| COTE, subst. fém. I.− [Avec une idée de valeur quantitative ou qualitative] A.− FINANCES 1. DR. FISCAL. Part que doit payer chaque contribuable, dans le cadre de la répartition d'un impôt. Cote foncière, mobilière, personnelle; cote d'impôt; payer sa cote. Synon. quote-part : 1. Le conseil de préfecture prononcera, sur les demandes de particuliers, tendant à obtenir la décharge ou la réduction de leur cote de contributions directes...
Doc. d'hist. contemp.,1785-1850, p. 97. − P. méton., littér. Contribuable : 2. Supposez par cote un franc ou deux de droits de sel (...) l'agriculture est soulagée, l'État reçoit tout autant, et nulle cote ne se plaint.
Balzac, Les Employés,1837, p. 25. − Cote mal taillée (vx). Compte arrêté approximativement. ♦ Fig. Compromis. Faire une cote mal taillée. C'est [le Palais de Justice] le pays de la cote mal taillée, du « Monsieur a raison, mais vous n'avez pas tort », des accommodements entre le vrai et le faux (L. Daudet, Vers le roi,1920, p. 246). − P. ext., ASSURANCES. ,,Part cédée en réassurance`` (Barr. 1974). 2. BOURSE Constatation par les agents de change du cours des valeurs, du change des monnaies, à l'issue de chaque séance de la Bourse. Marché, titre hors-cote; admission à la cote. − P. méton. ♦ Cours d'une valeur (cf. Morand, Extrav., 1936, p. 162). ♦ Tableau ou publication donnant ces cours. Cote boursière, officielle; consulter la cote. La Cote Financière, ce vieux journal solide (Zola, Argent,1891, p. 270). − Arg. Frère de la cote. ,,Commis d'agent de change`` (Larch. Suppl. 1880). Rem. On rencontre ds la docum. un ex. d'emploi de cote avec le sens de « cotation » : autoriser la cote des fonds (cf. Boyard, Bourse et spécul., 1853, p. 159). 3. P. anal., COMM. [En parlant de marchandises gén. d'occasion] Cours officieux. La cote des voitures d'occasion, des timbres-poste. B.− Indication numérique d'une mesure dans un système convenu. 1. ARCHIT., DESSIN INDUSTR. Indication de dimension inscrite sur un plan, un croquis, une coupe, permettant d'exécuter un ouvrage à partir de ce plan. Nous faisons figurer ici l'appareil d'Engler A.S.T.M. que nous établissons aux cotes exactes des standards américains et anglais (Catal. instruments lab. [Prolabo], 1932, p. 281). 2. CARTOGR., TOPOGR. Chiffre, porté sur une carte, un plan, indiquant l'altitude d'un point par rapport à un plan de référence, généralement le niveau de la mer. Cote d'altitude, de niveau. La représentation du relief par estompage est (...) peu précise. Il faut la compléter par de nombreuses cotes altimétriques (Duval, Hebrard, Nav. aér.,1928, p. 9). a) P. méton. Point qui porte ce chiffre. La 1rearmée britannique avait pris Loos et atteint la cote 70 et Hulluch (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 91). b) P. anal. Chiffre, généralement précédé de moins ou du signe −, indiquant la profondeur d'un point par rapport au niveau de la mer ou du sol : 3. Les soutes, les cales, les souterrains, les grottes, les gouffres me faisaient horreur. J'avais même voué une haine spéciale aux spéléologues, qui avaient le front d'occuper la première page des journaux, et dont les performances m'écœuraient. S'efforcer de parvenir à la cote moins huit cent, au risque de se trouver la tête coincée dans un goulet rocheux (un siphon, comme disent ces inconscients!) me paraissait l'exploit de caractères pervertis ou traumatisés.
Camus, La Chute,1956, p. 1486. c) Spéc. Niveau atteint par un cours d'eau au cours d'une crue. − P. métaph. Il [Alain] pouvait librement (...) froncer le sourcil lorsque le niveau du café au lait, dans sa tasse, dépassait une cote de crue (Colette, Chatte,1933, p. 30). − Cote d'alerte. Niveau à partir duquel une inondation est à redouter. ♦ Fig. [En parlant de phénomènes soumis à des fluctuations] Point critique atteint lors d'une hausse : 4. La population atmosphérique (...) atteint la cote d'alerte, ce qui se manifeste par la présence de gaz toxiques réduisant l'ensoleillement...
G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 383. 3. GÉOM. ,,Troisième coordonnée cartésienne qui s'ajoute à l'abscisse et à l'ordonnée pour la géométrie à trois dimensions`` (Sc. 1962). Si n = 3, (x1x2x3) sont l'abscisse, l'ordonnée et la cote (War.1966, s.v. coordonnées). ♦ Cote ronde. Cote dont la valeur est un nombre entier. C.− Indication, généralement numérique, d'un niveau, permettant, le cas échéant, un classement d'après la valeur. 1. ENSEIGN. Note ou appréciation attribuée à un élève, à un candidat, pour un travail ou un ensemble de travaux. − P. métaph., iron. : 5. Le dimanche à la promenade, nous examinions les jeunes dames et les jeunes filles que notre division croisait, et nous les estimions en leur appliquant une cote de 0 à 20, comme nos professeurs faisaient pour nos thèses et nos versions.
Barrès, Mes cahiers,t. 10, 1913, p. 152. − Argot ♦ Cote (d')amour. [À l'École spéciale militaire de Saint-Cyr] ,,Note donnée à un officier ou à un élève officier manquant d'éducation première`` (France 1907). Cote d'amour. Note bienveillante ou appréciation flatteuse attribuée à un élève, à un candidat, en fonction de sa valeur morale ou sociale. Avoir la cote. [P. ell. de d'amour; en parlant d'un élève] Être bien vu de ses professeurs. ♦ Séance des cotes. [À l'École polytechnique] Cérémonie comique, qui clôt le temps des brimades infligées aux nouveaux par les anciens, au cours de laquelle sont attribuées des mentions telles que cote major, cote bébé, cote binette. 2. P. ext. a) [En parlant d'un animé hum.] Appréciation portée sur sa réputation, sa valeur morale ou intellectuelle : 6. En revanche, Tricart indique que les salaires des candidats achevant une thèse de IIIecycle sont compris entre 850 et 1 100 NF, tandis que les chercheurs ayant cinq ou six ans de pratique arrivent à 1 750 NF. (...) L'on voit donc que, même s'agissant de débutants, les traitements indiqués varient du simple au triple. Tout dépend évidemment de la valeur des candidats, de la notoriété de l'institut et de la cote personnelle de son directeur...
Colloque nat. de géogr. appliquée (Strasbourg, 20-22 avr. 1961), 1962, p. 147. − [Mélioratif] Appréciation flatteuse : 7. Ses diplômes, sa licence, lui assuraient [à Annette] une supériorité. Et elle n'ignorait pas qu'elle en avait une autre : sa cote personnelle, ses yeux, sa voix, sa mise, l'art de dompter les clients.
R. Rolland, L'Âme enchantée,1925, p. 153. − Avoir une bonne cote, une grosse cote auprès de qqn. ♦ P. ell. du déterminant, fam. Avoir la cote. Être estimé, apprécié. Il [le DrLendolt] avait, comme on dit, la cote, dans tous les milieux où il fréquentait et il a su la conserver (L. Daudet, Salons,1917, p. 99). ♦ Ne pas avoir la cote. − Spéc., STAT. [En parlant du résultat d'un sondage d'opinion à propos d'une personnalité] La cote de M. Untel; variations de la cote de M. Untel. b) [En parlant d'un inanimé concr.] :
8. Il est (...) possible de classer des bois et de réserver pour chaque usage des bois répondant à des exigences déterminées. On exigera une cote supérieure à 8 par exemple pour les bois à utiliser dans la construction mécanique. À côté de la cote de qualité statique, on définit une cote de qualité spécifique (...) à peu près fixe pour chaque essence et permettant de la caractériser.
J. Campredon, Le Bois,1948, p. 31. − Spécialement ♦ [En parlant d'un film] Cote morale. Indication de la valeur morale du film, et du public auquel il est destiné. ♦ DR. MAR. ,,Jugement exprimé par des chiffres, lettres et signes sur la valeur d'un navire, par les sociétés de classification (Bureau Veritas ou Lloyd's Register)`` (Barr. 1974). D.− HIPPISME. Estimation des chances qu'a un cheval donné de gagner une course. Cheval à grosse cote : 9. Et, à cette dernière minute, une surprise effarait les parieurs, la hausse continue de la cote de Nana, l'outsider de l'écurie Vandeuvres. Des messieurs revenaient à chaque instant avec une cote nouvelle : Nana était à trente, Nana était à vingt-cinq, puis à vingt, puis à quinze. Personne ne comprenait. Une pouliche battue sur tous les hippodromes, une pouliche dont le matin pas un parieur ne voulait à cinquante!
Zola, Nana,1880, p. 1391. − P. ext. Taux des paris établi par un bookmaker. Faire la cote. ♦ Pari à la cote. ,,Mode de pari, au turf, où les gains sont annoncés à l'avance`` (St-Riquier-Delp. 1975). II.− [Sans idée de valeur] ARCHIVES, BIBLIOTHÉCONOMIE, DOCUMENTOLOGIE. Marque, composée de chiffres et/ou de lettres, portée de façon apparente sur un document, afin de l'identifier, de le distinguer d'autres documents et en vue de faciliter son classement matériel. Cote topographique; cote de placement : 10. Le système de classement qui est adopté en Amérique et en Allemagne pour les bibliothèques de ce genre [bibliothèques municipales] est celui qui réunit sur les rayons les diverses éditions d'une même œuvre, avec une seule cote modifiée par des sous-cotes; de cette façon, si l'édition demandée par un emprunteur est absente, on lui communique une autre édition sans l'obliger à de nouvelles recherches.
La Civilisation écrite,1939, p. 5002. − P. méton. Document portant une cote : 11. En tête des ouvrages historiques du genre sérieux, l'auteur place généralement une liste des cotes d'archives qu'il a compulsées, des recueils dont il a fait usage.
M. Bloch, Apologie pour l'hist.,1944, p. 30. − P. ext. Section d'un cadre de classement matériel, subdivision d'une classification documentaire. Cote décimale, systématique. − Spéc., TYPOGR. Indications portées sur la fraction de copie que traite chaque compositeur et qui sont nécessaires lors de la mise en pages. Prononc. et Orth. : [kɔt] Ds Ac. 1894-1932. Enq. : /kot/. Homon. cotte, quote. Var. cotte ds Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787. Étymol. et Hist. 1. 1390 « part imposée à chaque contribuable » (Comptes de l'évacuation anglaise, Arch. KK 322 fo44 vods Gdf., s.v. quote : quotes et porcions); xives. quote partie (cité ds Caffiaux, Commencements de la Regence d'Aubert de Baviere, Valenciennes, 1868, p. 83); 1490 quote-part d'apr. Bl.-W.3-5; 1580 quotte part (Montaigne, III, 9); 2. av. 1615 « lettre qui sert de marque » (Pasquier, Recherches, p. 844 ds IGLF Techn. : dans les archives de l'Université de Thoulouze, cotte B); 1755 cartographie (A.-Ch. D'Aviler, Dict. d'archit., s.v. cotter); 3. 1784 « notation du prix des cours » (Necker ds Brunot t. 6, p. 166); 4. 1799 géom. (Monge, ibid., p. 660). Empr. au lat. médiéval quota (pars) « part qui revient à chacun » (xiiies. ds Nierm.), du lat. class. quotus « en quel nombre »; le sens 2 peut-être à partir de « chiffre exprimant la part due par chaque contribuable (porté sur les registres en face de chaque nom) ». Fréq. abs. littér. : 174. Bbg. Audras (R. P.). Ce que parler veut dire pour un philatéliste. Vie Lang. 1972, p. 689. − Rog. 1965, p. 138. |