| CONDENSER, verbe trans. A.− 1. Resserrer dans un moindre volume, rendre (plus) dense. Le froid condense les corps (Ac. 1932). Ils opposent au vent du nord qui condense, celui du sud qui dilate (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 376): 1. Serait-il possible de condenser dans leur moule immatériel et insaisissable quelques éléments purs de la matière, qui lui fassent reprendre une existence visible...
Nerval, Faust,1840, introd., p. 14. ♦ Emploi pronom. Devenir plus dense : 2. Les lois de la mécanique démontrent qu'à mesure que cette masse gazeuse se condense et se rapetisse, le mouvement de rotation de la nébuleuse s'accélère.
C. Flammarion, Astron. pop.,1880, p. 94. − [Le compl. d'obj. désigne des êtres vivants] :
3. Peut-être a-t-elle contribué [la pêche] (...) à condenser les populations de la Chine méridionale.
Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 30. ♦ Emploi pronom. Ces essaims d'abeilles qui, soudain, se condensent, épaississent autour d'une branche morte (Mauriac, Journal,1937, p. 111). 2. P. ext. Condenser dans.Accumuler : 4. ... les algues travaillaient pour l'industrie, en condensant, dans leurs tissus, les sels que les eaux où elles vivent contiennent en faible proportion.
Zola, La Joie de vivre,1884, p. 863. 3. Spécialement a) PHYS. Faire passer un corps de l'état gazeux à l'état liquide. Le refroidissement du cylindre condensait la vapeur (J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon. XIXeet XXes.,t. 1, 1968, p. 199). − Emploi pronom. Passer de l'état gazeux à l'état liquide. La buée qui se condense sur la tôle du wagon tombe goutte à goutte (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 122). b) CHIM. Se condenser.Se combiner avec élimination d'eau ou d'une autre substance simple. Le butadiène se condense avec l'anhydride maléique pour donner un acide tétrahydrophtalique (Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 432). B.− Au fig. 1. Resserrer en peu de mots ce qui a été dit ou écrit : 5. ... on pourrait prendre un sujet, épuiser les sources, en faire bien l'analyse, puis le condenser dans une narration, qui serait comme un raccourci des choses, reflétant la vérité tout entière.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 127. − Absol. Tout cela doit te sembler obscur. C'est pourtant très clair dans ma pensée. Mais j'ai voulu condenser − trop (J. Rivière, Correspondance[avec Alain-Fournier], 1905, p. 149). − Condenser sa pensée. ,,La resserrer, l'exprimer en peu de mots`` (Ac. 1932). 2. Condenser autour.Resserrer en concentrant : 6. C'est (...) autour de notre globe que nous condensons subjectivement toutes les théories astronomiques, en écartant radicalement celles qui, ne s'y rattachant pas, deviennent aussitôt oiseuses, quand même elles seraient accessibles.
Comte, Catéchisme positiviste,1852, p. 119. − Emploi pronom. Il y a des créatures humaines, surtout dans le camp des pauvres, autour desquelles s'accumulent et se condensent des forces néfastes (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 193): 7. Il y a de ces congélations subites dans l'état rêveur qu'un mot suffit à produire. Toute la pensée se condense brusquement autour d'une idée, et n'est plus capable d'aucune autre perception.
Hugo, Les Misérables,t. 2, 1862, p. 54. ♦ Absol. Peu à peu cependant, le travail inconscient de son esprit se condensait (R. Martin du Gard, Les Thibault,La Consultation, 1928, p. 1126). Rem. On rencontre ds la docum. a) Condensant, ante, part. prés. adj. Qui se condense.
α) Phys. Action condensante (Ch. Maurain, La Météor. et ses applications, 1950, p. 123); masse condensante (C. Flammarion, Astron. pop., 1880, p. 392).
β) Méd. Ostéite condensante (A. Calmette, L'Infection bacillaire et la tuberculose chez l'homme et chez les animaux, 1920, p. 205). b) Condensat, subst. masc., phys. Liquide obtenu par condensation. Le condensat et les gaz s'écoulent dans un réservoir assurant la séparation du liquide et des gaz (J.-J. Chartrou, Pétroles naturel et artificiels, 1931, p. 97). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃dɑ
̃se], (je) condense [kɔ
̃dɑ
̃:s]. Ds Ac. depuis 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 condansee « rendre un corps plus dense, par le rapprochement des molécules » (H. de Mondeville, Chirurgie, 1679 ds T.-L. [en parlant de la croûte d'un ulcère]); av. 1590 condenser (Paré ds Gdf. Compl.); spéc. 1796 se condenser « passer de l'état gazeux à l'état liquide » (Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes, p. 489); 2. 1827 par image (Hugo, Cromwell, p. 29 : Il faut donc que le drame soit un miroir de concentration qui [...] ramasse et condense les rayons colorants). Empr. au lat. class. condensare « presser, serrer » notamment certaines substances (marc des raisins, fromage, etc.). Fréq. abs. littér. Condenser : 179. Condensant : 10. DÉR. Condensable, adj.,phys. Qui peut être condensé. Gaz, produit condensable. Conditions dans lesquelles la vapeur d'eau atmosphérique devient condensable (Ch. Maurain, La Météor. et ses applications,1950, p. 118).Rem. La plupart des dict. enregistrent lesubst. fém. condensabilité. Caractère, propriété de ce que l'on peut condenser. − [kɔ
̃dɑ
̃sabl̥]. − 1reattest. 1803 (Boiste); du rad. de condenser, suff. -able*. BBG. − Gohin 1903, p. 323. |