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COMÉDIE, subst. fém.
DRAMATURGIE
I.− Vx et/ou littér.
A.−
1. Pièce de théâtre, quel que soit le genre auquel elle appartient :
1. Clara Gazul affecte de se servir du mot comédie, comedia, employé par les anciens poètes espagnols pour exprimer tout ouvrage dramatique ou bouffon ou sérieux. Mérimée, Théâtre de Clara Gazul,1825, p. 436.
2. P. méton. (gén. au sing., avec l'art. déf.)
a) Représentation d'une pièce. Donner, jouer la comédie.
b) Lieu où se joue une pièce. Aller à la comédie. Je quittai la comédie pendant qu'on éteignait les derniers flambeaux (Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 127):
2. Quoique demeurant à deux pas du boulevard du Temple, où se trouvent Franconi, la Gaîté, l'Ambigu-Comique (...) Élisabeth n'était jamais allée à la comédie. Balzac, Les Employés,1837, p. 53.
Class. Portier de comédie. Employé placé à l'entrée d'un théâtre et chargé autrefois d'encaisser le prix des places. Le portier de la comédie, déterminé gaillard habitué à jouer des poings et à se débattre contre les assauts de la foule (T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 411).
Au fig. et iron. Le secret de la comédie. Secret qui est partagé entre tous comme les confidences faites sur la scène par un acteur. Chacun le savait et le disait; c'était le secret de la comédie (Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 2, 1863-69, p. 45).
Arg. Envoyer à la comédie. Mettre au chômage. C'est-y pas vexant d'envoyer comme ça les ouvriers à la comédie? (D. Poulot, Le Sublime,1872, p. 62).Être à la comédie. Manquer d'argent par suite de chômage. C'est toque d'être à la comédie (Hogier-Grison, Les Hommes de proie,Le Monde où l'on vole, 1887, p. 302).
c) Ensemble des comédiens. Le personnel féminin de la comédie (A. Daudet, Trente ans de Paris,1888, p. 50):
3. Cette dernière partie de l'annonce me déplut, par cela seul qu'elle me rappela la Marche des apothicaires du Malade imaginaire, et celle des Mama-Mouchy du Bourgeois-Gentilhomme, dans lesquelles il est d'usage aussi que toute la comédie paraisse. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 4, 1813, p. 243.
En partic.
Comédie-Française. Ensemble des acteurs et du personnel de théâtre de la troupe fondée en 1680 par Louis XIV. Synon. mod. Théâtre-Français.Une dame de la Comédie-Française qui s'avança (...) et déclama (...) « L'oiseau sur le lac » (Druon, Les Grandes familles,t. 1, 1948, p. 107).
Comédie-Italienne. Troupe d'acteurs installés en France dès 1659 et qui fusionna par la suite avec l'Opéra-Comique. L'immortel Carlin, de la Comédie italienne (Balzac, Physiologie du mariage,1826, p. 121).
3. P. métaph. [et p. réf. et oppos. à la Divine Comédie de Dante]. La Comédie humaine (souvent dans un contexte où la vie est comparée à une pièce de théâtre − avec ses scènes, ses intrigues, son dénouement − dont nous sommes les acteurs). La comédie de la vie a des bouffonneries supérieures à toutes les autres (E. et J. de Goncourt, Journal,1860, p. 751):
4. J'ai passé la cinquantaine. C'est dire que la mort ne doit pas avoir à faire bien longue route pour me rejoindre. La comédie est fort avancée. Il me reste peu de répliques. Cocteau, La Difficulté d'être,1947, p. 5.
HIST. LITTÉR. La Comédie humaine. Ensemble de son œuvre romanesque groupée par Balzac sous ce titre.
B.− Au fig., fam. et souvent péj.
1. Au sing. (avec l'art. déf.), vieilli. Se donner la comédie de qqc. Se livrer au jeu de quelque chose. Donnez-vous la comédie, quelque jour, de parler de vous-même à des gens de simple connaissance (Balzac, Le Lys dans la vallée,1836, p. 162).
a) Jouer la comédie. Simuler par une mise en scène des sentiments que l'on n'éprouve pas :
5. Il y a la comédie qu'on joue pour tromper les hommes. Celle-là ne m'intéresse pas. Il y a celle qu'on joue par une sorte d'automatisme, parce que l'habitude est prise − qu'il s'agisse des passions ou de simple politesse, celle-là est plus grave, c'est le jeu du monde, autant dire du démon. Je ne puis l'accepter. Green, Journal,1950-54, p. 170.
[Constructions]
Absol. Elle sentait tout à fait qu'il lui jouait la comédie, qu'il n'y avait pas en lui la moindre sincérité (Daniel-Rops, Mort, où est ta victoire?1934, p. 459).
[Suivi d'un compl. de nom] Elle joua la comédie du cœur brisé, et prit des airs dédaigneux, blasés (A. Daudet, Les Femmes d'artistes,1874, p. 184).[Suivi d'un inf.] Rare. Les choses se font toutes seules. Les hommes jouent la comédie de les accomplir (Valéry, Tel quel II,1943, p. 219).
b) [Chez les enfants et certains adultes à la conduite puérile] Caprice, enfantillage le plus souvent destiné à donner le change. S'il te plaît pas de comédie (Aymé, Les Quatre vérités,1954, p. 197).
2. P. méton., au sing. et au plur. Attitude, sentiment déguisé, feinte. Si l'amour est une comédie, cette comédie, (...) sifflée ou non, est, (...) ce qu'on a encore trouvé de moins mauvais (Musset, Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée,1845, p. 255).Un homme se définit aussi bien par ses comédies que par ses élans sincères (Camus, Le Mythe de Sisyphe,1942, p. 46).
[Suivi d'un compl.; prép. de, sans art.] :
6. Le fond de ma femme est tel que je vous le dis. Vous lui voyez des grimaces, des mines, des comédies de délicatesse, des prétentions à être difficile, dégoûtée; ... E. et J. de Goncourt, Charles Demailly,1860, p. 300.
Rem. (corresp. au sens B). Dans la lang. actuelle, le mot est en passe, dans cette accept., d'être remplacé par le mot cinéma*.
II.− En partic. Pièce de théâtre dont le propos est de faire rire le public; p. méton. genre littéraire dont relève une pièce de ce type.
A.− Pièce qui provoque le rire par le comique des situations, de l'intrigue, de la peinture des mœurs, du ridicule des caractères.
1. [Chez les Grecs] Pièce de théâtre qui se jouait généralement avec des masques et où l'on mettait en scène les citoyens d'Athènes en les nommant. La tragédie prit naissance sous Thespis, la comédie sous Susarion, la fable sous Ésope (Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 1, 1797, p. 123).Comédie nouvelle. Pièce d'imagination fondée essentiellement sur la peinture des mœurs.
P. ext. [Chez les Latins] Pièce imitée des Grecs, par exemple pièce de Plaute ou de Térence imitée de Ménandre. Une foule de comédies antiques roulent sur des questions d'état; il s'agit (...) de savoir si une personne est née libre ou esclave (Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 125).
2. [À l'époque class., p. oppos. à la tragédie puis au drame] Pièce mettant en scène des personnages de condition moyenne ou basse dans un cadre quotidien et dont le dénouement est toujours heureux. Mod. Pièce (jouée au théâtre, au cinéma, à la radio, à la télévision) destinée à faire rire. Toutes les comédies finissent par un mariage (Sandeau, Mlle de La Seiglière,1848, p. 214).Une soubrette comme on n'en voit guère que dans les comédies de Marivaux (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 96):
7. « Dites-moi, Messieurs, qu'est-ce qui se passe dans les comédies? On y joue un valet fourbe, un bourgeois avare, un marquis extravagant, et tout ce qu'il y a au monde de plus digne de risée. (...) » Mauriac, La Vie de Jean Racine,1928, p. 68.
SYNT. Comédie amusante, divertissante, enjouée, gaie, bien conduite; donner, jouer une comédie; composer, représenter des comédies; acteur, auteur, personnage, scène, sujet, valet de comédie; art, déroulement, nœud de la comédie; comédie en 3, 4, 5 actes, en vers, en prose :
8. ... j'aime ces galants de comédie, toujours fleuris de langage, experts à pousser les beaux sentiments, qui se pâment aux pieds d'une inhumaine, attestent le ciel, maudissent la fortune, tirent leur épée pour s'en percer la poitrine, jettent feux et flammes comme volcans d'amour, et disent de ces choses à ravir en extase les plus froides vertus; ... T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 107.
B.− P. méton., au sing. (avec l'art. déf.). Genre théâtral comprenant les différents types de pièces comiques ou relevant d'un type particulier. Dans la comédie, Molière nous semble avoir été tout ce qu'on peut être en aucun pays et en aucun siècle (Sainte-Beuve, Tabl. hist. et crit. de la poésie fr. et du théâtre fr. au XVIes.,1828, p. 261).Le niais de la farce, le Géronte de la comédie, le Cassandre de la pantalonnade (Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 23):
9. La comédie est une satire. La tragédie doit être inspirée par l'amour et la terreur, la comédie par la haine et la critique. La tragédie provoque les pleurs et l'attendrissement, la comédie le rire amer et ironique, et, en général, le public a pour applaudir la comédie deux moyens, le rire et les battements de mains, il n'en a qu'un pour la tragédie, les mains, car il cache et réprime ses pleurs. Vigny, Le Journal d'un poète,1832, p. 956.
SYNT. (corresp. à A et à B). a) Précédés d'un adj. Grande, haute comédie (termes s'appliquant gén. à la comédie classique). La marque de la grande comédie, c'est que l'on n'y rit que de soi (Alain, Système des beaux-arts, 1920, p. 160). b) Suivis d'un adj. Comédie bourgeoise, burlesque, classique, épisodique (ou à tiroirs), héroïque, larmoyante, légère (cf. vaudeville), pastorale, réaliste, régulière, romanesque, romantique, sérieuse. La comédie sérieuse, ou tragédie bourgeoise (Flaubert, Bouvard et Pécuchet, t. 2, 1880, p. 6). Corneille (...) préfigure beaucoup mieux les comédies légères du dix-huitième siècle (Brasillach, Pierre Corneille, 1938, p. 239).
Spéc. (syntagmes figés)
1. Comédie + adj.
a) Comédie italienne. Genre comique dont les personnages traditionnels se livrent à toutes sortes d'improvisations à partir d'un thème préétabli. L'arlequin, valet et personnage principal des comédies italiennes (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 431).
Rem. La forme ital. Commedia dell'arte est parfois traduite en fr. par comédie dell'arte. On jouait au palais une comédie dell'arte, c'est-à-dire où chaque personnage invente le dialogue à mesure qu'il le dit (Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839, p. 403).
b) Comédie musicale (ou américaine). Comédie où se mêlent chants et danses. Il y a aussi le « vaudeville », puis les « Follies » (...). Plus haut encore viennent la comédie musicale et la comédie proprement dite (Morand, New York,1930, p. 170).
2. Comédie + compl.
a) Comédie de caractère. Pièce, genre, où l'auteur met en lumière en les exagérant certains travers de ses personnages et, à partir d'eux, de la société. Il y a dans la comédie des modèles donnés, les pères avares, les fils libertins, les valets fripons, les tuteurs dupés (Mmede Staël, De l'Allemagne,t. 3, 1810, p. 219).
b) Comédie d'intrigue. Pièce, genre, dont le comique est lié aux complications de l'intrigue. La comédie d'intrigue est une sorte de ballet de l'amour, qui exige le luxe et la musique et la danse (Brasillach, Pierre Corneille,1938, p. 106).
c) Comédie de mœurs. Dont le rire est provoqué par la peinture satirique des mœurs d'une époque. « La famille Benoîton » (de Sardou), comédie de mœurs, où se démènent une foule de poupées mécaniques, chargées de faire la satire du luxe contemporain (Amiel, Journal intime,1866, p. 43).
3. [Mots composés]
a) Comédie-ballet. Forme de comédie mise au point par Molière et comprenant une partie dansée et chantée. Pourceaugnac, comédie-ballet, représentée pour la première fois le 6 octobre 1669, à Chambord (L. Grillet, Les Ancêtres du violon,t. 2, 1901, p. 52).
b) Comédie(-)bouffe. Qui fait rire par des procédés d'un comique grossier. Elle n'est pas mal ta pièce; mais elle serait encore bien plus marrante si tu en avais fait une comédie bouffe (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 365).
c) Comédie-farce. Comédie utilisant les procédés de la farce, c'est-à-dire fondée essentiellement sur un comique assez grossier de mots, de gestes et de situations. Le sieur Bouilhet est toujours à Mantes où il compose une comédie-farce en prose (Flaubert, Correspondance,1858, p. 243).
d) Comédie-parade. Comédie empruntant le genre de la parade, farce grossière jouée au début d'une représentation, pour inciter le public à entrer dans la salle et y voir la fin du spectacle. « Cassandre oculiste », comédie-parade, avec vaudevilles (Pesquidoux, Le Livre de raison,1925, p. 121).
e) Comédie-vaudeville (au xixes. notamment sous l'influence de Scribe). Genre de comédie où s'intercalent des couplets. Nous ferons une comédie-vaudeville sur toi, avec trois couplets à chaque acte (P. de Kock, Ni jamais, ni toujours,1835, p. 280).
Prononc. et Orth. : [kɔmedi]. Fait partie des mots en com- ne doublant pas l'm devant voyelle, qui sont une minorité. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1370-72 « toute pièce de théâtre à quelque genre qu'elle appartienne » (Oresme, Ethique, IV, 25 ds DG); b) 1661 « la représentation de la pièce » (Molière, Facheux, I, 1); fig. 1666 donner la comédie « se donner en spectacle » (Molière, Misanthrope, I, 1); c) 1668 « lieu où se joue la pièce de théâtre » portier de comédie « celui qui se fait payer pour ouvrir la porte » (Racine, Plaideurs, I, 1); 2. a) 1552 « pièce de théâtre ayant pour but de divertir » (p. oppos. à tragédie) (Jodelle, Eugène, prol.); b) 1663 « ensemble d'actions qui provoquent le rire » (Molière, Critique de l'Ecole des Femmes, 6). Empr. au lat. comoedia (gr. κ ω μ ω δ ι ́ α) « pièce de théâtre, comédie (genre et pièce) ». Fréq. abs. littér. : 3 092. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 4 898, b) 5 112; xxes. : a) 3 371, b) 4 245. Bbg. Cuénot (C.). Z. rom. Philol. 1938, t. 58, pp. 610-614. − Gottsch. Redens. 1930, pp. 345-346. − Koch (P.). On Marivaux's expression se donner la comédie. Rom. R. 1965, t. 56, pp. 22-29. − Sain. Lang. par. 1920, p. 395. − Voltz (P.). La Comédie. Paris, 1964. − Winkler (E.). Zur Geschichte des Begriffs Comédie in Frankreich. Heidelberg, 1937.