| COUPLET2, subst. masc. Strophe d'un texte chanté. Le premier, le second couplet (Ac.). Comparant telle tirade de Racine à telle tirade de Hugo, tel couplet des chœurs d'Athalie à telle strophe de Lamartine (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 471):1. On se mit à chanter des chansons à quatre voix. Chaque groupe, à tour de rôle, disait un des couplets; le refrain était repris en chœur.
R. Rolland, Jean-Christophe,L'Adolescent, 1905, p. 295. − Spécialement ♦ Passage chanté d'un vaudeville. Un couplet final de vaudeville moderne (Janin, Âne mort,1829, p. 2). ♦ [Dans les chansons de geste] ,,Suite de vers sur une même rime [ou assonance]. La plupart des chansons de geste se composent de couplets monorimes d'inégale longueur`` (Ac. 1932). − P. méton., au plur. Chanson. Faire des couplets contre qqn. Des couplets de circonstance (Ac.). Les couplets malicieux d'un chansonnier de Montmartre (Vogüé, Morts,1899, p. 222). − P. ext. ♦ Fragment d'une œuvre littéraire, d'une certaine longueur et formant un ensemble. Le grand couplet du « Menteur » de Corneille (Nerval, Filles feu,Dédicace à A. Dumas, 1854, p. 501): 2. Le langage des coulisses est une langue à part : ainsi une tirade du Misanthrope s'appelle un couplet et un trop long couplet est une tartine pour l'acteur qui préfère toujours des mots à effet et de courtes répliques.
L'Observateur des modes,25 juill. 1823, pp. 321-322. ♦ Fam. Propos peu sensés et/ou répétés continuellement (dans ce dernier sens, synon. de chanson ou refrain). Le couplet sur « les petits » réussit souvent [à la Chambre des Députés], excepté si l'orateur est membre d'une minorité par trop faible (Renard, Journal,1903, p. 805).M. Harold Macmillan vint me faire entendre le couplet de l'inquiétude, quant à l'avenir de la France combattante (De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 84): 3. Tous les hommes, lorsqu'ils parlent de cela [du mystère insondable de la femme] dans le privé, sont du même avis : il n'y a pas l'ombre de mystère dans la femme. Mais, s'ils ont (...) à s'exprimer officiellement sur son compte, les voici qui y vont de leur couplet sur Ève mystérieuse.
Montherlant, Le Démon du bien,1937, p. 1274. Prononc. et Orth. : [kuplε]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin xiiies. [ms. G] couplés « groupe de deux vers de même rime » (Partonopeu de Blois, Continuation, éd. J. Gildea, t. 2, 1, p. 51, 1466); 2. ca 1360 « strophe de ballade, de chanson » (Froissart, Poésies, III, 76, 791 ds T.-L.); 3. 1501 « réplique, tirade » (G. Cohen, Le Livre de conduite du régisseur [...] pour le Mystère de la Passion joué à Mons en 1501, 1925, p. 39). Dér. (avec suff. -et*) de l'a. fr. couple « couplet » (1218-1243 couble, Ph. de Novare, Mémoires, éd. Ch. Kohler, LXVI, p. 39) à rapprocher de l'a. esp. copla « suite de vers de même rime » (av. 1140 ds Cor.); et de l'a. prov. cobla « couplet, chanson » (2emoitié du xiies. Le Moine de Montaudon ds Bartsch Prov., p. 145, 16). Fréq. abs. littér. : 525. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 842, b) 1 182; xxes. : a) 848, b) 370. DÉR. Coupleter, verbe trans.,,Faire une chanson, des couplets contre quelqu'un`` (Ac.) qui note : ,,Il est familier et peu usité : on dit Chansonner``).− Dernière transcr. ds DG : kou-ple-té. Je couplète pour la majorité des dict. sauf Littré qui conjugue je couplette. − 1resattest. a) Ca 1360 « assembler en coupletes » (Froissart, Poésies, III, 52 ds T.-L.), hapax d'aut.; b) 1712 trans. « écrire des couplets contre (quelqu'un) » (F. Gacon, Anti-Rousseau ds Trév. 1752); a) dér. du m. fr. couplete « groupe de deux vers de même rime » (ca 1360 Froissart, loc. cit.), dimin. de couple (couplet), dés. -er; b) dér. de couplet, dés. -er. BBG. − Le Hir (Y.). Rem. de poét. à propos de Molière. In : [Mél. Henry (A.)]. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1970, t. 8, no1, pp. 135-140. − Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 147. |