| COMPÈRE, subst. masc. A.− Vieux 1. Père de l'enfant par rapport au parrain ou à la marraine : 1. Antonio tient l'enfant sur les fonts de baptême, embrasse son compère, jure de ne l'oublier jamais, et tient sa promesse. Chaque fois qu'il repassera par le village, c'est chez son compère qu'il viendra loger (...) il s'installera dans la maison du compère, brûlera le bois et l'huile du compère, et fera les honneurs comme s'il était chez lui, sans payer : d'ailleurs le compère n'accepterait pas un sou du parrain de son enfant.
About, La Grèce contemporaine,1854, pp. 20-21. 2. Parrain d'un enfant par rapport à la marraine ou aux parents. Leur hôte, qui avait été compère de MmeDella Rebbia (Mérimée, Colomba,1840, p. 64). − Loc. proverbiale fig. Tout se fait, tout va par compère et par commère. Tout se fait par faveur et par recommandation (Ac. 1835-1932). B.− P. ext. 1. Personne qui participe à l'action d'une autre personne et se trouve généralement liée à elle par des rapports de complicité ou de connivence. a) Péj. Homme qui participe secrètement à des actions malhonnêtes, qui est complice dans de mauvais tours, dans des supercheries. Tristan l'Ermite, le formidable compère de Louis XI (T. Gautier, Tra los montes, Voyage en Espagne, 1843, p. 3): 2. On l'accusait d'avoir fait reporter le portefeuille par un compère, par un complice.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, La Ficelle, 1883, p. 129. − Personnage rusé, habile et souvent peu scrupuleux. Fin, ingénieux, matois compère. Un astucieux compère, diaboliquement madré et aux doigts crochus, cynique et lubrique aussi (A. Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 158). ♦ P. métaph. Cette destinée de Chateaubriand offre l'exemple peut-être unique de tout un temps qui se fait le complice et presque le compère d'un écrivain (Sainte-Beuve, Chateaubriand et son groupe littér. sous l'Empire, t. 1, 1860, p. 163). b) Sans valeur péj. Personne qui s'associe étroitement à l'action de quelqu'un, qui en favorise le succès. Le rusé seigneur, mauvais mari pour la duchesse en tant qu'il avait des maîtresses, mais compère à toute épreuve en ce qui touchait le bon fonctionnement de son salon (Proust, Le Côté de Guermantes 2,1921, p. 453). − Spéc., domaine des spectacles ♦ Partenaire d'un acteur, d'un clown, d'un illusionniste, d'un bateleur. Marchand de montres, comédien à Odessa, recors à Bruxelles, compère d'un escamoteur, quels étranges métiers n'a-t-il pas fait? (A. Daudet, Trente ans de Paris,1888, p. 255): 3. On admirait [dans la troupe de bateleurs] une pauvre femme, hâve et décharnée, en maillot rose malgré le froid. Son compère l'avait ligotée, enveloppée, savamment et de la tête aux pieds, d'un câble qui s'enroulait je ne sais combien de fois autour d'elle et dont, par une sorte de reptation, elle devait parvenir à se dégager.
Gide, Journal,1935, p. 1233. ♦ Vieilli. Compère de revue. L'un des deux personnages d'une revue de music-hall, qui avec la commère*, anime le spectacle, présente les personnages, assure l'enchaînement des scènes, etc. Ce célèbre docteur Lecouturier (...) tient le milieu entre le bonisseur de foire et le compère de revues (Colette, La Jumelle noire,1938, p. 175). ♦ Simple comparse, personnage muet, figurant. Les jeunes gens sont arrivés, défilant comme les compères de théâtre (Stendhal, Mémoires d'un touriste,t. 3, 1838, p. 164). 2. Personne avec qui l'on a des rapports de familiarité; ami, compagnon. Il n'en fallait pas plus pour qu'ils redeviennent compères, compagnons (G. Guèvremont, Le Survenant,1945, p. 18). ♦ [Comme appellatif amical] Chut! vous voudriez me faire jaser, compère; mais je suis discret comme la tombe (Theuriet, Le Mariage de Gérard,1875, p. 143). − Homme d'un commerce agréable, gai, plein d'entrain. Un bon, un joyeux compère. Quel agréable compagnon! Quel gai et réjouissant compère (Courteline, Un Client sérieux,Une opposition, s. d., p. 66). Prononc. et Orth. : [kɔ
̃pε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1174-77 conpere « parrain par rapport aux parents ou à la marraine de l'enfant baptisé » (Renart, éd. M. Roques, branche VIIa, 5750); 2. fin du xiies. compere fam. titre d'amitié (Aiol, éd. W. Foerster, 905); 3. 1594 « partenaire, complice » (Satyre Ménippée, éd. Ch. Read, p. 149). Du lat. chrét. compater « compère, parrain ». Fréq. abs. littér. : 310. Fréq. rel. littér. : xixes : a) 617, b) 436; xxes. : a) 487, b) 263. Bbg. Goug. Lang. pop. 1929, p. 21. − Tournemille (J.). Au jardin des loc. fr. Vie Lang. 1955, p. 242. |