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CONVIER, verbe trans.
A.− Inviter quelqu'un à un repas. Convier qqn à déjeuner, à dîner; convier qqn à un déjeuner, à un dîner :
1. Dès la seconde entrevue, il s'était mis en tête de nous convier à quelque repas. « Ce ne sera pas un festin, disait-il. Une simple agape fraternelle pour fêter mon entrée comme teneur de livres à la Petite Marinière. » Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Notaire du Havre, 1933, p. 87.
P. ext. Inviter amicalement quelqu'un à une réunion heureuse. Convier qqn à une chasse, à une fête, à une promenade; convier qqn à passer quelques jours à la campagne. Amis de l'enfance et sauveurs de l'enfance, je vous convie tous à l'arbre de Noël (Alain, Propos,1935, p. 1299).
Au fig. Toutes les autres fêtes auxquelles il [Jack] n'avait pas été convié dans la vie (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 170).
Absol., vx. Convier qqn :
2. ... déjà l'oubli, le repos, la fuite, tous les esprits des solitudes heureuses nous conviaient et nous invitaient; ... Musset,La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 289.
B.− Au fig. Inciter quelqu'un à quelque chose (ou à faire quelque chose) :
3. C'est à cette action révolutionnaire méthodique, directe et légale que Engels, dans la dernière partie de sa vie, conviait le prolétariat européen en des paroles fameuses qui rejetaient en fait, le Manifeste communiste dans le passé. Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. XXXV.
P. euphém. Engager avec plus ou moins de vigueur. Convier qqn au respect; convier qqn à se taire :
4. ... il convia tous les hérétiques présents à l'obéissance, à la conversion, et conclut en ordonnant que ceux qui voulaient se soumettre passassent à sa droite, et les autres à sa gauche. Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 270.
Rem. Imité de la lang. class., on rencontre : convier qqn de :
5. Où vois-tu, me dit-il, qu'il est création arbitraire et acte de sculpteur et poésie dans le monument de vérités que nous te convions de reconnaître? Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 692.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃vje], (je) convie [kɔ ̃vi]. Ds Ac. 1694-1932. Comparer : (il) convient [kɔ ̃vjε ̃] (de convenir) et (ils) convient [kɔ ̃vi] (de convier) qui sont homographes. Étymol. et Hist. 1. 1125 cunveer « inviter à un repas, à une réunion » (Lapidaire de Marbode, éd. Studer et Evans, 557, leçon du ms. A, 2emoitié xiie-début xiiies.); 1580 part. passé subst. (Montaigne, Essais, I, 20, éd. A. Thibaudet, p. 110); 2. 1160-74 cunvier de « inciter à faire quelque chose » (Wace, Rou, éd. H. Andresen, II, 1995 : [confuient ds éd. A.-J. Holden]). Du b. lat. *convitare « inviter » (lat. médiév. convitare « id. » xies. ds Nierm.), prob. croisement de invitare (inviter*) et de convivium (convive*). Fréq. abs. littér. : 293. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 253, b) 547; xxes. : a) 381, b) 505. Bbg. Gohin 1903, p. 306.