| CONTRACTION, subst. fém. A.− [En parlant d'une réalité phys.] 1. PHYS. Diminution de volume d'un corps, par rapprochement des molécules. Force de contraction : 1. ... la fonte encore ne résisterait pas aux efforts de dilatation et de contraction qui travaillent le métal à ces altitudes, dans cet air si limpide, où un froid vif tombé des cimes succède brusquement à la chaleur intense d'un soleil qui rayonne sans obstacle :...
Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 187. ♦ Contraction de la veine fluide. Resserrement d'une colonne de fluide, proportionnel à la minceur de la paroi d'un vase par l'orifice duquel elle s'écoule : 2. ... quand un gaz comprimé, dans un récipient, s'écoule par un orifice de faibles dimensions percé dans la paroi; ... l'écoulement... se fait... avec contraction de la veine fluide,...
L. Ser, Traité de phys. industr.,t. 1, 1888, p. 246. − Spéc. [Selon Fitgerald et Lorentz] ,,Phénomène qui trouve son explication dans l'hypothèse selon laquelle un corps qui se déplace à grande vitesse à travers « l'éther » subit une contraction dans la direction du déplacement`` (Uv.-Chapman 1956) : 3. Prenons donc la théorie de Lorentz, retournons-la dans tous les sens; modifions-la peu à peu, et tout s'arrangera peut-être. Ainsi au lieu de supposer que les corps en mouvement subissent une contraction dans le sens du mouvement et que cette contraction est la même quelle que soit la nature de ces corps et les forces auxquelles ils sont d'ailleurs soumis, ne pourrait-on pas faire une hypothèse plus simple et plus naturelle?
H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 202. 2. PHYSIOL. Diminution de tension ou de volume (ou de longueur) due à l'action d'un agent. Contraction du cœur, des muscles, des oreillettes. Alban sentit sous le pansement la contraction des muscles, l'effort pour parler (Montherlant, Le Songe,1922, p. 160): 4. ... on remarque que les muscles se contractent et on dit que leur fibre est contractile et que partout où elle sera il devra y avoir contraction. De sorte que, en premier lieu (et c'est toujours ainsi), c'est la physiologie qui a montré que la fibre musculaire ou le muscle se contractait.
C. Bernard, Cahier de notes,1860, p. 33. − P. ext. Tension (crispation) des traits du visage, de la voix, trahissant (ou reflétant) une émotion, la souffrance ou l'intensité des sentiments. Contraction des traits. Pauline avait ouvert les yeux, et malgré la contraction douloureuse de sa face, elle souriait (Zola, La Joie de vivre,1884, p. 917).Je n'essayai plus de parler. Le resserrement de ma poitrine, cette contraction atroce suffisait à m'occuper (Mauriac, Le Nœud de vipères,1932, p. 205): 5. ... ainsi par la subite contraction de ses traits [de votre femme] au moment où elle vous voit, et qui, malgré la rapidité de son jeu, ne s'opère pas assez vite pour ne pas laisser voir l'expression du visage en votre absence, vous devez lire dans son âme comme dans un livre de plain-chant;...
Balzac, Physiologie du mariage,1826, p. 156. SYNT. Contraction de la gorge, des ventricules; mouvement de contraction; contraction cardiaque; contraction douloureuse (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 219); contraction musculaire, nerveuse; légère contraction; contractions successives; contractions utérines (E. Garcin, Guide vétér., 1944, p. 121). B.− Au fig. 1. Vieilli. Répression, modération de tout élan intérieur; repliement sur soi-même : 6. Un extraordinaire mélange de contraction égoïste et de décontraction à la fois crainte et appelée.
A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1948, p. 212. 2. ÉCON. Phase ,,de la « fluctuation économique » caractérisée par la prédominance des mouvements de baisse des prix, des profits, des dépenses d'investissement, de la production, de l'emploi, du revenu et de la consommation`` (Cotta 1972) : 7. La relève de l'ancien par le nouveau, en tout régime, engendre alternances et corrections. (...); nous utilisons les politiques monétaires et fiscales qui compensent la contraction ou l'expansion, mais sans ignorer que la dépression prolongée d'une puissance dominante compromettrait l'efficacité de ces cures.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 20. 3. GRAMM. Réunion de deux voyelles ou de deux syllabes en une seule. Contraction des articles (cf. T'Serstevens, L'Itinéraire espagnol,1963, p. 267): 8. Toutes les opérations par lesquelles le mot a passé pour signifier cet allumeur d'incendie dont feu le père comme d'un bouclier nous garde et devient ici sous la forme de Jupiter la contraction latine du Zeus-Pater grec,...
Artaud, Le Théâtre et son double,1938, p. 132. Rem. On rencontre ds la docum. l'adj. dér. contractionnel, employé dans le syntagme processus contractionnel (Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 575). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tʀaksjɔ
̃]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. 1256 contraicion « contracture musculaire » (A. de Sienne, Régime du Corps, éd. Landouzy-Pépin, p. 55, 28); xve[date ms.] contraction des veines et des nerfs (Evr. de Conty, Probl. d'Arist., B. N. 210, fo106 ds Gdf. Compl.); spéc. 1813 « tension des traits du visage » (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 3, p. 314 : Quelle contraction visible j'observe dans les muscles de sa face); 1823 « tension, crispation de tout l'individu » (Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 2, p. 208 : En saisissant son rapport avec une espèce de contraction); 2. 1560 gramm. (Ab. Mat[hieu], Sec. dev. de la lang. fr., p. 28 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. class. contractio « action de contracter; état de ce qui est contracté » notamment en parlant des muscles; au fig. « trouble, angoisse »; également terme de grammaire. Fréq. abs. littér. : 510. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 767, b) 714; xxes. : a) 586, b) 778. Bbg. Gohin 1903, p. 363. |