| COLORATION, subst. fém. A.− Action de colorer : 1. La coloration artificielle se pratique encore pour corriger l'apparence des vins sans couleur et de mauvaise qualité.
Macaigne, Précis d'hyg.,1911, p. 260. − Spécialement 1. BIOL. Imprégnation à l'aide d'un colorant en vue d'un examen microscopique : 2. Je compte pour rien la surveillance de mon service. Le personnel est dressé : cela marche tout seul. Je ne compte pas non plus les piqûres aux cochons d'Inde ou l'examen de quelques préparations, la coloration de quelques microbes, enfin des blagues. Je n'ai rien fait depuis trois jours. J'attends.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Cécile parmi nous, 1938, p. 79. ♦ Coloration directe (anton. coloration indirecte). Coloration ne nécessitant pas l'usage d'un mordant (cf. R. Husson, F. Graf, Manuel de biol. gén., 1965, p. 13). 2. Coiffure. Faire une coloration. Synon. teinture.(Attesté ds Rob. Suppl. 1970). − Au fig. : 3. ... la mode des prix et des expositions pourvues de récompenses; le rôle de la publicité donnent à l'art un aspect de compétition. Et, (...) il ne s'agit pas là d'une simple « coloration extérieure de la vie artistique par les mœurs de l'époque ».
Jeux et sp.,1968, p. 737. ♦ Spéc., PHONÉT. ,,Phénomène d'assimilation progressive (anticipation) ou régressive par lequel une voyelle communique sa couleur* aux consonnes contiguës`` (Ling. 1972). B.− P. méton. 1. Fait d'être coloré, qualité de ce qui est coloré. [Dans la sculpture] Le défaut de coloration des yeux, des cheveux, etc., n'est pas un obstacle au genre d'expression que comporte cet art (E. Delacroix, Journal,1863, p. 19).Si nous laissons reposer la bouteille, la liqueur perdra beaucoup en coloration et en saveur (A. France, M. Bergeret à Paris,1901, p. 349).Le nègre ne doit sa coloration qu'à la quantité plus considérable des dépôts pigmentaires (P. Richer, Nouv. anat. artistique,t. 2, 1920, p. 100): 4. Le soleil (...) attaquait victorieusement le brouillard (...). Les vapeurs, tout à l'heure si profondes, s'amincissaient, devenaient transparentes en prenant les colorations vives de l'arc-en-ciel.
Zola, Une Page d'amour,1878, p. 849. − Au fig. : 5. L'admirable Toccata de Bach est exécutée par l'Orchestre de Philadelphie, encore qu'écrite pour orgue (...). Il ne me paraît pas que la musique de Bach ait à gagner beaucoup dans ces colorations que lui donne l'orchestration, si bien appliquée qu'elle puisse être...
Gide, Journal,1942, p. 121. 6. Mais la marche du Jour, si elle est insensible dans l'exercice de l'esprit, toutefois secrètement lui impose une variation de ses forces, − c'est-à-dire une coloration, un relief, une énergie, une évaluation diurnes de ses idées.
Valéry, Mauvaises pensées et autres,1942, p. 51. 2. En partic. (avec valeur intensive). Teinte, couleur. a) [En parlant de la peau, du visage] :
7. ... ses joues, naturellement pâles, avaient cette légère coloration fiévreuse que donne l'âme inquiète à son enveloppe au moment d'une douleur ou d'une émotion.
Lamartine, Nouvelles Confidences,1851, p. 29. 8. La petite princesse habitait une chambre spacieuse (...). Elle y passait les heures nocturnes sur un lit de soie bleuâtre où la peau de ses jeunes membres, déjà finement teintée, prenait une coloration encore plus sombre.
Louÿs, Aphrodite,1896, p. 167. 9. Cette déclaration [de Jean de la Fontange] la toucha jusqu'au fond de l'âme... Elle [Sabine] fut parcourue d'un frisson et sentit la coloration de son visage changer, sans savoir s'il rougissait ou devenait pâle.
Lacretelle, Les Hauts ponts,t. 1, 1932, p. 68. b) [En parlant d'un tableau] Certaines toiles les surprenaient sans doute [les visiteurs de l'exposition des Impressionnistes, en 1876] par la coloration ou la facture, mais ils ne s'indignaient plus (G. Rivière, Cézanne,1936, p. 120). − P. méton., usuel : 10. [les toiles de Delaunay sont de] tumultueuses compositions où la souplesse alerte de Florence se concilie avec les colorations fastueuses de Venise.
L. Hourticq, Hist. gén. de l'Art,La France, 1914, p. 419. 11. ... la coloration du Titien (...) n'a de véritable agrément que parce qu'elle donne l'idée d'une souveraineté somptueuse et dominatrice.
A. Rodin, L'Art,1911, p. 181. c) Au fig. : 12. ... ressouvenirs sur la batellerie de l'époque, sortant de la bouche édentée d'un vieux du pays (...), ressouvenirs donnant toute la coloration de l'époque en quelques mots.
E. et J. de Goncourt, Journal,1888, p. 829. 13. ... leur jargon souvent teinté de colorations argotiques, ...
Vie Lang.,1952-54, p. 35. 14. Faire le décor, l'atmosphère, l'ambiance (...) avec les inflexions, les colorations vocales, c'est l'enfance de l'art.
A. Arnoux, Zulma l'infidèle,1960, p. 141. Prononc. et Orth. : [kɔlɔ
ʀasjɔ
̃]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1370 (La Gde Chirurgie de Guy de Chauliac d'apr. G. Sigurs ds Fr. mod., t. 33, 1965, p. 204). Dér. de colorer*; suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér. : 226. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 54, b) 452; xxes. : a) 607 b) 306. |