| CONSÉQUENCE, subst. fém. A.− 1. Suite logique à un principe. Synon. conclusion, corollaire, résultante.Ils n'en ont pas déduit toutes les conséquences qui en dérivent (Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Grammaire, 1803, p. 364).La logique telle qu'elle a toujours été, n'était que l'art de tirer des conséquences légitimes de principes avoués (Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Logique, 1805, p. 399): 1. Pour reprendre foi à la France, espérer dans son avenir, il faut remonter son passé, approfondir son génie naturel. Si vous le faites sérieusement et de cœur, vous verrez, de cette étude, de ces prémisses posées, la conséquence suivre infailliblement. De la déduction du passé, découlera pour vous l'avenir, la mission de la France; ...
Michelet, Le Peuple,1846, p. 346. − P. méton. Qualité d'une personne qui dans sa conduite se montre conséquente, manifeste un esprit de suite : 2. Cette mauvaise foi puérile, ces trahisons pour le plaisir, ces atrocités, ces vengeances, cela n'est pas sérieux. Cela ne s'accorde ni avec la conséquence dans la conduite, ni avec la lucidité. Neuf fois sur dix, cela se retourne contre lui; il le sait, et il y persiste; c'est de la manie.
Montherlant, Malatesta,1946, III, 4, p. 496. 2. Au sing. ou au plur. Il est facile de prévoir toutes les conséquences fatales qu'entraîneroient les dispositions dont je parle (Robespierre, Discours,Sur le marc d'argent et les journées d'ouvriers, t. 7, 1791, p. 171).L'inconséquence est une conséquence nécessaire des passions (Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 164): 3. Cette cellule sociale où tout est à rebours est un défi aux lois de la vie. Il semble impossible que d'un tel porte-à-faux la chute ne naisse pas. On prévoit le jour où, par le seul jeu des causes et des conséquences, le père sera ruiné, la mère hâtera de dix ans sa mort, la fille se fera faire un gosse.
Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 244. SYNT. a) Conséquence + adj. : conséquences directes, indirectes. Ils ne pesaient pas les conséquences directes ou indirectes de leur acte (Cocteau, Les Enfants terribles, 1929, p. 123); conséquences extrêmes, fâcheuses, matérielles, morales, naturelles, nécessaires. b) Subst. + de conséquence : complément, proposition, subordonnée de conséquence, complément, proposition exprimant la conséquence d'un fait déjà énoncé dans la phrase; conjonction de conséquence, conjonction introduisant une proposition subordonnée de conséquence (attesté ds Ac. 1932, Rob., Lar. encyclop., Dub.). c) Verbe + conséquence : le trouble dans l'État a pour conséquence inéluctable la désaffection des citoyens à l'égard des institutions (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1959, p. 649); étendre une conséquence. Ce savant a étendu trop loin la conséquence qu'il a tirée des observations faites à ce sujet (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 292); pousser aux extrêmes conséquences. Les opinions de Wiclef et de Jean Huss, commentées par Luther, étendues par Calvin, et poussées aux plus extrêmes conséquences par nos philosophes (Bonald, Législ. primitive, t. 1, 1802, p. 80); tirer des conséquences, déduire des conséquences. L'amour est sujet à exagérer les nuances les plus légères, il en tire les conséquences les plus ridicules (Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 217). − Locutions ♦ En conséquence. D'une manière logiquement conforme (à telle chose). Il pourrait choisir le moment où sa cote matrimoniale atteindrait le plus haut chiffre, et il se marierait en conséquence (Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de M. F. T. Graindorge, 1867, p. 172): 4. L'intérêt de notre manœuvre remontait vers le nord de cette ligne, et, dès le 21 juillet, je donnais au général Pétain des instructions en conséquence : ... pour faire produire à la bataille en cours tous les résultats dont elle est susceptible, il est nécessaire de pousser au plus haut point l'action de la 10earmée sur les plateaux nord de Fère-en-Tardenois; ...
Foch, Mémoires,1929, p. 156. ♦ En conséquence de. Je tiens à être informé dans le plus bref délai possible des dispositions que le gouvernement britannique compte prendre en conséquence des présentes observations (De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 365). ♦ Par voie de conséquence. Partant, par suite. Il n'y a pas en le souverain pontife deux pouvoirs, mais un seul, qui se rapporte directement aux choses spirituelles, et, par voie de conséquence, aux choses temporelles (Maritain, Primauté du spirituel,1927, p. 196). PARAD. Contrecoup, effet, fruit, résultat. B.− Suite particulièrement importante d'un événement. 1. Au plur. Elle regarde comme une bassesse qui aurait des conséquences durant toute une vie de s'écarter un instant du naturel (Stendhal, De l'Amour,1822, p. 249).Ses interventions diplomatiques les plus grosses de conséquence (Proust, La Fugitive,1922, p. 636): 5. Tu as profité de ce que tu étais seule pour céder à tous les entraînements! ... « Est-ce en quelques jours qu'on prend une décision aussi grave, aussi lourde de conséquences? Une décision qui engage toute une vie? Et non seulement ta vie à toi, mais la nôtre... »
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 664. SYNT. Subir, supporter les conséquences. Je ne me sens plus la vaillance d'en subir les conséquences (E. et J. de Goncourt, Journal, 1889, p. 898). Quand vous aurez la tête broyée, est-ce que c'est vous qui en supporterez les conséquences? Pas du tout! Ce sera la compagnie, qui devra vous faire des pensions (Zola, Germinal, 1885, p. 1177). 2. Au sing. (gén. dans des loc.). Porter à conséquence. Il pouvait se laisser aller à la maison, ça ne portait pas à conséquence (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 574).Tirer à conséquence. Entraîner des suites graves. Pour elle, se donner ne tirait pas à conséquence (Zola, Son Excellence E. Rougon,1876, p. 189): 6. le pape. − On dit de votre seigneur qu'il est plus impie que jamais. (...) il [Sigismond] s'est divinisé lui-même! isotta. − C'est là une simple imagination poétique et qui ne tire pas plus à conséquence que, par exemple, lorsqu'il prétend qu'il descend en droite ligne de Scipion l'Africain. Ce sont des choses auxquelles il ne croit pas, ou ne croit qu'un peu, mais qui l'exaltent au moment où il lui faut accomplir des actions grandes et difficiles.
Montherlant, Malatesta,1946, p. 502. − Locutions ♦ De conséquence. D'une importance particulière. Sans doute il ne manquait point de maîtresses, mais elles n'étaient pour lui d'aucune conséquence, et, malgré son âge, on pouvait dire de lui qu'il ne connaissait point l'amour (Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 124): 7. la sœur angélique. − Quel bruit vous faites en marchant, ma sœur, avec vos souliers qui craquent! Cela est peu de chose, mais tout est de conséquence dans une communauté.
Montherlant, Port-Royal,1954, p. 986. ♦ Sans conséquence [À propos d'une chose, d'un fait] Sans importance, n'entraînant aucune suite grave. Un recueil de chansons est et sera toujours un livre sans conséquence (Béranger, Chansons,t. 1, 1829, p. XLII).Un effort pour faire apparaître les choses comme toutes simples, sans conséquence, ne valant pas la peine d'être longuement pesées (Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 190).[À propos d'une pers.] Qui est dépourvu de caractère, de crédit ou de pouvoir et avec qui on n'a pas à compter. Avec un caporal, il n'y a pas à se gêner, et c'est un être sans conséquence lorsque son escouade n'est pas là, baïonnette au bout du fusil, pour vous mener où vous n'avez pas envie d'aller (Mérimée, Colomba,1840, p. 9).Une personne sans conséquence, trop heureuse de faire tout ce qu'on veut (Proust, La Fugitive,1922, p. 439). − En partic. [À propos d'un homme] Qui, par son âge, son physique ou son caractère se trouve au-dessus de tout soupçon de relations intimes avec une femme. Francis achevait de coiffer Nana. Labordette se trouvait aussi dans le cabinet, avec sa familiarité d'ami sans conséquence (Zola, Nana,1880, p. 1364). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃sekɑ
̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1253 « suite qui entraîne un fait, une action » trere qqc. a consequence « faire valoir quelque chose pour obtenir quelque chose de pareil » (P. de Fontaines, Conseil ds Gdf. Compl.); spéc. a) 1539 cela est de grande consequence « cela est très important [par ses consequences] » (Est.); 1690 discours sans consequence (Fur.); b) 1644 homme de consequence (D'Ouville, Contes I, p. 48 ds Livet); 1694 un homme ... sans consequence (Ac.); 2. 1269-78 « lien logique nécessaire qui rattache, ou devrait rattacher la conclusion aux prémisses d'un syllogisme » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 12110); 3. 1681 loc. adv. en conséquence de (Bossuet, Hist. II, 13 ds Littré). Empr. au lat. class. consequentia « suite, succession » (TLL s.v., 402, 48); d'où en b. lat. « lien d'arguments dans une conclusion » et la loc. per consequentiam. Fréq. abs. littér. : 5 084. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 079, b) 5 056; xxes. : a) 5 209, b) 8 032. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 193. |