| CORBLEU, CORDIEU, interj. Juron familier qui marque une vive humeur, nuancée d'indignation, de véhémence, etc. Pourquoi dire anathème, cordieu! sur ces beautés noires (Sue, Atar Gull,1831, p. 15):... morbleu! comme on leur a vite coupé la parole et la tête! (...) Il ne faut pas de ménagement avec ces brigands; zeste! il faut expédier ça au bourreau : sans cela, mais corbleu! sa majesté l'empereur ne pourrait dormir tranquille une seule nuit.
Borel, Champavert,M. de l'Argentière, l'accusateur, 1833, p. 13. Rem. S'employait autrefois dans la loc. interjective par la corbleu! (cf. Augier, Homme de bien, 1845, I, p. 78 et Sand, Meunier d'Angib., 1845, p. 187). Prononc. et Orth. : [kɔ
ʀblø]. La var. corbieu, écrite autrefois corps bieu est attestée ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. encyclop., Littré, Guérin 1892, Rob., Quillet 1965; la var. cordieu ds Lar. 19e-20e, Guérin 1892, Rob. et Quillet 1965. Ac. 1932 enregistre uniquement corbleu. Étymol. et Hist. [Ca 1179 por le cuer bieu (Renart, éd. M. Roques, 563); ca 1220 par le cuer bieu (G. de Coincy, II Mir. 13, 698); 1205-50 por le cuer Dieu (Renart, 13604)]; 2emoitié xiies. li cors Dieu le maudie (Moniage Guillaume, Première rédaction, 196, éd. W. Cloetta, t. 1, p. 9); 1534 le corps Dieu (Rabelais, Gargantua, XXVII, éd. Marty-Laveaux, t. 1, p. 105); 1546 corbieu (Id., Tiers Livre, VII, t. 2, p. 43); 1564 cor dieu (Id., Cinquième Livre, XIII, t. 3, p. 53); [1612 Bl.-W.4-5] corbleu; 1668 id. (Molière, Georges Dandin, I, 4); 1752 cordieu (Trév.). Cordieu pour le cœur de Dieu (cœur transpercé sur la croix), puis pour le corps de Dieu (corps eucharistique de Jésus, fils de Dieu); corbleu par euphémisme. Fréq. abs. littér. Corbleu : 24. Cordieu : 6. |