| COLLISION, subst. fém. A.− Choc de deux corps dont l'un, au moins, est en mouvement. Une collision d'astres morts, une collision d'automobiles; éviter une collision. Collisions de trains et de navires (Bloy, Journal,1903, p. 178): 1. Figurez-vous qu'il roulait le long des maisons des fragments de rochers dont la collision embrâsait le rivage par de fréquents éclairs.
Dusaulx, Voyage à Barège,t. 1, 1796, p. 111. ♦ P. métaph. Il est impossible que, par la collision des sexes, il ne s'échappe pas quelque étincelle génésique (Brillat-Savarin, Physiol. du goût,1825, p. 186): 2. Pour lui, l'amour pur, l'amour comme on le rêve au jeune âge, était la collision de deux natures angéliques.
Balzac, Louis Lambert,1832, p. 71. ♦ Entrer en collision. Une camionnette est entrée en collision avec un camion, route de Saint-Germain, à Marly-le-Roi (Le Figaro,19-20 janv. 1951, p. 2, col. 8).P. métaph. Et ces deux images, entrant en collision, se prêtent réciproquement une force exagérée (Baudelaire, Paradis artificiels,Un Mangeur d'opium, 1860, p. 446) − Au fig., spéc. ♦ LING. ,,Rencontre de phonèmes génératrice de divers accidents`` (Mar. Lex. 1951). Collision homonymique. ,,Celle qui fait que deux mots d'origine différente aboutissent à une forme commune`` (Mar. Lex. 1951). ♦ MUS. Les dissonances diatoniques (...) sont engendrées par la collision de deux sons contigus de l'échelle diatonique (Gevaert, Traité d'harmonie,1885, p. 117). ♦ NUCL. ,,Processus dans lequel deux systèmes proches l'un de l'autre entrent en interaction sans qu'il y ait modification physique des particules constituant ce système`` (Nucl. 1964) : 3. Pour réaliser dans le système du centre de masse des énergies beaucoup plus grandes que celles obtenues jusqu'ici, plusieurs laboratoires ont mis en chantier des anneaux de collision entre électrons. Il existe également un projet d'anneaux de collision de protons (Cern).
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 2, 1964, p. 369. B.− P. ext., vieilli 1. [En parlant de pers.] Rencontre violente d'hommes ou de groupes hostiles : 4. ... on est d'accord qu'il faut amener le plus tôt possible une collision dans la rue et brusquer l'événement au milieu de la victoire.
Tocqueville, Correspondance[avec Gobineau], 1850, p. 138. 5. Parce qu'il redoutait que nos troupes, soudain regagnant leurs logis, ne les trouvassent pris par ses propres soldats, ce qui pouvait causer une collision.
Barbier, Satires,César Borgia, 1865, p. 229. 2. [En parlant de choses abstr.] Heurt, conflit. Collision d'écoles. Madame Évangélista n'a que sa fille, monsieur le comte est également seul, vos héritiers sont éloignés, aucune collision d'intérêts n'est à craindre (Balzac, Le Contrat de mariage,1835, p. 258).Rem. Rob. Suppl. 1970 enregistre le verbe transcollisionner Heurter par collision. Prononc. et Orth. : [kɔ(l)lizjɔ
̃]. [l] simple ds Lar. Lang. fr., Pt Lar. 1968. [ll] double ds Warn. 1968, Passy 1914 et les dict. hist. de Fér. Crit. t. 1 1787 à DG. [l] ou [ll] ds Dub. et Pt Rob. Admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Fin xives. Bibl. Nat. lat. 13032, éd. M. Roques, Recueil général, II, 73). Empr. au lat. class. collisio « choc, heurt ». Fréq. abs. littér. : 61. |