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CRITÈRE, subst. masc.
A.− Caractère, principe, élément auquel on se réfère pour juger, apprécier, définir quelque chose. Critère moral, qualificatif; critère infaillible, subjectif; critère d'intelligibilité; choisir un critère, se fonder sur un critère. Synon. indice, preuve, référence.La fidélité absolue à l'audition directe demeure donc le meilleur critère de qualité (Samuel, Art mus. contemp.,1962, p. 634).Les salles de cinéma d'essai présentent des films choisis selon des critères culturels (Cacérès, Hist. éduc. pop.,1964, p. 182).L'établissement des types de structures globales présuppose l'utilisation d'une série de critères qui n'ont rien d'arbitraire ou d'utopique (Traité sociol.,1967, p. 24):
Il serait facile de dresser une table des « critères » de l'esprit antipoétique. Elle serait la liste des manières de traiter un poème, de le juger et d'en parler, qui constituent des manœuvres directement opposées aux efforts du poète. Transportées dans l'enseignement où elles sont de règle, ces opérations vaines et barbares tendent à ruiner dès l'enfance le sens poétique, ... Valéry, Variété III,1936, p. 50.
SYNT. Critère quantitatif, racial, social; critère irrécusable, pertinent; critère objectif, principal, suprême; critère de pureté, de valeur; trouver un critère; soumettre à un critère; échapper, répondre à un critère; reposer sur un critère, constituer un critère.
B.− En partic.
1. BIOL. Critère de la vie. Un critère morphologique indique la possibilité d'affecter un être donné à telle ou telle espèce (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 2, 1931, p. 635).
2. ÉCON. ,,Signe révélant une corrélation ou un fait (...) le profit est un critère de l'utilité économique : on ne peut réaliser un profit en produisant des objets sans utilité`` (Baudhuin 1968). Critère dimensionnel, monétaire; critère de classement, de rendement. Si l'on se fonde seulement sur des critères de rentabilité, on peut penser qu'il serait moins coûteux et aussi efficace d'utiliser cette disponibilité « civile » (Serv. milit. et réf. armée, 1963, p. 73).
♦ Critère de choix. ,,Déterminant du choix entre diverses solutions d'un problème`` (Tézenas 1972).
3. MATH., PHYS. ,,Condition nécessaire et suffisante`` (Chamb. 1972). Tout critère de normalité entraîne les mêmes conséquences (Gds cour. pensée math.,1948, p. 174).De là il déduit (...) le critère de résolubilité d'une équation par radicaux, au moyen d'un raisonnement (Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 105).
4. MÉD. Élément sur lequel se fonde le praticien pour juger d'un état ou de l'évolution d'une maladie et susceptible d'étayer une diagnose (d'apr. Courtois 1972 et Thinès-Lemp. 1975). Critère d'un état allergique, de guérison.
5. PHILOS. Caractère ou propriété d'un objet (personne ou chose) d'après lequel on porte un jugement d'appréciation (d'apr. Lal. 1968). ,,Principe ou règle qui sert à discerner le vrai du faux`` (Legrand 1972).
♦ Critère de vérité. Signe extrinsèque ou caractère intrinsèque permettant de reconnaître la vérité et de la distinguer sûrement de l'erreur (d'apr. Lal. 1968) :
2. ... si le philosophe renonce à élaborer une table des valeurs, un critère de la vérité, et s'il s'engage à l'aventure à travers le maquis du passé, comment l'histoire pourrait-elle lui faire découvrir, lui révéler ce qu'il ne s'est pas rendu capable de voir? Marrou, De la Connaissance hist.,1954, p. 265.
Prononc. et Orth. : [kʀitε:ʀ]. Ds Ac. 1932 qui enregistre critère ou criterium. Étymol. et Hist. A. 1643 criterium (J. du Bosc, Le Philosophe indifférent d'apr. Lar. Lang. fr.); 1750 (J.-J. Rousseau, Sciences, 11 ds Littré : Dans cette foule de sentiments, quel sera notre criterium pour en bien juger); 1828 criterion (Guizot, Hist. civilisation, leçon 1, p. 16 : Ils doivent tous être jugés d'après ce criterion). B. 1781 critère (d'apr. Bl.-W.1-5); 1851 (Cournot, Fondem. connaiss., p. 107). Empr. au lat. philos. récent criterium (attesté au ves. au sens de « jugement », TLL), empr. au gr. κ ρ ι τ η ́ ρ ι ο ν « règle pour discerner le vrai du faux », dér. de κ ρ ι ́ ν ε ι ν « juger ». Fréq. abs. littér. : 167. Bbg. Gohin 1903, p. 263.