| COMBLE1, subst. masc. A.− Ce qui est au sommet d'une construction. 1. ARCHIT., gén. au plur. Assemblage de pièces de bois ou de fer situé au-dessus d'un édifice pour supporter la couverture. Combles à surfaces planes : combles simples, brisés, pyramidaux; combles à surfaces courbes : combles cylindriques, coniques ou sphériques; combles à un, deux pans; combles à la Mansart. 2. P. ext., usuel a) Le comble ou plus fréquemment les combles. Partie du bâtiment située sous le toit. Aménager les combles en appartements; loger dans/sous les combles; chambre, mansarde située dans/sous les combles : 1. Les ateliers occupaient les combles, une suite de salles basses et mansardées, éclairées de larges baies taillées dans le zinc, ...
Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 716. b) Sommet, toit d'un bâtiment. Comble dont la charpente avançait d'un mètre sur le pignon (Zola, Le Rêve, 1888, p. 10); le comble en ardoise de l'un des palais de la place des Vosges (Estaunié, L'Ascension de M. Baslèvre,1919, p. 4). − P. métaph. : 2. Elle était montée haut cependant, (...) mais les ambitieux, des combles les plus désirés, même les plus inespérés, une fois atteints, se font aussitôt des degrés, pour arriver à davantage.
Bourges, Le Crépuscule des dieux,1884, p. 205. 3. Loc. adv. De fond en comble. a) Au physique. Synon. de : de la cave au grenier.Fouiller la maison de fond en comble. [Châteaux] détruits de fond en comble (Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 755). b) Usuel, au fig. Être ruiné de fond en comble. Totalement, de telle manière qu'on ne peut l'être davantage. B.− Le comble + compl. prép. de (ou précédé d'un adj. poss.).Mettre le comble à qqc. 1. Vx. Surplus (de grains) dépassant la mesure déjà remplie. Le comble d'un minot, d'une mesure (Ac. 1835-1932); le comble d'un boisseau d'avoine; la mesure est au comble. 2. Usuel, loc. fig. a) Pour comble de [le compl. est un inanimé abstr. non déterminé désignant une qualité, un bien, un mal, etc.] et absol. pour comble.Ce qui ajoute encore à [un mal]. Pour comble de disgrâce, d'ennui, d'horreur, d'infortune, de malchance, de malheur, de maux, de misère : 3. Pour comble d'infortune, ou peut-être pour surcroît de ridiculité, au deuil de mon amour venait se joindre le regret absurde des êtres et surtout des objets témoins de mon capricieux bonheur.
Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 207. 4. Cantonner dans ces ruines était un problème. Pour comble, après la fin du jour, la neige se mit à tomber.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 113. b) Emplois abs., au fig., péj. ♦ La mesure est à son comble. Il est impossible d'en supporter davantage. ♦ C'est le comble! Cela dépasse la mesure, est inadmissible. C'était le comble, et l'épreuve devenait impossible par son excès même (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 235): 5.
Œdipe. − Par exemple! C'est le comble! Je reçois sans broncher les coups les plus rudes et chacun se ligue pour que j'en reste là et que je ne cherche pas à connaître mes origines.
Cocteau, La Machine infernale,1934, IV, p. 126. 3. Au fig., usuel. Le plus haut degré (d'une qualité, d'un sentiment, d'un bien ou d'un mal) auquel on puisse atteindre et qui constitue parfois un excès, une démesure. Le comble de la joie. Synon. plénitude, perfection, excès : 6. Le ciel qui jusqu'alors m'avoit prodigué ses faveurs, y mit le comble, je devins mère; la joie de M. de Senneterre surpassoit la mienne; nous avions un fils.
Fiévée, La Dot de Suzette,préf., 1798, p. 30. SYNT. Le (au) comble de [le compl. inanimé abstr., souvent au sing., désigne une qualité, un sentiment, un bien ou un mal] : le comble de l'absurdité, de l'agitation, de l'anxiété, de l'audace, du bonheur, des douleurs, de l'exaltation, de la félicité, de la fureur, de la gloire, de l'habileté, de l'horreur, de l'injustice, du ridicule, de la surprise. Verbe + comble : atteindre le comble de; mettre le comble à [ma curiosité]; être au comble [du bonheur]; mettre au comble de [la joie]; porter au comble [l'émotion]; parvenir au comble de [l'étonnement]. L'agitation était à son comble, le désordre extrême (Bernanos, L'Imposture, 1927, p. 408). − JEUX. Jeu des combles. Jeu de société consistant à questionner sur ce qui est le comble de quelque chose et à répondre en ayant recours aux jeux de mots, calembours, contrepèteries, etc. Le comble du patriotisme : fuir un ciel bleu de Prusse (Renard, Journal,1887, p. 6). 7. Jadis la forme de l'« à peu près » était « le comble ». Mais elle était surannée, personne ne l'employait plus, il n'y avait plus que Cottard pour dire encore parfois, (...) : « savez-vous quel est le comble de la distraction? C'est de prendre l'édit de Nantes pour une Anglaise. » Les combles avaient été remplacés par les surnoms.
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 937. Prononc. et Orth. : [kɔ
̃:bl̥]. Grammont Prononc. 1958, p. 56, assimile le groupe final [bl̥] (entre autres, v. aussi [dʀ
̥, stʀ
̥, bʀ
̥, fl̥, gʀ
̥, bl̥]) au cas d'allongement des voyelles nasales en syll. fermée par une consonne. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 loc. adverbiale a cumble « de manière à dépasser les bords de la mesure » (Wace, Rou, III, 727 ds Keller); 2. 2emoitié xiies. fig. « le maximum, le plus haut degré de quelque chose » (Dialogue Gregoire, 238, 21 ds T.-L. : li combles del reguerredon [cumulus retributionis]); 3. a) 1260 archit. (Willard de Honnecourt, XXXIII, ibid.); 1811 plur. « logements situés immédiatement sous le toit » (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 1, p. 6); b) av. 1574 loc. adv. de comble en fons au propre (Des Masures,
Œuvres poét., Epitre ds Hug.); 1589 fig. « complètement » (P. Matthieu, Aman, I, p. 7, ibid.); 1680 de fond en comble (Rich.). Du lat. cumulus « tas, amoncellement, grande quantité » et au fig. « surplus » et « couronnement, apogée »; en ce dernier sens synon. de culmen, mot auquel le sens de « sommet, faîte » semble emprunté. Fréq. abs. littér. : 1 604. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 372, b) 2 048; xxes. : a) 2 007, b) 2 493. Bbg. Archit. 1972, p. 30. − Delamaire (J.). Meuniers et moulins à vent. Vie Lang. 1970, 629. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 180. |