| ![]() ![]() ![]() ![]() CONDUITE, subst. fém. Fait de conduire. A.− [Un être vivant] 1. Action d'accompagner, de guider une personne, un animal. Être sous la conduite d'un guide; la conduite d'un troupeau. De temps en temps une escouade, sous la conduite d'un sous-officier, dévalait en torrent d'un escalier (A. France, L'Anneau d'améthyste,1899, p. 244): 1. ... eh bien! j'aime assez qu'ils voient passer les enfants de M. de Rênal, allant à la promenade sous la conduite de leur précepteur.
Stendhal, Le Rouge et le Noir,1830, p. 13. ♦ Faire un brin, un bout de conduite à qqn. L'accompagner un certain temps : 2. Quand elle [Jacqueline] va partir, le maître tient à l'accompagner « un bout », à lui « faire conduite » : c'est l'habituelle courtoisie campagnarde...
J. de La Varende, L'Homme aux gants de toile,1943, p. 263. ♦ Faire à qqn une (la) conduite de Grenoble. Reconduire quelqu'un à coups de bâtons et de pierres, l'escorter de huées : 3. Cette femme ignoble,
Je lui ferai une conduite de Grenoble
Telle qu'elle s'en souviendrait en Paradis!
Verlaine,
Œuvres complètes,t. 3, Dans les limbes, 1894, p. 2. 2. Action de diriger quelqu'un psychologiquement et moralement. Travailler sous la conduite d'un maître : 4. Le malheur qui venait d'arriver au roi, et qui jetait partout la consternation, était imputé à ceux qui, depuis quatre années, avaient la conduite de ce prince.
Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 2, 1821-24, p. 67. 3. Action de se diriger soi-même; attitude, comportement. Une conduite étrange, changeante; suivre la même conduite; changer de ligne de conduite. Je me suis toujours bien trouvé d'accorder ma conduite aux exigences des saisons (Bosco, Le Mas Théotime,1945, p. 305) 5. J'ai l'air de vivre au jour le jour, « en décousu », et pourtant je suis une ligne de conduite très droite et très précise : donner tout le bonheur matériel possible à ma femme et à mon enfant, me contenter pour ma part du moins possible...
Renard, Journal,1890, p. 63. 4. Manière d'agir selon les règles de la morale ou de la discipline qui régit un groupe. Manquer de conduite; femme de mauvaise conduite; avoir une conduite exemplaire; un zéro de conduite : 6. ... il s'imagine que toute la beauté des conduites humaines se trouve dans l'obéissance à trois petits préceptes de morale appris dans des livres d'école.
Alain-Fournier, Correspondance[avec. J. Rivière], 1906, p. 146. 7. Il est à la fois une manière de morale intime, une règle de conduite dans le monde, une religion de la personnalité, un parti pris littéraire et une conséquence de ce tempérament de comédien-né que je trouve à Stendhal, et à tous ceux qui se confessent.
Valéry, Variété II,1929, p. 95. B.− [Une chose] 1. Action de diriger un véhicule et, absol., une voiture automobile. Assurer la conduite d'un avion; conduite sur route, en ville; leçons de conduite : 8. N'est-ce pas ici que demeure le capitaine du Pharaon? (...) celui qui a été chargé de la conduite du navire pendant la traversée?
A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,Drame, 1848, I, 2, p. 24. − P. méton. Conduite intérieure. Automobile dont la carrosserie est entièrement fermée : 9. La conduite intérieure est devenue la carrosserie de beaucoup la plus courante. Certes, chaque constructeur offre dans la gamme de ses modèles un élégant cabriolet ou un coach décapotable, mais ce ne sont plus là carrosseries de série...
H. Tinard, L'Automob.,1951, p. 334. 2. Action d'assurer la bonne marche d'une entreprise, d'une affaire. La conduite d'un procès, de grands travaux : 10. Jacques a continuellement quelque chose à faire. La conduite de ses biens l'occupe sans l'absorber.
G. Sand, Jacques,1834, p. 95. 11. Quoi qu'il en soit, c'est là le domaine où le gouvernement tout entier, maintenant affranchi des devoirs primordiaux et absorbants que lui imposait la conduite de la guerre en Europe, va pouvoir consacrer une part essentielle de son activité et peser de tout son poids.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 578. − En partic. Art de conduire l'action dramatique d'une œuvre littéraire, de mener à terme l'exécution d'une œuvre picturale, musicale, etc. On y voit [dans Fervaal] une grande inexpérience dans la conduite de l'action (P. Lalo, La Mus.,1899, p. 26): 12. Si le faux règne en effet dans le style comme dans la conduite de certaines tragédies françaises, ce n'était pas au vers qu'il fallait s'en prendre, mais aux versificateurs.
Hugo, Cromwell,1827, préf., p. 33. C.− Sens techn. 1. ÉLECTR. Conduite forcée. Conduite qui relie le canal d'amenée contenant sous pression l'eau d'un barrage aux turbines d'une centrale hydro-électrique. 2. TECHNOL. Canalisation de section variable parcourue par un fluide. Conduite d'eau, de gaz. Le malfaiteur s'aida de la conduite de descente des eaux pour monter au premier étage (A. France, La Révolte des anges,1914, p. 276): 13. Il [Ezéchias] fit construire dans la ville [de Jérusalem] une grande piscine et creuser une conduite souterraine qui y amenait, dans la saison des pluies, les eaux de la piscine supérieure...
Renan, Hist. du peuple d'Israël,t. 3, 1891, p. 17. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃dɥit]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. a) xiiies. « action de conduire, d'escorter quelqu'un » d'où ici « escorte » (Isopet Lyon, éd. J. Bastin, LIX, 17); b) 1928 autom. « action de conduire un véhicule », « le véhicule lui-même » conduite intérieure (Mauriac, Destins, p. 44); 2. ca 1520 prendre la conduycte de « prendre le penchant » (Myst. Vieil Testament [addition de ca 1520 apr. le vers 17098] éd. J. de Rothschild); 1680 « manière de se comporter » (Rich.); 3. a) 1465 « action de diriger, de conduire (une entreprise, une affaire) » (Lettres de Louis XI, II, 345 ds Bartzsch, p. 32); 1690 (Fur. : Conduite [...] d'une entreprise, d'un dessein, d'une affaire, d'une intrigue); b) 1530 « art de conduire un ouvrage de l'esprit » (Palsgr., p. 208). B. Av. 1590 contexte anat. « conduit, canal » (Paré,
Œuvres, éd. J. F. Malgaigne, t. 1, p. 211); en partic. av. 1628 « canalisation » (Malh., III, 3 ds Littré : Ces fontaines dont les conduites souterraines). Part. passé fém. subst. de conduire*. Fréq. abs. littér. : 4 453. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 9 119, b) 5 668; xxes. : a) 4 219, b) 5 581. Bbg. Couture (B.) Les Réseaux d'eau : éléments de vocab. Meta. 1970, t. 15, p. 173. − Gougenheim (G.). De quand date l'expr. : conduite de Grenoble? Vie Lang. 1952, pp. 313-314. − Rigaud (A.). Conduite de Grenoble. Vie Lang. 1969, pp. 652-653. − Sain. Lang. par. 1920, p. 183. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 54. |