| COMPTANT, part. prés., adj. masc., subst. masc. et adv. I.− Part. prés. de compter*. II.− Adj. masc. [En parlant d'argent] Payé en espèces et sur le champ. Payer argent comptant. Son terrain du boulevard Malesherbes, que les Sieurs Mignon et Charrier lui payèrent argent comptant, mais en retenant un escompte formidable (Zola, La Curée,1872, p. 492).Votre procureur (...) vous vendra à beaux deniers comptants (Claudel, Le Ravissement de Scapin,1952, préf., p. 1332). − Locutions ♦ Avoir de l'esprit argent comptant (vieilli). Être prompt à la répartie. ♦ C'est de l'argent comptant (vieilli). Cela arrivera avec certitude. ♦ Prendre pour (de l')argent comptant. Accorder trop facilement du crédit. Les royalistes improvisés que le bon Empereur [de Russie] prit pour argent comptant (Mmede Chateaubriand, Mémoires et lettres,1847, p. 55): 1. ... il y aurait de quoi perdre la tête s'il fallait prendre pour de l'argent comptant toutes les paroles affectueuses que les salons nous prodiguent.
Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 161. III.− Subst. masc. A.− Vx, fam. Argent liquide. Mille écus de comptant (Balzac, Une Double famille,1830, p. 258).Voilà Marianne seule, sans ressources, sur le pavé de Paris, avec un comptant des plus minces et son joli visage (Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 9, 1851-62, p. 358). B.− Au comptant. En payant sur le champ ou dans un bref délai. Acheter au comptant. Anton. à crédit, à tempérament, à terme.J'eus recours au crédit. La maison ne paya plus au comptant, et dès lors fut moins bien servie (Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 391). ♦ P. métaph. Si le génie ne réussit parfois qu'à terme, le travail bien fait réussit toujours au comptant (Thibaudet, Hist. de la litt. fr.,1936, p. 209). ♦ BOURSE. Marché* au comptant, p. ell., le comptant. Anton. marché à terme : 2. Il convient toutefois d'observer que les ventes ont été aisément absorbées, grâce notamment à l'activité persistante du comptant.
Le Monde,19 janv. 1952, p. 11, col. 1. IV.− Adv. Synon. de au comptant.Acheter, payer comptant. 300 livres sterling comptant vont m'être payées (Hugo, Correspondance,1861, p. 359).Il n'y a que les pauvres gens qui payent comptant (A. France, Pierre Nozière,1899, p. 69).Deux cent mille francs, moitié comptant, moitié dans six mois (Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 155). Rem. On rencontre ds la docum. qq. ex. de (tout) son comptant pour (tout) son content. Elle eut honte de son chagrin (...) et s'en alla dans la grange pleurer tout son comptant (G. Sand, François le Champi, 1850, p. 116). Affamé qui n'a jamais mangé son comptant (J. Vallès, Jacques Vingtras, L'Insurgé, 1885, p. 4). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃tɑ
̃]. Pour la non-prononc. de p, cf. compte. Admis ds Ac. 1718-1932. Homon. contant, content. ,,Comptant, dans les expressions du type cent francs comptant, a pu et peut encore être pris comme une sorte d'adverbe (= en compte) et rester invariable (...) mais, dans des expressions de cette sorte, comptant est généralement senti comme adjectif et varie; toutefois il ne s'emploie qu'au masculin : votre procureur (...) vous vendra à beaux deniers comptants ``(Mol., Scap. II, 8).`` (Grev. 1964, § 800 N.B. 2). Étymol. et Hist. 1. 1264-65 adj. deniers contens « deniers payés sur-le-champ » (Charte de Rethel, I, 776, 34 ds Runk., p. 60); 1594 fig. donner pour argent contant « donner pour certain » (Montaigne, Essais, I, 21, éd. A. Thibaudet, p. 133); 1835 avoir de l'esprit argent comptant « à volonté » (Ac.; v. aussi Littré, rem. 2); 2. ca 1450 adv. payer content « payer sur le champ » (Myst. Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 382); ca 1450 adv. fig. contant (ibid., t. 2, p. 130); 3. 1450-1510 subst. content « argent disponible » (Coquillart, I, 154 ds IGLF), considéré comme familier dep. Trév. 1704; 1671 payer au comptant (Us et coût., Delb. IX/500 ds Kuhn, p. 96); 1863 bourse (Littré). Part. prés. adjectivé à valeur passive de compter* [cf. lat. médiév. computare « payer en argent comptant » (xiiies. ds Nierm.)], v. Tobler t. 1, p. 38 et 41, Spitzer ds Z. rom. Philol., t. 38, 1914-17, pp. 358-365. La forme content s'explique sans doute par rapprochement avec content (FEW t. 2, p. 996a, note 7). Fréq. abs. littér. : 714. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 490, b) 1 159; xxes. : a) 890, b) 608. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 334. − Levi (A.). Fr. [arcese] comptant... Archivum Romanicum. 1925, t. 9, pp. 444-445. − Lyer (S.). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum Romanicum. 1932, t. 16, p. 283. − Termes techn. fr. Paris, p. 21. |