| CORRIDOR, subst. masc. A.− 1. Passage plus ou moins étroit, mais plus long que large, qui, dans une habitation, donne accès, de plain-pied, à une partie de l'édifice, le plus souvent à une pièce ou à plusieurs pièces qui s'ouvrent sur lui. Un corridor désert; au bout du corridor; porte donnant sur le corridor; suivre un long corridor. Synon. couloir.Visiter les escaliers, les passages et les corridors voisins (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 111).Un corridor menait à un cabinet d'étude (Flaub., Trois contes, Un Cœur simple, 1877, p. 5).J'ai suivi pour aller au parloir un long corridor, puis un escalier et pour finir un autre couloir (Camus, Étranger,1942, p. 1175): 1. ... la vraie vie de cette demeure prenait jour sur une cour intérieure qu'un puits ornait en son centre, une cour verte, humide, discrète. Un corridor étroit passant sous une voûte basse faisait communiquer ce jardin secret avec un autre bout de terre, ...
Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 213. 2. Deux escaliers donnaient accès aux étages supérieurs dont les corridors desservaient plus d'une douzaine de chambres ...
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 77. SYNT. Un corridor désert, interminable, sombre, ténébreux; un corridor capitonné, ciré, dallé, voûté; corridor transversal; un corridor cul-de-sac; un corridor d'hôtel; le corridor des classes, des loges; le corridor du troisième étage; au détour, au fond d'un corridor; dans l'ombre du corridor; ouvrir la porte du corridor. − P. anal. ou p. métaph. Ces tortueux corridors qu'on appelle les rues de Rome (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p. 456).Il [le vent] avait comme coupé les nuages en corridors qui s'enfonçaient jusqu'à toucher le flanc de la montagne, le ciel noir, le fond de la vallée (Giono, Batailles,1937, p. 44): 3. Le langage moderne a déshonoré (...) la simplicité. C'est au point qu'on ne sait même plus ce que c'est. On se représente vaguement une espèce de corridor ou de tunnel entre la stupidité et l'idiotie.
Bloy, Le Désespéré,1886, p. 96. 2. Au fig., usuel. Moyen d'accès à quelque chose. Son cellier et sa basse-cour étaient les corridors de la députation (J. Vallès, Réfract.,1865, p. 69). 3. Argot a) Gossier. Se rincer le corridor. Boire (d'apr. France 1907). Astiquer le corridor. Manger et boire (d'apr. Rigaud, Dict. jargon parisien, 1878, p. 98). b) Bouche. Cocotter du corridor, du bec (Nouguier, Notes manuscr. Dict. Delesalle, 1900, p. 72). Repousser du corridor, du tiroir (Delvau 1866, p. 339). Rebouiser du corridor (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s., 1894, p. 144). Avoir mauvaise haleine. Rem. Seule l'expr. se rincer le corridor (synon. la dalle) semble être encore d'usage. B.− Emplois spéc. [P. anal. de forme et/ou de fonction] 1. FORTIF. Chemin couvert. Corridor de contrescarpe; corridor de ronde. 2. MAR. Galerie de l'entrepont (d'apr. Lar. 20eet Quillet 1965). Espace libre pour le passage. Il y a grand intérêt à garder, derrière le cofferdam [d'un croiseur], un corridor destiné à faciliter le remplissage de ce caisson (Croneau, Constr. navires guerre,t. 1, 1892, p. 209). 3. THÉÂTRE. Passerelle de service, à droite ou à gauche des cintres. Dans cet espace le machiniste va installer les services du Cintre qui se composent de deux parties : les corridors et le gril (Moynet, Machinerie théâtr.,1893, p. 33). 4. GÉOGR. a) Passage étroit déterminé par un accident de terrain. Synon. couloir.Les glaciers usés de soleil et de pluie coulaient à pleins torrents dans d'étroits corridors encombrés de roches énormes (Giono, Chant monde,1934, p. 295). b) Bande de territoire qui sert de dégagement à une enclave, territoire qui sert de lieu de passage. Corridor polonais. Synon. couloir de Dantzig. − P. ext., ASTRONAUT. Corridor de lancement. ,,Zone qu'utilise la trajectoire de départ d'un engin spatial`` (A. Adlerblum, Vocab. de l'astronaut., fasc. 1, Québec, Ministère des affaires culturelles, 1972, p. 16). Corridor de rentrée. ,,Zone qu'utilise la trajectoire de retour d'un engin spatial avant et pendant sa pénétration dans l'atmosphère terrestre`` (A. Adlerblum, Vocab. de l'astronaut., fasc. 1, Québec, Ministère des affaires culturelles, 1972, p. 16). Prononc. et Orth. : [kɔ
ʀidɔ:ʀ]. Pour Fér. Crit. t. 1 1787 et pour Gattel 1841, on prononce r forte. ,,Colidor, que disent certaines gens du peuple, est un provincialisme et un barbarisme`` (Guérin 1892); cette prononc. est déjà signalée par D'Hautel 1808. Cf. Verlaine, Corresp., t. 1, 1869-96, p. 78 : les portes, les collidors (...) tout est petit. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1611 corridor « passage couvert établi derrière les murailles d'un ouvrage de fortification » (Cotgr.); 2. 1636 corridor « couloir dans un appartement, une maison » (Monet). Empr. à l'a. ital. corridore « passage étroit entre un local et un autre », attesté dep. début xvies. (Guicciardini ds Batt.; ital. mod. corridoio), proprement « lieu où l'on court », dér. de correre (courir*). Fréq. abs. littér. : 1 449. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 559, b) 3 596; xxes. : a) 3 088, b) 1 046. Bbg Adlerblum (A.). Vocab. de l'astronaut. Québec, 1972, p. 16. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 57. − Hope 1971, p. 183. − Sar. 1920, p. 20. − Wind 1928, p. 126, 196. |