| CONCAVE, adj. A.− [En parlant d'une surface] Dont la partie courbe est en creux. Surface, lentille, verre, miroir concave. Anton. convexe.Comme il [Néron] était myope, il avait coutume de porter dans l'œil... une émeraude concave qui lui servait de lorgnon (Renan, Antéchrist,1873, p. 172).Les choses ne t'arrivent que par l'intermédiaire de ton esprit. Tel qu'un miroir concave il déforme les objets (Flaubert, La Tentation de St Antoine,1874, p. 176): 1. Et maintenant, c'était la salle du rapport, une salle invraisemblablement immense, à ce point qu'ils s'y voyaient rapetissés, comme s'ils se fussent mirés dans une glace concave.
Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 2epart., X, p. 205. − OPTIQUE ♦ Miroir concave. Miroir à surface concave, et convergent (cf. ardent I B 9). Soit ce miroir plan qui renvoie une image parfaite, soit le miroir concave qui concentre les rayons en un foyer ardent (Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 134). ♦ Miroir concave parabolique (A. Danjon, Cosmographie, classe de math.,1948, p. 18). ♦ Verres, lentilles concaves. Pour corriger la myopie des yeux, en faisant converger l'image des objets sur la rétine. − P. métaph. Thomas a la tête concave : tout s'y peint grossi et exagéré (Joubert, Pensées,t. 2, 1824, p. 197): 2. Toute peinture hollandaise est concave; je veux dire qu'elle se compose de courbes décrites autour d'un point déterminé par l'intérêt, d'ombres circulaires autour d'une lumière dominante.
E. Fromentin, Les Maîtres d'autrefois,1876, p. 171. − P. anal. Ligne, courbure concave; nez concave. Au nord, le lac traçait une courbure légèrement concave, qui contrastait avec le dessin aigu de sa pointe inférieure (Verne, L'Île mystérieuse,1874, p. 110).La veilleuse éclairait nettement les poignées en cuivre de la commode ventrue, les dossiers concaves des chaises (Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 100). B.− P. ext. Dont la surface présente une partie irrégulièrement creuse. Rocher concave. Synon. cave, creux; anton. bombé, renflé.Et j'irai le long de la mer éternelle Qui bave et gémit en les roches concaves (Moréas, Les Cantilènes,Funérailles, 1886, p. 119).Je pouvais contempler ces grands cadavres décharnés, les côtes en relief, le ventre concave, les jambes réduites au squelette (Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 172). − P. métaph. : 3. [L'homme] ne s'élance pas seulement, avec toute son intelligence, à la recherche de Dieu; il doit aussi s'offrir humblement à Dieu, à Dieu qui le cherche; et, quand il s'est élevé jusqu'à Dieu par la pensée rationnelle, il doit se faire vide et béant, il doit se faire... concave, pour accueillir, pour recevoir ce Dieu qui est sa récompense!
R. Martin du Gard, Les Thibault,La Mort du père, 1929, p. 1381. Rem. Péguy a créé le dér. concavé, ée, adj. Galère concavée (Quatrains, 1914, p. 531). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃ka:v]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1314 adj. ulceration concave (H. de Mondeville, La Chirurgie, éd. Ch. Bos, 1455); 1370 subst. masc. (Oresme, Ethique, I, 19 ds Gdf. Compl.) − Ac. 1835. Empr. au lat. class. concavus « creux et rond » adj. et neutre substantivé. Fréq. abs. littér. : 181. Bbg. Mat. Louis-Philippe 1951, p. 292. |