| ![]() ![]() ![]() ![]() COURS, subst. masc. I.− [Dans une perspective spatiale] A.− [Désigne le mouvement d'une eau courante] 1. Écoulement continu d'une eau courante. Cours lent, rapide, tranquille; barrer, détourner le cours d'une rivière; suivre, remonter le cours d'un fleuve. Tandis qu'un clair ruisseau, se hâtant dans son cours, Fuit, roule et de son lit abrège les détours! (Delille, Homme des champs,1800, p. 126). − P. ext. Le parcours suivi par une eau courante. Dans son cours la Loire traverse plusieurs villes importantes : 1. Lecourbe, attaqué sur le Saint-Gothard par des forces supérieures, avait fait aussi sa retraite, en descendant le cours de la Reuss.
Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 497. − Spéc. Cours d'eau. Toutes eaux courantes qui s'écoulent entre des rives (ruisseaux, fleuves, canaux, etc.) : 2. Il est des pays comme ceux de l'Europe occidentale, où le gel des canaux ou des cours d'eau arrête complètement durant l'hiver la circulation : c'est la terrible période de chômage!
J. Brunhes, La Géogr. hum.,1942, p. 301. 2. P. anal. [En parlant d'autres liquides : larmes, sang] Le cours du sang dans notre corps. L'un des principaux usages de la respiration est de faciliter (...) le cours du sang (La Madelaine, Chant,1852, p. 20). − Expr. Donner (libre) cours à. Laisser s'écouler sans retenue. Je revins chez moi; je me jetai sur mon lit, non pour dormir, mais pour donner un libre cours à mes sanglots (Restif de La Bret., M. Nicolas,1796, p. 94). ♦ Au fig. Laisser éclater. Donner libre cours à ses sentiments. B.− [Désigne le mouvement d'un astre] Mouvement réel ou apparent d'un astre. Le cours du soleil : 3. Gosse, tu peux te dire qu'à ton âge t'as sauvé un homme. Oh! c'est pas une si belle affaire. Y a pas lieu d'en être fier, ça ne changera pas le cours de la lune...
A. France, Crainquebille,version pour la scène, 1905, III. C.− [Désigne une suite de choses ou un espace qui se développent entre des limites précises] 1. [Dans une ville] Longue et large avenue. Se promener sur le cours. Dans les ormes du cours, blancs de poussière, les cigales chantaient comme en pleine Crau (Daudet, Lettres moulin,1869, p. 116): 4. J'ai quitté mon fiacre et me suis mis à errer dans les environs du magnifique Cours d'Aquitaine [à Bordeaux] (nous appellerions ça à Paris boulevard d'Aquitaine).
Stendhal, Mémoires d'un touriste,t. 3, 1838, p. 8. 2. En partic., ARCHIT. Cours d'assises : ,,rang de pierres de même hauteur sur toute la longueur d'une façade `` (Barb.-Cad. 1963). Cours de pannes : ,,rangée de pannes sur toute la longueur d'une façade`` (Barb.-Cad. 1963). Cours de plinthes : ,,développé de la plinthe sur tout le pourtour d'une pièce`` (Barb.-Cad. 1963). Cf. Adeline, Lex. termes art., 1884. II.− [Dans une perspective temporelle] A.− [En parlant des temps proprement dit] 1. Déroulement inexorable des temps. Le cours des saisons. Qu'est-ce donc qui le dirige, ce qui vous entraîne tous, l'aveugle cours des choses (Senancour, Rêv.,1799, p. 110): 5. Il lui sembla que le cours du monde venait alors de s'arrêter et que personne, à partir de cet instant, ne vieillirait plus ni ne mourrait.
Camus, L'Exil et le Royaume,1957, p. 1568. ♦ Suivre son cours. Se développer, évoluer normalement. Faut-il que l'affaire suive son cours? faut-il (...) étouffer ce procès (Balzac, La Cous. Bette,1846, p. 305).Ne vous inquiétez pas, il faut que la crise suive son cours (Zola, Page amour,1878, p. 805). 2. Durée d'un événement, d'une action, d'un moment de vie, etc. Le cours des idées. J'avoue qu'entraîné par le cours naturel de mes pensées, j'avais perdu de vue le château de Lusance (A. France, Bonnard,1881, p. 343). − Loc. prép. ♦ Pendant, dans le cours de; au cours de, en cours de. Pendant la durée de. Dans le cours de la représentation (Goncourt, Journal,1883, p. 288).Au cours de la discussion (La Déclaration universelle des droits de l'homme,1949, p. 4).En cours de discussion (Lidderdale, Parlement fr :,1954, p. 202). ♦ (Être) en cours. Être en train de se faire. Les travaux sont en cours. Je terminai vivement l'aventure en cours, j'emmenai mes personnages en une tout autre région du globe (Sartre, Mots,1964, p. 126). B.− [En parlant de valeurs : ce qui est actuel] FIN. Taux auquel se négocient des valeurs, des marchandises. Cours du coton, de l'or; au cours du jour : cours du change; cours d'ouverture, de fermeture. Fermeté des cours. − En partic. Cours de bourse. ,,Prix d'une valeur mobilière tel qu'il résulte, à une date donnée, de l'équilibre de l'offre et de la demande, par opposition à la valeur nominale`` (CIDA 1973). Cours forcé (de la monnaie). ,,Cours légal de la monnaie, assorti d'une impossibilité, pour les particuliers de demander à la banque centrale la conversion de cette monnaie en or`` (CIDA 1973). Cours légal (de la monnaie). ,,Obligation pour un créancier d'accepter, comme instrument de paiement les billets (monnaie fiduciaire, voir ce mot) émis par la banque centrale`` (CIDA 1973). ♦ (N') avoir (plus) cours. (N')être (plus) légal ou (plus) actuellement en usage : 6. ... d'anciennes monnaies qui n'ont plus cours depuis longtemps : écus de six livres, florins, ducats et ducatons, jacobus...
A. France, L'Étui de nacre,La Messe des ombres, 1892, p. 116. − P. métaph. : 7. Si le style d'information pure et simple, dont la phrase précitée offre un exemple, a cours presque seul dans les romans, c'est, il faut le reconnaître, que l'ambition des auteurs ne va pas très loin.
Breton, Les Manifestes du Surréalisme,1erManifeste, 1924, p. 18. − Expr. fig. ♦ Donner cours à qqc. L'accréditer : 8. Comment, Monsieur le Maréchal avez-vous pu oublier que, sans Pierre Laval, vous n'auriez pas reçu, d'un président de la République et d'un Parlement moribonds, l'investiture qui a donné cours légal à votre autorité.
L'Œuvre,14 févr. 1941. ♦ Prendre cours. S'établir dans l'usage. ♦ N'être plus au cours de. Cf. courant : 9. Chacun m'écrit : Prenez bien garde à ce qui sort de votre plume! ... Vous n'êtes plus au cours des choses!
P.-A. de Beaumarchais, Époques,1793, p. 293. III.− [Dans une perspective spatio-temporelle] A.− [En parlant d'enseignement : ce qui est suivi] 1. Enseignement suivi dans une discipline précise; l'une des leçons de cet enseignement. Cours de latin, de mathématiques; donner, faire un cours; suivre un cours, assister à un cours. Hier j'ai fait mon premier cours à des officiers (Green, Journal,1942, p. 262): 10. Par un pluvieux matin de décembre elle me demanda, au sortir d'un cours de l'accompagner jusqu'à sa pension.
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 297. − P. méton. a) Traité, manuel scolaire, textes polycopiés présentant l'enseignement d'une matière précise. Les cours de la Sorbonne : 11. Il devient certain que de mon vivant ou après moi je publierai ces cours, que de plus en plus ils deviendront centraux dans ma vie d'écrivain et m'empêcheront (...) d'écrire beaucoup de choses...
Du Bos, Journal,1924, p. 174. b) Établissement d'enseignement spécialisé. Cours de danse. 2. Degré déterminé d'enseignement. Le cours moyen élémentaire, supérieur. B.− [En parlant d'autres activités] MAR. 1. Capitaine au long cours. Officier reconnu apte à commander un navire d'un certain tonnage pour de longs voyages. Pour ex. cf. capitaine. 2. Voyage au long cours. Voyage comportant une longue traversée. Voyageur au long cours (Davau-Cohen.1972).Vous me croirez menteur comme un voyageur de long cours (Stendhal, Haydn, Mozart et Métastase,1817, p. 313). Prononc. et Orth. : [ku:ʀ]. Pour Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841 on prononce l's final, prononc. jugée mauvaise ds Littré. Pour s final muet cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 310; Rouss.-Lacl. 1927, p. 168, Grammont Prononc. 1958, pp. 93-95 et Fouché Prononc. 1959, p. 425. Rappelons que l'amuïssement de l's final a commencé dans les textes anglo-normands, vers le milieu du xiies. et ne s'est généralisé qu'au début du xiiies.; cf. G. Straka, Remarques sur la désarticulation et l'amuïssement de l's implosive ds Mél. Delbouille (M.), t. 1 1964, p. 620. Ds Ac. depuis 1694. Homon. cour, courre, court, formes de courir. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « action de courir, déplacement » (Roland, éd. J. Bédier, 2878); 2. a) ca 1120 « trajet d'un bateau » (Voyage de Saint Brendan, éd. E.G.R. Waters, 234); b) 1690 mar. voyage de long cours (Fur.); 3. ca 1170 « mouvement des astres » (Benoit de Sainte-Maure, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 5190). B. Ca 1170 « déroulement (du temps), succession » (Benoit de Sainte-Maure, op. cit., 3188). C. 1. a) Peu av. 1200 « mouvement d'une eau courante » (1reContinuation de Perceval, éd. W. Roach, 13567, t. 1, p. 368); b) 1263 cuers de aigue (Abbaye de la Paix-Dieu, Arch. Liège, Wilmotte ds Gdf. Compl.), attest. isolée; à nouv. entre 1498 et 1515 cours d'eaue (P. Gringore, Vie Monseigneur Sainct Loys, éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t. 2, p. 317); 2. a) ca 1457 fig. d'un sentiment, d'un état affectif (Ch. d'Orléans Rondeau CCCLVII ds Poésies, éd. P. Champion, p. 496 : le cours de mon [...] malheur); b) 1670 (Racine, Bérénice, III, 2 : le cours [...] de ses premiers sanglots). D. 1. 1331 « études suivies » (Lettres de Philippe VI de Valois ds Ordonnances des Roys de France, t. 2, 1729, p. 70); 1606 « enseignement » (Nicot); 2. 1606 « recueil de textes servant à l'enseignement d'une matière » (ibid.); 3. 1694 « leçon » (Ac.); 4. 1882 « établissement où l'on reçoit un enseignement » (Bach.-Dez.); 5. 1887 « degré de l'enseignement suivi » (Org. péd. éc. prim. ds J. Palmero, Hist. des instit. et des doctrines pédag. par les textes, p. 320). E. 1. Ca 1370 comm. « circulation de valeurs, de marchandises » (Oresme, Ethique, 152 ds Littré); 2. 1602 « taux auquel se négocient des valeurs, des marchandises » (Recueil gén. des anc. lois fr., t. 16, p. 274 ds Kuhn, p. 76). F. [1616, date de l'établissement par Marie de Médicis d'une allée, appelée plus tard Cours la Reine, à Paris (d'apr. FEW t. 2, p. 1581 b, s.v. cursus)]; 1623 (C. Sorel, Francion, p. 207 ds IGLF). Du lat. class. cursus « action de courir, voyage, course en mer; cours des étoiles, d'un fleuve; cours de la vie de quelqu'un; poét., d'un sentiment ». Au sens D 1, dès ca 1270 l'a. cat. cors « conférence, entretien » (Serveri de Girona, Voletz aver be lau entrels valens, 3 ds Studi medievali, nouvelle série, t. 14, 1941, p. 118). Fréq. abs. littér. : 8 080. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 11 277, b) 8 470; xxes. : a) 9 117, b) 14 719. Bbg. Archit. 1972, p. 58. − Behrens Engl. 1927, p. 220. − Gottsch. Redens. 1930, p. 426. − Rog. 1965, p. 236. |