Qui est avide d'argent et de richesse. (Quasi-)synon. contextuels avare, avide, intéressé, rapace; anton. désintéressé, prodigue : 3. Il y avait en lui [le père Frack], enfoui sous la carapace du boutiquier, du revendeur près de ses sous et cupide, un idéaliste désintéressé.
Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 369. ♦ Emploi subst. : 4. Chaque soir, la journée ordinaire finie, les cupides et les courageux avaient licence de s'inscrire à leur gré pour des heures supplémentaires...
Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 214. − P. ext. [En parlant d'abstractions ou d'entités personnifiées] Il [Chaudesaigues] dépasse (...) les plus cupides sommets littéraires de toute la hauteur d'un Himalaya (Bloy, Désesp.,1886, p. 255).Je rêve quelquefois aux frais coffrets de pierre Où la cupide Mort met ses joyaux de prix (Toulet, Vers inéd.,1920, p. 8). 2. [En parlant des sentiments, du comportement] Qui est inspiré par la cupidité; qui trahit la cupidité. Un regard, un sourire cupide; un but, une pensée cupide; des passions cupides. Elle [Musette] n'avait point la servilité cupide, ordinaire chez ces créatures qui ne savent lire que barême et n'écrivent qu'en chiffres (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 235).Le mythomane pervers ne joue plus pour jouer. Il veut satisfaire une intention cupide, lubrique, passionnelle ou intéressée (Mounier, Traité caract.,1946, p. 382). Rem. On rencontre ds la plupart des dict. (sauf Ac.) l'adv. cupidement. D'une manière cupide, avec cupidité. Prononc. et Orth. : [kypid]. Ds Ac. 1798-1932, mais aussi déjà ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. 1371 [ou 1571] cupide de « désireux (de) » (Instr. concern. le conc. de Trente ds Gdf. Compl.); ca 1500 (Terence en franç., fo257 ro, ibid.); qualifié de ,,vieux mot`` de Fur. 1690 à Trév. 1771; ne subsiste que dans le sens ,,avide de richesses`` xve-xvies. cupide (L'Amant ressuscité, p. 106 ds La Curne). Empr. au lat. class. cupidus « désireux; avide de ». Fréq. abs. littér. : 90. Bbg. Gohin 1903, p. 312. |