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CONSCIENCIEUX, IEUSE, adj.
A.− [En parlant d'une pers.] Qui s'applique à se conformer scrupuleusement aux exigences de la conscience morale (cf. conscience II). Consciencieux comme je le suis, je voulus être en règle avec moi-même et je continuai de vivre dans Paris ainsi que j'avais fait au séminaire (Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 359).Ce Grey, paraît-il, est le type de l'Anglais consciencieux, un peu défiant, un peu timoré, pas très généreux, mais d'un grand loyalisme de pensée et d'action (R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 517):
1. ... ayant eu quelquefois à émettre des conseils pratiques dans l'intérêt de mon pays, ces conseils ont été au rebours de mes opinions d'artiste. J'ai agi en homme consciencieux. Je me suis défié de la cause ordinaire de mes erreurs; j'ai pris le contre-pied de mes instincts; je me suis mis en garde contre mon idéalisme. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883p. 124.
♦ P. métaph., péj. :
2. On se mettait à genoux pour la prière initiale et finale (...) Il régnait là un ton humble, consciencieux et gris, qu'adoptaient même les messieurs à haute situation et à voiture, comme on prend le même peignoir chez le coiffeur. Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 251.
− En partic. Qui s'applique à se conformer scrupuleusement aux exigences de la conscience professionnelle. Sa droiture de fonctionnaire consciencieux (Courteline, Messieurs les Ronds-de-cuir,1893, 1ertabl., 2, p. 30):
3. Si naturellement, en effet, qu'on fasse son devoir, on peut rencontrer en soi de la résistance; il est utile de s'y attendre, et de ne pas prendre pour accordé qu'il soit facile de rester bon époux, bon citoyen, travailleur consciencieux, enfin honnête homme. Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 13.
♦ Emploi subst. Il est à l'heure présente un des deux ou trois consciencieux de la littérature, travaillant un volume pendant des années (E. et J. de Goncourt, Journal,1894, p. 564).Pour eux rien était tragique, des imprévoyants ces ouvriers! pas des consciencieux comme nous autres (Céline, Mort à crédit,1936, p. 55).
4. (...) J'aimais bien Félicien. C'était un bon français. Comme beaucoup de cuisiniers de l'histoire, c'était un scrupuleux, un consciencieux. Il se tourmentait beaucoup. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 276.
HIST. Les consciencieux. ,,(...) sectaires qui rejetaient toute loi en dehors de la voix de leur conscience`` (Littré).
− P. ext. Qui est scrupuleux; qui est appliqué, minutieux. Je vous parlerai de l'article après que je l'aurai lu seulement, par scrupule d'homme consciencieux (Gide, Correspondance[avec Valéry], 1891, p. 67).Alcmène. (...) Vous n'hésiterez pas au dernier moment! Leda. − Je vous l'ai promis. Je suis très consciencieuse en amitié (Giraudoux, Amphitryon 38,1929, II, 6, p. 153).
B.− [En parlant d'une chose faite par l'homme]
1. Qui est fait avec conscience, avec application et minutie. Difficultés de l'exégèse catholique, pointillées de référence de détail, de chiffres et renvois consciencieux (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 342).C'est [une toile] bien pire que mauvais, c'est quelconque et en même temps très poussé, très léché, avec un modelé des plus consciencieux, un dessin prudent, sans génie (Green, Journal,1949, p. 245):
5. La réglementation rigoureuse et méticuleuse des métiers, assignant à chacun ses devoirs, devait, en principe, (...) maintenir, (...), l'honnêteté des opérations commerciales comme la qualité des fabrications et la consciencieuse exécution de tout travail. Faral, La Vie quotidienne au temps de St Louis,1942, p. 73.
2. Qui est le fait de la conscience morale :
6. Bon gré, mal gré, et nonobstant tous mes efforts consciencieux en sens contraire, j'étais prédestiné à être ce que je suis, un romantique protestant contre le romantisme, un utopiste prêchant en politique le terre-à-terre, un idéaliste se donnant inutilement beaucoup de mal pour paraître bourgeois, un tissu de contradictions. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 73.
7. La période du bon motif. Probité. Consciencieux besoin de réparer une faute commise. En l'espèce : l'obligation morale de consacrer à Lara la somme que ses parents ont péniblement économisée : (...). Gide, Les Faux monnayeurs,1925, p. 1045.
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃sjɑ ̃sjø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1527 (Gringoire, Chants Royaux ds Quem.). Dér. de conscience* d'apr. conscientia; suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 292. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 343, b) 516; xxes. : a) 515, b) 361.