| CONSTANT, ANTE, adj. A.− Vx. Qui demeure ferme, inébranlable au milieu des épreuves : 1. Fils aînés de l'Antiquité, les François, Romains par le génie, sont grecs par le caractère. Inquiets et volages dans le bonheur; constans et invincibles dans l'adversité; ...
Chateaubriand, Génie du christianisme,t. 2, 1803, p. 92. − P. ext., usuel. Qui garde une ligne de conduite suivie. 1. Persévérant dans l'accomplissement d'une action : 2. ... c'était un homme passionnément raisonnable, plus éclairé qu'éloquent, mais constant et ferme dans sa route tant qu'il lui fut possible d'en choisir une.
Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 1, 1817, p. 162. 2. Qui ne change pas dans ses idées, ses sentiments. Faute d'être fidèle à l'autre, je tente de rester constant, de demeurer en accord avec moi-même (Ricœur, Philos. de la volonté,1949, p. 126): 3. ... Auguste, quoiqu'il fût en général grand et constant ennemi des religions étrangères, ordonna qu'on sacrifieroit chaque jour à ses frais sur l'autel de Jérusalem.
J. de Maistre, Les Soirées de Saint-Pétersbourg,t. 2, 1821, p. 195. 3. Fidèle en amour. Anton. inconstant : 4. ... lancez-vous sans crainte dans le torrent du monde; ayez des courtisanes, des danseuses, des bourgeoises et des marquises. Soyez constant et infidèle, triste et joyeux, trompé ou respecté; ...
Musset, La Confession d'un enfant du siècle,1836, p. 56. B.− Qui présente un caractère de permanence, de continuité ou de stabilité. 1. [En parlant d'une action, d'un sentiment, d'une manifestation de l'esprit] Mon père avait fait une constante opposition à ce que je me destinasse à la carrière des lettres (Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 439).Nous assistons, à l'endroit du lieu commun, à une tentative constante, obstinée, pour créer des mots (Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 97): 5. Martin du Gard incarne à mes yeux une des plus hautes et nobles formes de l'ambition : celle qu'accompagne un constant effort de se perfectionner soi-même et d'obtenir, d'exiger de soi, le plus possible.
Gide, Journal,1922, p. 726. 2. [En parlant d'un élément de la nature ou d'un phénomène scientifique] Durable, qui ne varie ni ne s'interrompt. Le port dormait sous les fenêtres ouvertes : pas de sirènes, rien que le constant ressac de l'eau contre les berges et les pilotis (Malraux, La Condition humaine,1933, p. 291): 6. ... les deux théories s'accordent à affirmer la constante accumulation ou la perte constante d'une certaine espèce de matière, ...
Bergson, L'Évolution créatrice,1907, p. 18. − Spéc., MAR., vx. Vents constants. Vents dont la direction est invariable (cf. Voyage de La Pérouse, t. 2, 1797, p. 58). 3. Expr. Il est constant que..., c'est un fait constant que... Il est bien établi, assuré que..., on ne peut douter que... La tradition ne cache point que Tatius fut vainqueur, qu'il pénétra dans la ville; et (...), il n'est pas moins constant que le second roi de Rome, Numa, fut un Sabin (Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 88). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃stɑ
̃], fém. [-ɑ
̃:t]. Enq. : /kõstɑ
̃, -t/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1265 constans [en parlant d'un homme] (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, 80, § 7); ca 1393 [en parlant d'un inanimé] (Ménagier de Paris, éd. Sté Bibliophiles fr., t. 1, p. 113) : constant courage); 2. 1660 il passe pour constant que « il passe pour établi, certain que » (Corneille, Examen d'Horace, éd. Marty-Laveaux, t. 3, p. 276). Empr. au lat. class. constans « ferme, qui ne se laisse pas ébranler; inaltérable (d'une pers. ou d'une chose) » part. prés. de constare, v. conster. Fréq. abs. littér. : 2 862. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 387, b) 2 222; xxes. : a) 3 152, b) 4 488. Bbg. Baldinger (K.). Der Begriff während. Z. rom. Philol. 1954, t. 70, pp. 305-340. |