| CONFESSER, verbe trans. I.− Proclamer publiquement (ses croyances religieuses) : 1. Les hommes de bonne volonté (...), ce sont d'abord ceux qui (...) gardent intacte la foi, telle que la confesse l'apôtre Jean dans sa première Épître : « Et nous, nous avons connu l'amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru. Dieu est amour. »
Mauriac, Le Bâillon dénoué,1945, p. 465. Rem. On rencontre ds la docum. le part. prés. adj. confessant, ante. Qui confesse. Elle [l'Église] ne peut être qu'un Église confessante, c'est-à-dire qui confesse que l'Écriture est la norme de toute vérité (Philos., Relig., 1957, p. 5009). − P. ext. : 2. Je crois sans y changer un seul point ce que mes pères ont cru avant moi,
Confessant le Sauveur des hommes et Jésus qui est mort sur la croix,
Confessant le Père qui est Dieu, et le Fils qui est Dieu, et le Saint-Esprit qui est Dieu,
Et cependant non pas trois dieux, mais un seul Dieu, ...
Claudel, Processionnal pour saluer le siècle nouveau, La Messe est dite, allons, 1910, p. 303. − Emploi abs. Confesser de cœur et de bouche, de cœur comme de bouche (Ac. 1835-1932). − P. métaph. : 3. ... il y a deux cent cinquante chambres où quelqu'un confesse la médecine, deux cent cinquante lits où un corps étendu témoigne que la vie a un sens et, grâce à moi, un sens médical.
Romains, Knock,1923, III, 6, p. 18. II.− Avouer devant témoin(s) privé(s) ou public(s). A.− RELIG. CATH. 1. [En parlant d'un pénitent] Avouer (ses péchés) au prêtre dans le sacrement de pénitence ou à Dieu seul dans une prière particulière. a) Emploi trans. : 4. À l'église.
le curé. − Approchez et que chacun confesse en public ce qu'il a fait de pire.
Camus, L'État de siège,1948, p. 209. b) Emploi pronom. − Réfl. Il [l'abbé Beccarelli] disait la messe sans s'être confessé de ses luxures (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 102).Je n'ai pas de confesseur au collège. Je me confesse à un prêtre de la paroisse (Montherlant, La Ville dont le prince est un enfant,1951, I, 3, p. 864). ♦ Absol. Il voulait se confesser, c'était tout le tas des péchés, sur lui, qui l'étouffait, qui lui infligeait cette soif et cette sueur (Queffélec, Un Recteur de l'île de Sein,1944, p. 136). ♦ Proverbial et fig. Se confesser au renard. Confier un secret à une personne susceptible d'en tirer parti. − À sens passif. Il est des péchés aimables qui se confessent sans répugnance (Lar. 19e-20e). 2. [En parlant d'un prêtre] Entendre (un pénitent) en confession, en vue de l'absoudre de ses péchés : 5. ... rien ne prouvait que ce prêtre, qui n'était pas attaché à une paroisse, fut occupé à confesser des fidèles.
Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 83. − Emploi abs. Un prêtre qui ne confesse point, qui n'a pas les pouvoirs pour confesser (Ac. 1835-1932). − Au fig. ♦ Fam. Arracher un secret (à quelqu'un) : 6. Pendant ce, son fils [de MmeLockroy], confessé par Daudet lui avouait qu'il venait de rompre avec la petite de Menier, le chocolatier; ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1890, p. 1207. ♦ Proverbe. C'est le diable à confesser. C'est un aveu difficile à obtenir, une chose difficile à faire. Rem. On relève ds la docum. le part. prés. substantivé confessant, ante, fam. Personne qui confesse. Une voie d'eau coula ledit sloop et les soixante confessants et confessés (E. Sue ds Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). B.− P. ext. Reconnaître pour vraie (une chose à son désavantage). Confesser son crime, son erreur; j'ai tort, je le confesse, mais... : 7. − Enfin, vous avouez et confessez avoir, à l'aide du démon, et du fantôme vulgairement appelé le moine-bourru (...), meurtri et assassiné un capitaine nommé Phœbus de Châteaupers?
Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 363. 8. Je dois confesser que ma chambre était par contre l'illustration réussie du bonheur bourgeois allemand.
Giraudoux, Siegfried et le Limousin,1922, p. 82. − Fig. et fam. Confesser la dette. Même sens que avouer la dette (cf. avouer I B 2 a). − Proverbe. (Une) faute confessée est demi pardonnée (Ac. 1835-1932). − Emploi pronom. réfl. Il se confesse athée (Chateaubriand, Les Martyrs,t. 3, 1810, p. 20).L'évêque d'Hippone se confesse d'avoir volé des poires (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 5, 1814, p. 307).Il se confessa criminel (Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France,t. 3, 1921, p. 415): 9. Parfois, sans aller jusque-là, il [le criminel] se confessera à un ami, ou à n'importe quel honnête homme.
Bergson, Les Deux sources de la mor. et de la relig.,1932, p. 11. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃fεse] ou [kɔ
̃fese], (je) confesse [kɔ
̃fεs]. [ε] ouvert à la 2esyll. de l'inf. ds Lar. Lang. fr., Pt Lar. 1968, Dub. et Passy 1914; [e] fermé ds Pt Rob.; [ε] pour le lang. soutenu; [e] pour le lang. cour. ds Warn. 1968. Comme le redoublement de la consonne est purement graph. la voyelle devrait normalement se fermer en [e] : [kɔ
̃fe-]. Mais on prononce [ε] ouvert sous l'influence de l'orth. et sous l'influence des mots sav. dans lesquels on prononce la géminée; à ce sujet cf. Buben 1935, § 49 et 50. Le verbe est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. 1172-75 soi confesser « avouer ses fautes, ses péchés » (Chr. de Troyes, Chevalier Charrette, éd. W. Foerster, 4200); 2. 1275-80 confesser trans. « avouer, reconnaître quelque chose » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 7956); 3. début xiiies. confesser « entendre en confession [en parlant du prêtre] » (Lai d'Ignaure, éd. R. Lejeune, 200). B. 1564 confesser « déclarer publiquement ses croyances religieuses » (Indice et recueil universel de tous les mots principaux des livres de la Bible, tit. 1. d. 16 : confesse cognoistre dieu). Dér. de l'a. fr. (estre)cunfes « avouer ses péchés », attesté dep. ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 3858), issu de confessus « qui avoue », part. passé du lat. chrét. confiteri « avouer ses fautes à Dieu, à un prêtre » (« reconnaître, avouer » en lat. class., d'où le sens 2). Le sens B a été empr. par les Protestants du temps de la Réforme au lat. chrét. « proclamer sa foi (devant ses juges, ses persécuteurs) », v. confession. Fréq. abs. littér. : 1586. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 828, b) 2 460; xxes. : a) 2 933, b) 2 101. Bbg. Gir. t. 2 Nouv. rem. 1834, p. 23. − Gottsch. Redens. 1930, p. 36, 359. |