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CONCOMBRE, subst. masc.
A.− Plante (Cucurbitacées) dont l'espèce la plus connue est caractérisée par sa tige rampante, munie de vrilles, par ses feuilles échancrées, rugueuses, par ses fleurs jaunes à 5 pétales, par son fruit oblong, à écorce vert foncé, à chair vert clair, aqueuse et croquante. Les concombres rampans, les jaunes potirons (A. Pommier, Océanides et fantaisies,1839, p. 234).Châssis ouverts qui laissaient déborder au hasard d'énormes tiges de concombre dont les derniers fruits étaient cueillis (Gide, La Porte étroite,1909, p. 527).
P. ext. Fruit de cette plante (principalement dans son espèce cultivée et comestible) :
Un jour que nous avions vu tuer un cochon gras dans la basse-cour, Hippolyte s'imagina de traiter comme tels les concombres du jardin. Il leur introduisait une petite brochette de bois dans l'extrémité qui, selon lui, représentait le cou de l'animal; puis, pressant du pied ces malheureux légumes, il en faisait sortir tout le jus. (...). Ce jeu nous plut tellement que, passant d'un concombre à un autre, choisissant d'abord les plus gras, et finissant par les moins rebondis, nous dévastâmes lestement une couche, objet des sollicitudes du jardinier. Je laisse à penser quelle fut sa douleur quand il vit cette scène de carnage. G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 360.
En partic. Ce fruit dans ses divers usages.
GASTR. Légume consommé cru en hors d'œuvre ou cuit (farci, etc.). Potages (...) aux concombres (A. Viard, Le Cuisinier royal, 1831, p. 6); quelques concombres frits de même et découpés en lanières dans la poêle (Lamartine, Graziella, 1849, p. 186); une salade de concombres à la crème (G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 5).
PHARM. Ingrédient de préparations à vertu adoucissante pour la peau. Une main fluette et douce dont elle savait préserver la blancheur (...) avec des poudres de talc, des pommades de concombre (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 284).Ses mains minuscules, restées jolies et qu'elle entretenait (...) avec un cosmétique au lait de concombre (R. Martin du Gard, Les Thibault, La Belle saison, 1923, p. 905).
B.− (P. anal.)
1. [Par anal. de forme] Chose qui rappelle le concombre par sa forme oblongue. Un autre [instrumentiste] gratte le flanc d'un gigantesque concombre (Colette, La Jumelle noire,1938, p. 190).
Spéc., ZOOL. Nom vulgaire de plusieurs animaux marins (notamment de quelques holothuries). Toute une flore vivante, des éponges, des holoturies [sic], (...) des béroés, vulgairement connus sous le nom de concombres de mer (Verne, Vingt mille lieues sous les mers,t. 2, 1870, p. 78).
2. [Par anal. de couleur] Rare. Personne qui évoque le concombre par son teint blafard. Les femmes blanches (...) pâles, étiolées (...) des concombres, comme on dit là-bas, des femmes qui ont perdu leur teint (J. et J. Tharaud, Fez ou les Bourgeois de l'Islam,1930, p. 29).
C.− P. métaph. (sans doute p. réf. au goût assez fade et à la nature indigeste du concombre, qui exige une longue préparation culinaire), littér. Chose insipide, lourde. Quiproquo des sonnets de Samuel; (...) l'un pour Mmede Cosmelly, où il louait en style mystique sa beauté de Béatrix, sa voix, la pureté angélique de ses yeux, la chasteté de sa démarche, etc., (...) ce plat de concombres (Baudelaire, La Fanfarlo,1847, p. 546).Tant de grotesques libretti, (...) froides rhapsodies écrites avec les sucs du concombre et du nénufar (H. Berlioz, Á travers chants,1862, p. 334).Il [Jacques] dégorge son trop-plein de moi, concombre tartiné du sel de la misère (Queneau, Loin de Rueil,1944, p. 160).
Pop. Personne stupide. (Quasi-)synon. (pop.) con, cornichon, courge, etc.Le Français né malin, d'après le vaudeville, me produit l'effet de tourner au concombre (L.-F. Raban, Mystères du Palais-Royal,t. 1, 1845, p. 55).L'autre guignol (...) le beau concombre! (...) le sacré bourrique (Céline, Mort à crédit,1936, p. 671).
Prononc. et Orth. : [kɔ ̃kɔ ̃:bʀ ̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1240 [date du ms.] judéo-fr. komkobres (Raschi, Gloses fr., ms A, Nombres, XI, 5, ds Raschi Darm., p. 34; v. aussi R. Levy ds Z. rom. Philol., t. 66, 1950, p. 367); 1256 cocombre, concombre (Aldebrandin de Sienne, Le Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, p. 158, ibid., p. 366); la forme cocombre est encore préférée par M. Buffet en 1688 (DG, Levy, loc. cit. et Littré). Prob. empr. au prov. cogombre (xives. Eluc. de las propr. ds Rayn.), cocombre (xives. [ms.] ds Levy Prov.) cf. FEW t. 2, p. 1457 et EWFS2, issu du lat. class. cucumis, -eris (v. aussi André Bot.), avec maintien du 2e[k] par redoublement expr. (v. Ronjat t. 2, § 269) et assimilation de l'o prétonique à l'o accentué nasalisé [kôkô]. Fréq. abs. littér. : 50. Bbg. Ascoli (C. I.). Saggiuoli diversi. Archivo glottologico italiano. 1890, t. 11, p. 442. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 21, 43. − Levy (R.). Two studies based on the French terms for pea and cucumber. Z. rom. Philol. 1950, t. 66, pp. 362-369.