| COMMUTATION, subst. fém. A.− Remplacement, substitution d'une chose à une autre. La commutation des corvées et des redevances (G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 94): 1. Je comptais, en l'invitant, qu'il nous jouerait quelque chose de Liszt ou de Chopin... Sérieusement, tu devrais user de ton influence sur lui pour m'obtenir une commutation de symphonie.
E. Augier, Ceinture dorée,1855, II, p. 339. B.− Spécialement 1. DROIT CRIMINEL. Commutation de peine. Changement d'une peine, en une autre, moins importante, par décision du chef de l'État : 2. « Le pourvoi de Poudrailles fut rejeté et mes incertitudes augmentèrent. En ce temps-là les grâces n'arrêtaient point avec une fréquence excessive l'effet des sentences de mort. Poudrailles implora vainement la commutation de sa peine. (...) »
A. France, L'Orme du mail,1897, p. 194. 2. ÉLECTROTECHN. et TÉLÉCOMM. a) ÉLECTR. Modification de la configuration de plusieurs circuits (cf. commuter A). b) ÉLECTROTECHN. ,,Ensemble des phénomènes qui se produisent dans les dynamos ou dans les moteurs à collecteur lorsque les sections du bobinage sont court-circuitées par les balais`` (Quillet 1965). c) TÉLÉCOMM. Ensemble des opérations manuelles automatiques ou électroniques qui permettent de mettre en liaison les abonnés. La commutation des circuits téléphoniques (E.-C. Berkeley, Cerveaux géants,1957, p. 162): 3. Quant à l'évolution profonde du poste téléphonique en exploitation, elle est liée au développement de la commutation automatique électronique.
L'Admin. des Postes et Télécomm., 1964, p. 41. 3. LING. Opération qui consiste à remplacer un segment phonique ou sémantique de la chaîne du langage par des segments de même classe, de façon à constituer d'autres mots de la langue ainsi qu'à dégager des distinctions linguistiques pertinentes. Méthode de commutation; commutation phonique, syntaxique : 4. Tout repose (...) sur l'opération dite commutation, celle qui nous a permis d'opposer l'initiale de lampe et celle de rampe et d'analyser en deux unités successives l'initiale de cruche par rapprochement avec ruche.
Martinet1967, p. 81. ♦ Principe de commutation. Principe selon lequel une distinction phonétique n'est reconnue linguistiquement pertinente que si elle entraîne une distinction sémantique et inversement. ♦ Épreuve, test de commutation. ,,L'épreuve de commutation consiste à introduire artificiellement un changement dans le plan de l'expression (signifiants) et à observer si ce changement entraîne une modification corrélative du plan du contenu (signifiés)`` (Éléments de sémiologie ds Communications, IV, 1964, p. 118) : 5. ... dans la paire minimale mal/pal, on substituera à /m/ le phonème /k/ écrit c et on constatera qu'il y a une nouvelle paire minimale (comportant deux termes ayant un sens) : cal/pal. L'épreuve de commutation a ainsi dégagé une unité de la structure de la langue : /m/.
Ling.1972. 4. MATH. Particularité qui est le propre des relations dont les termes supportent d'être intégralement permutés sans que le résultat final s'en trouve modifié. Relations de commutation. Cas particuliers du théorème de commutation (Bourbaki, Éléments d'hist. des math.,1960, p. 126). Prononc. et Orth. : [kɔmytasjɔ
̃]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1120 commutatiun « changement, revirement » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, 98, 10), spécialisé en fr. mod. à quelques emplois techn. a) 1680 commutation de peine (Rich.); b) 1771 astron. angle de commutation (Trév.); c) 1789 « substitution d'un phonème à un autre » (Beauzié ds Gramm.); 1939 ling. (L. Hjemslev, Essais ling., trad., Travaux du Cercle de ling. de Copenhague, vol. 12, Copenhague [1959], p. 116 : Ce procédé que nous avons appelé l'épreuve de la commutation et qui consiste à reconnaître autant de valeurs qu'il y a de quantités sémantiques qui, en se substituant l'une à l'autre, peuvent entraîner un changement de l'expression); d) 1924 télécomm. contacts mobiles de commutation (A. Leclerc, Manuel de télégraphie et téléphonie, p. 157). Empr. au lat. class. commutatio « changement, mutation », en partic. terme de rhét. « reversion, répétition de mots dans un ordre inverse ». Fréq. abs. littér. : 19. Bbg. Barthes (R.). Éléments de sémiologie. Commun. 1964, t. 4, pp. 118-120. |