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CONDITIONNER, verbe trans.
A.− [Le suj. désigne un inanimé abstr. ou concr.] Être la condition d'un fait; en déterminer la nature, l'existence :
1. ... les individus ne naissent pas et n'apparaissent pas dans un monde qui leur fait une condition abstraite, mais apparaissent dans un monde dont ils ont toujours eux-mêmes fait partie, par lequel ils sont conditionnés, et qu'ils contribuent eux-mêmes à conditionner, de la façon dont la mère conditionne son enfant et dont cet enfant la conditionne aussi dès qu'il est en gestation. Sartre, L'Existentialisme est un humanisme,1946, p. 115.
Spéc. [P. réf. à la théorie des réflexes conditionnés] Provoquer artificiellement chez un individu un comportement nouveau échappant à sa volonté; mettre en condition*. « (Il faut) conditionner les esprits, les faire trembler d'horreur au mot guerre » (Le Nouvel Observateur, 10 juill. 1968 ds Gilb. 1971).
B.− [Le suj. est une pers.] Agencer, préparer quelque chose en vue d'un usage déterminé :
2. − Et désirant alléger ceux qui lui succèderont à la cuisine, il [ce franciscain] se résout à conditionner de si copieux plats que la communauté puisse s'alimenter avec eux pendant quinze jours. Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 162.
En partic.
1. [En parlant du traitement, (souvent une dessiccation) que l'on fait subir aux soies, aux céréales, aux produits alimentaires] Le grain sort de l'essoreuse dépouillé d'impuretés (...). Il est alors nécessaire de le conditionner avant mouture (G. Brunerie, Les Industr. alim.,1949, p. 8).
2. Donner à un produit brut un emballage protecteur et séduisant pour sa vente au détail. La pâte [de moutarde] est abandonnée à une fermentation et à un mûrissement avant d'être affinée par battage et conditionnée en différents récipients (seaux, pots, verres, tubes) pour la vente (G. Brunerie, Les Industr. alim.,1949p. 108).
Rem. On rencontre ds la docum. conditionnant. a) Employé comme subst. masc. Ce qui détermine l'existence de quelque chose. Nous ne pouvons nous représenter le conditionnant qu'en le transformant en conditionné (J. Vuillemin, Essai sur la signif. de la mort, 1949, p. 71). b) Employé comme adj. L'oubli d'Albertine comme cause sinon unique, sinon même principale, au moins comme cause conditionnante et nécessaire, d'une conversation qu'Andrée eut avec moi (Proust, La Fugitive, 1922, p. 596).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃disjɔne], (je) conditionne [kɔ ̃disjɔn]. Ds Ac. 1694-1718 et 1798-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1280 « soumettre à certaines conditions, certaines contraintes » (J. de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 13846); 2. a) 1823 le conditionné subst. philos. « ce qui est déterminé par des circonstances, des faits extérieurs » (Maine de Biran, Journal, p. 409); 1883 conditionner des phénomènes (P. Bourget, Essais de psychologie contemp., p. 62); 1928 réflexe conditionné psychol. (Malraux, Les Conquérants, p. 172); b) 1900 « déterminer le comportement de quelqu'un (en parlant d'événements, de circonstances) » (Barrès, L'Appel au soldat, p. 42 : Prends une connaissance riche et forte de ton pays; tu es conditionné de naissance pour la posséder). B. 1. 1304 « convenir, faire une convention » (Lit. tom. 1. Ordinat. reg. Franc., pag. 413, art. 2 ds Du Cange t. 2, s.v. conditionare, p. 489b) − xvies. ds Hug.; 2. 2emoitié xives. « charger de clauses (un pacte, un accord) » (Froissart, éd. Kervyn de Lettenhove, III, 316 d'apr. Scheler, Gloss.). C. 1 1611, févr. [une marchandise] bien conditionnée « pourvue des qualités requises » (Arrêt ds Kuhn, p. 68); 1694 conditionner « faire quelque chose avec les qualités requises » (Ac.); 2. 1769 soie conditionnée « soie ayant subi l'opération de conditionnement » (P. Giraudeau, La Banque rendue facile, p. 468 ds Littré); 3. 1949 « préparer des produits pour la vente » (G. Brunerie, Les Industr. alim., p. 26). Dér. de condition*; dés. -er. Le terme de philos. est un calque de l'all. das Bedingte ([1781] E. Kant, Critique de la raison pure, Dialect. transc. livre II, ch. 2, p. 342 ds Lalande), prob. par l'intermédiaire de l'angl. the conditioned qui semble avoir été antérieurement calqué sur l'all. par le philosophe angl. William Hamilton [1788-1856] (1829, W. Hamilton, Discuss., 14 ds NED : The conditionally limited [which we may briefly call the conditioned...]), v. aussi Lalande. Le terme de psychologie est prob. un calque de l'angl. conditioned reflex (1915, W. H. Howell, Physiol. ds NED Suppl. : A class of reflexes... which he [Pavlov] calls conditioned reflexes), peut-être antérieurement attesté dans une trad. du physiologiste russe I. P. Pavlov [1849-1936] qui dès 1903 publia ses travaux sur le réflexe conditionné. Fréq. abs. littér. : 263. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 53, b) 94; xxes. : a) 303, b) 837.
DÉR.
Conditionneur, euse, subst.a) ,,Personne employée au conditionnement des marchandises`` (Lar. Lang. fr.); b) Appareil au moyen duquel on conditionne les grains, les fruits, l'air. Attesté ds Lar. 20e, Lar. Lang. fr., Rob., Quillet 1965. G. Esnault [Commentaire (IGLF 1947) de l'ouvrage d'Hogier-Grison, Les Hommes de proie. Le Monde où l'on vole (1887)] note le sens arg. « voleur en condition, domestique » (cf. condition). [kɔ ̃disjɔnœ:ʀ], fém. [-ø:z]. 1resattest. a) 1887 « celui qui vole en condition, domestique qui vole dans la maison où il est employé »; sens relevé uniquement ds G. Esnault, loc. cit.; b) 1929 (Lar. 20e); a de [faire une] condition « voler dans les maisons où l'on est employé comme domestique » (condition*), suff. -eur2*; b prob. empr. à l'angl. conditioner, attesté dès 1909 au sens de « appareil utilisé pour mettre le grain en condition » (Ned Suppl.).
BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 56; p. 41 (s.v. conditionneur).