| COMPÉTENCE, subst. fém. A.− DR. Aptitude d'une autorité publique à effectuer certains actes. Compétence du maire, du préfet (L'Organ. hospitalière en France, 1957, p. 34). Répartition des compétences entre le ministre et les deux secrétaires d'État (G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967, p. 97): 1. Mais le Président du Conseil n'a pas besoin d'une délégation ou d'une habilitation législative spéciale l'obligeant ou l'autorisant à faire usage de son pouvoir réglementaire. Il trouve dans ses « pouvoirs propres » une compétence réglementaire générale.
G. Vedel, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel,1949, p. 510. − Spéc. Pouvoir d'une juridiction de connaître d'un procès. Compétence d'attribution; compétence territoriale; décliner la compétence. Arrêté de cessibilité (de la compétence des tribunaux administratifs), (...) ordonnance d'expropriation (de la compétence des tribunaux judiciaires) (G. Belorgey, Le Gouvernement et l'admin. de la France,1967p. 230): 2. Après dix ans de plaidoirie, la compagnie déclare ne pas reconnaître la compétence des tribunaux ottomans et veut qu'on aille au consulat devant le consul allemand.
Barrès, Mes cahiers,t. 11, 1914-18, p. 29. B.− P. ext. Capacité que possède une personne de porter un jugement de valeur dans un domaine dont elle a une connaissance approfondie. Compétence professionnelle : 3. On lui accordait à ce Parapine, dans son milieu spécialisé, la plus haute compétence. Tout ce qui concernait les maladies typhoïdes lui était familier, soit animales, soit humaines. Sa notoriété datait de vingt ans déjà, ...
Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 349. − Fig. et fam. Personne compétente : 4. ... Renaud croit qu'il est de Masolino.
− Qui?
− Pas l'enfant, bien sûr, le tableau!
Les com-pé-tences l'attribuent à Filippo Lippi.
Colette, Claudine s'en va,1903, p. 42. Rem. Cet emploi est fréq. au pluriel. C.− LING. (gramm. générative). ,,Système de règles intériorisé par les sujets parlants et constituant leur savoir linguistique, grâce auquel ils sont capables de prononcer ou de comprendre un nombre infini de phrases inédites`` (Ling. 1972, s.v. compétence). ,,La performance est la manifestation de la compétence des sujets parlants dans leurs multiples actes de parole`` (Ling.,1972, s.v. performance) : 5. ... tout sujet adulte parlant une langue donnée est, à tout moment, capable d'émettre spontanément, ou de percevoir et de comprendre, un nombre indéfini de phrases que, pour la plupart, il n'a jamais prononcées ni entendues auparavant. Tout sujet parlant possède donc certaines aptitudes très spéciales, qu'on peut appeler sa compétence linguistique, et qu'il a acquises, dans son enfance, au cours de la brève période d'apprentissage du langage.
N. Ruwet, Introd. à la gramm. générative,introd., Paris, Plon, 1967, p. 16. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃petɑ
̃:s]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. I. [Ca 1468 en competence de « par rapport à » (G. Chastellain, Le Livre de paix ds
Œuvres, t. 7, p. 419, éd. Kervyn de Lettenhove)]; 1. 1596 dr. « aptitude d'un tribunal » (Hulsius, Dict. fr.-all. et all.-fr. ds FEW t. 2, p. 977, s.v. competere); 2. a) 1690 p. ext. « capacité de quelqu'un en telle ou telle matière » (Fur.); b) 1903 p. méton. « personne compétente » supra ex. 4; 3. [ca 1960 ling. sans réf. ds Lar. Lang. fr.]; 1967 (supra ex. 5). II. 1585 « rivalité, lutte » (Noël du Fail, Contes et Discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. II, p. 290), qualifié de ,,vieilli`` ds Ac. 1835. I empr. au b. lat. competentia « proportion, juste rapport ». Sens 3 empr. à l'anglo-amér. competence « id. » (1964, N. Chomsky, Current Issues in Linguistic Theory, La Haye, 1966, p. 8). II de I avec changement de sens sous la pression du lat. competere au sens de « rechercher concurremment » (v. aussi compétition). Fréq. abs. littér. : 314. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 169, b) 198; xxes. : a) 523, b) 770. |