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CRITIQUE3, subst. fém.
A.− Capacité de l'esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur, après avoir discerné ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections. Être dénué de critique; manquer de critique. (Quasi-)synon. jugement, discernement.Cf. auto(-)critique.Quand ces événements ont quelque ancienneté, ils nous parviennent du moins dégagés de tout leur faux entourage par la sagesse et la saine critique des historiens (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 218).Son esprit avait pris une énorme étendue, et des habitudes de critique lui permettaient de juger sainement (Balzac, Béatrix,1839-45, p. 69).
En partic. Esprit de libre examen qui, dans ses jugements, écarte, rejette l'autorité des dogmes, des conventions, des préjugés. L'auteur s'y montre crédule à l'excès et dénué de toute critique (A. France, Île ping.,1908, p. 179):
1. Et ne dites pas que c'est là le scepticisme; c'est la critique, c'est-à-dire la discussion ultérieure et transcendante de ce qui avait d'abord été admis sans un examen suffisant, pour en tirer une vérité plus pure et plus avancée. Renan, L'Avenir de la science,1890, p. 62.
Péj. Tendance caractérielle à relever les défauts, les imperfections. C'est assez la critique des gens de cette cour (...). Ils appellent exagéré tout ce qu'ils ne sentent pas (Staël, Lettres jeun.,1786, p. 63).Son vieux fonds de malice et de critique le portait à faire chercher aux gens peu soigneux les objets égarés (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 419).
B.− Examen constituant la première phase de la capacité de l'esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur.
1. Gén. [Avec un déterm.] Examen objectif, raisonné auquel on soumet quelqu'un ou quelque chose en vue de discerner ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections. Venons maintenant à la critique des mots (Flaub., Corresp.,1852, p. 80).C'est par l'âpre critique de la propriété, de la rente, du fermage, du profit, que répliqua Proudhon (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 143):
2. ...la parole écrite et multipliée par la presse, en portant la discussion, la critique et l'examen sur tout, en appelant la lumière de toutes les intelligences sur chaque point de fait ou de contestation dans le monde, amène invinciblement l'âge de raison pour l'humanité. Lamartine, Voyage en Orient,t. 2, 1835, p. 37.
SYNT. Faire la/une critique de, passer à la critique de, procéder à la critique de, soumettre qqn/qqc. à la/une critique.
2. [Le déterm. éventuel désigne un domaine sc., littér., techn.] Méthode d'examen mettant en jeu des critères variables selon les domaines, d'après lesquels il est possible de discerner les parts respectives des mérites et des défauts d'une entreprise, d'une œuvre, d'un système de pensée. Critique biblique, expérimentale, sociale, théologique. La critique, cet art précieux d'apprécier les productions scientifiques (Marat, Pamphlets, Les Charlatans mod., 1791, p. 271).La critique philosophique va plus loin (Cournot, Fondem. connaiss.,1851, p. 599).La critique des sciences physiques (Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p. 115).
Critique historique. Méthode d'examen appliquée aux textes et aux documents qui relatent des événements, et visant à interpréter avec discernement leur contenu et à estimer leur valeur testimoniale. Les mêmes défauts de critique historique, provenant de la confusion des dates et des milieux (Renan, Souv. enfance,1883, p. 281).
Critique verbale ou critique des textes. Méthode qui a pour objet de restituer la teneur originale d'un texte, d'un document à partir des copies qui en subsistent. Il faut avoir l'habitude de la critique des textes et de la méthode historique (Renan, Souv. enfance,1883p. 238).
3. [Le déterm. éventuel désigne un domaine des Belles-Lettres ou des B.-A. ou le point de vue adopté] Examen raisonné des ouvrages de l'esprit et des productions artistiques, conduit d'après des critères variables, qui s'achève par un jugement de valeur. Critique littéraire, critique homérique. Critique des Nourritures (Thibaudet). J'ai pris pour sujet de travail la critique du dernier ouvrage philosophique de M. de Bonald (Maine de Biran, Journal,1818, p. 145):
3. Il faut traiter les choses de l'esprit avec l'esprit, et non avec le sang, la bile, les humeurs. Où n'est pas l'agrément et quelque sérénité là ne sont plus les Belles-Lettres. Quelque aménité doit se trouver même dans la critique. Si elle en manque absolument, elle n'est plus littéraire. La critique sans bonté trouble le goût et empoisonne les saveurs. La critique est un exercice méthodique du discernement. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 128.
SYNT. Critique biographique, comparée, descriptive, dogmatique, explicative, grammaticale, impressionniste ou subjective, stylistique; critique d'humour; ancienne, nouvelle critique; article, livre, morceau de critique.
P. ext.
a) Genre littéraire représenté par les examens raisonnés des ouvrages de l'esprit et des productions artistiques; p. méton., ensemble des auteurs et des travaux représentatifs du genre. Critique d'art, dramatique, littéraire, musicale. Winckelmann dans les arts, Lessing dans la critique, et Gœthe dans la poésie, fondèrent une véritable école allemande (Staël, Allemagne,t. 2, 1810, p. 40).Puis ils en vinrent aux travaux de la critique contemporaine (A. France, Bonnard,1881, p. 377).Un régime qui (...) retarda la critique de cinquante ans (Renan, Souv. enfance,1883, p. XII).
b) Domaine de la presse écrite ou parlée.Rubrique où un journaliste attitré rend compte, en la soumettant à un examen raisonné, de l'actualité littéraire ou artistique. Critique des disques, films, livres. Thiers qui a rédigé cette année la critique du Salon dans le « Constitutionnel » (Delécluze, Journal,1824, p. 22).Quoique la critique de la « Revue des Deux-Mondes » continuât à prononcer que j'avais eu beaucoup de talent tant que j'avais travaillé à la « Revue des Deux-Mondes », mais que depuis ma rupture, hélas! (Sand, Hist. vie,t. 4, 1855, p. 150).
P. méton. Ensemble des journalistes qui rendent compte de l'actualité littéraire ou artistique. Cf. compte rendu ex. 1 :
4. La première aussi d'un drame éhonté de Belot, auteur de romans obscènes sans intérêt, La Vénus de Gordes, que la critique a malmené sur toute la ligne et que le public va voir avant sa disparition de l'affiche. Mallarmé, Correspondance,1875, p. 81.
C.− Jugement de valeur qui constitue la seconde phase de la capacité de l'esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur.
1. Jugement qui tient compte des mérites et défauts, des qualités et imperfections de l'être ou de la chose que l'on examine. Critique acrimonieuse, équitable, pondérée, sans parti-pris, sans passion. Malgré les critiques justes ou injustes qui lui furent adressées, la trompette marine figura longtemps dans les concerts royaux (Grillet, Ancêtres violon,t. 1, 1901, p. 176).
En partic. Jugement formulé par un journaliste attitré, opinion émise par une personne, à propos d'une production qui relève de sa compétence. Un concert est comme une exposition de tableaux; si l'on n'a pas le catalogue de la critique, on ne voit que des figures (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 137).Faydit, dans sa critique du Télémaque, emploie les mêmes insinuations (Chateaubr., Martyrs,t. 1, 1810, p. 27):
5. Style sans couleur, composition sans harmonie, dessin incorrect, défaut de nuances et de contrastes, s'appliquent également à la critique d'un poëme, d'un tableau ou d'un morceau de musique; tout ce qu'on peut dire en fait d'éloge, sur quelque chef-d'œuvre de l'art que ce soit, est également compris dans les trois mots d'élégance, de vigueur, et surtout de grandiose... Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 129.
P. méton.
Article, billet dans lequel un journaliste attitré rend compte d'une nouveauté littéraire ou artistique et la juge. La critique du portrait du roi par H. Vernet a paru dans le « Journal des Débats » (Delécluze, Journal,1824, p. 50).
Ensemble des jugements ainsi rendus ou publiés. Avoir une bonne, une mauvaise critique. Il ne put échapper aux traits de la critique (Ac.1835-1932).
2. Jugement défavorable porté sur les défauts de quelqu'un, les imperfections de quelque chose. Désarmer les critiques. Aucun véritable savant de nos jours ne s'offensera (...) d'une innocente critique de la science sous Louis XIV (Chateaubr., Natchez,1826, p. 106):
6. Considéré dans son caractère général, l'écrit de M. Courier est, je ne crains pas d'en convenir, une critique de la souscription de Chambord. L'acquisition de ce domaine lui paraît une mauvaise affaire pour le prince, pour le pays, pour Chambord même. Courier, Pamphlets pol.,Procès de P.-L. Courier, 1821, p. 112.
P. ext. Remarque défavorable, de caractère occasionnel, motivée par le désir de reprendre tel ou tel défaut chez quelqu'un, telle ou telle imperfection dans une chose. Il se pourrait qu'il fût plus content de l'éloge que blessé de la critique (Staël, Lettres jeun.,1786, p. 103).Je ne puis admettre la critique que vous faisiez il y a un instant des rédacteurs du « Courrier » (Delécluze, Journal,1827, p. 412).On rumine sur les actes les plus simples pour y loger des dessous : la critique la plus bénigne, la plaisanterie la plus inoffensive, deviennent des attentats (Huysmans, Oblat,t. 1, 1903, p. 216):
7. La princesse paraissait s'ennuyer beaucoup, et ces dames n'avaient pas l'air de s'amuser davantage; elles s'observaient mutuellement, causaient à voix basse avec leurs voisines, et quelques traits de critique ou de médisance faisaient de tems en tems diversion à l'ennui qui les accablait. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 209.
SYNT. Adresser, lancer une/des critique(s); donner prise, échapper, s'exposer, prêter (le flanc) à la/aux critique(s).
Prononc. et Orth. : [kʀitik]. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. 1580 subst. fém. « art de juger les œuvres de l'esprit » et « jugement porté sur ces œuvres » (J. Scalinger, Lettres, 109 ds R. Hist. litt. Fr., t. 8, p. 502); d'où 1810 « ensemble de ceux qui font métier de cette critique » (Chateaubr., Martyrs, préf., p. 27); 2. 1663 « action d'émettre des jugements défavorables » (Molière, École des femmes, I, 1). II. 1. 1637 subst. masc. « celui qui juge » (J. Crespin, Thresor des trois langues); 2. spéc. 1674 « celui qui juge des ouvrages de l'esprit » (Boileau, Ep., I ds Littré). III. 1667 adj. « qui est porté à émettre des jugements (œuvre littér.; idées) » esprit critique (Boileau, Sat., IX ds Littré); 1694 péj. « qui trouve à redire à tout » (Ac.); 1678 (Richard Simon, Histoire critique du vieux Testament ds Cior. 17e). Empr. au lat. class. criticus subst. masc. (empr. au gr. κ ρ ι ́ τ ι κ ο ς « qui juge les ouvrages de l'esprit », dér. de κ ρ ι ́ ν ε ι ν « juger, estimer »).