| CONTAMINATION, subst. fém. A.− [Sans idée de corruption ou de diffusion d'un mal] 1. Contamination de qqc. par qqc.,littér. Altération des caractéristiques propres à une chose, en général abstraite (cf. contaminer A1). La contamination de l'instinct par l'intelligence (J. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort,1949, p. 30). 2. Contamination de qqc. et de qqc. ou entre qqc. et qqc.Interpénétration de deux influences. La contamination de l'impressionnisme et du fauvisme. La contamination entre deux souvenirs (Sartre, L'Imagination,1936, p. 107). − Emplois spéc. a) LITT. Procédé qui consiste à fondre en une seule deux œuvres littéraires. Les Fourberies de Scapin sont le fruit de la contamination d'une comédie de Térence et d'une farce de Tabarin (BénacDissert.1949). b) LING. ,,Action exercée par un élément sur un autre élément (...) de façon à réaliser un croisement`` (Mar. Lex. 1933). La construction « se rappeler de qqc. » résulte de la contamination de « se souvenir de qqc. » et de « se rappeler qqc. ». Cf. analogie B 3 d. c) PATHOL. Dans le discours d'un aphasique, phénomène selon lequel un mot en entraîne d'autres à sa suite, parce qu'ils lui sont habituellement associés, phoniquement ou syntaxiquement. B.− [Avec idée de propagation d'un mal] Contamination de qqc., de qqn. 1. Emploi actif, rare. [Le compl. prép. de désigne l'origine du processus] Contamination d'un mal; contamination d'un comportement pervers. 2. Emploi passif. [Le compl. prép. de désigne ce qui est affecté, le compl. par, facultatif, désignant le processus] a) Infection due à la propagation d'un principe nuisible. Contamination de la viande par des parasites; contamination d'une rivière; la contamination se fait par les aliments souillés. Rem. La contamination se caractérise par l'envahissement par des microorganismes, suivi ou non de pénétration à l'intérieur du corps ou de la substance; elle s'oppose à la contagion, où la transmission des agents pathogènes est toujours suivie d'infection. − Spéc., PHYS. NUCL. Radioactivité induite par une source radioactive au voisinage de celle-ci. Taux de contamination. S'oppose à irradiation. SYNT. Contamination (d'un organisme) par des parasites, des bacilles, des agents pathogènes; contamination bactérienne, microbienne, bacillaire, vénérienne; contamination digestive, rectale, intra-utérine, massive, accidentelle; contamination directe, de proche en proche; prophylaxie de la contamination; réduire les risques de contamination; facteurs, occasions de contamination; germes de contamination; modes de contamination; réfractaire, rebelle, exposé à la contamination; vierge de toute contamination antérieure; susceptible de contamination ultérieure; s'assurer de la non-contamination; éviter, prévenir la contamination. b) Au fig. Corruption. Céder à la contamination, se défendre contre la contamination, entraîner par contamination. La contamination de l'Europe par des idées que pourtant elle vomit (Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 434). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃taminasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 2etiers xives. (Bib. hist., Maz. 312, fo167dds Gdf. Compl.); 1492 religion mosaïque ([Cl. de Seyssel], Bat. Judaïque, IV, 17 ds Gdf. Compl.), réputé ,,vieux et hors d'usage`` dep. Fur. 1690; 2. 1866 méd. « contagion » (Lar. 19e); 1890-1906 ling. (Meyer-Lübke, Gramm. des lang. rom., trad. A. et G. Doutrepont, t. 2, § 177). Empr. du lat. chrét. contaminatio « contact impur, souillure ». Fréq. abs. littér. : 62. Bbg. Gohin 1903, p. 312. |